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TYPOGRAPHIE FIRMIN-DIDOT. MESNIL (EURE

DES ÉTUDES

PAR ROLLIN

NOUVELLE ÉDITION, REVUE

PAR M. LETRONNE

Membre de l'Institut (Académie des Inscriptions et Belles-Lettres

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DES ÉTUDES,

ου

DE LA MANIÈRE

D'ENSEIGNER ET D'ÉTUDIER

LES BELLES-LETTRES.

SUITE DU LIVRE SIXIÈME.

DE L'HISTOIRE.

TROISIÈME PARTIE.

DE L'HISTOIRE PROFANE.

CHAPITRE PREMIER.

RÉCIT DES FAITS.

Je commencerai par le récit des principaux faits arrivés dans l'espace de temps dont il s'agit, pour en donner quelque idée légère à ceux des lecteurs à qui cette histoire sera moins connue. Commencements de la seconde guerre punique, et heureux succès d'Annibal®.

Le commencement de la seconde guerre punique 2, à ne considérer que la date des temps, fut la prise de Sagonte par Annibal, et l'irruption qu'il fit sur les terres des peuples situés au delà de l'Ebre, et alliés du peuple romain; mais la véritable

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cause de cette guerre fut le dépit des Carthaginois de s'être vu enlever la Sicile et la Sardaigne par des traités auxquels la seule nécessité des temps et le mauvais état de leurs affaires les avaient fait consentir. La mort prématurée d'Amilcar l'empêcha d'exécuter le dessein qu'il avait formé depuis longtemps de se venger de ces injures. Son fils Annibal, à qui, lorsqu'il n'avait encore que neuf ans, il avait fait jurer sur les autels qu'il se déclarerait ennemi du peuple romain dès qu'il serait en âge de le faire, entra dans toutes ses vues, et fut l'héritier de sa haine contre les Romains aussi bien que de son courage. Il prépara tout de loin pour ce grand dessein; et quand il se crut en état de l'exécuter, il le fit éclore par le siége de Sagonte. Soit paresse et lenteur, soit prudence et sagesse, les Romains consumèrent le temps en différentes ambassades, et laissèrent à Annibal celui de pren dre la ville.

Pour lui, il sut bien mettre le temps à profit. Après avoir donné ordre à tout, et laissé son frère Asdrubal en Espagne pour défendre le pays, il partit pour l'Italie avec une armée de quatre-vingt-di mille hommes de pied, et dix ou douze mille de cavalerie. Les plus grands obstacles ne furent point capables de l'effrayer ni de l'arrêter. Les Pyrénées, le Rhône, une longue marche au travers des Gaules, le passage des Alpes rempli de tant de difficultés, tout céda à son ardeur et à sa constance infatigable. Vainqueur des Alpes, et en quelque sorte de la nature même, il entra donc en Italie, qu'il avait résolu de rendre le théâtre de la guerre. Ses troupes étaient extrêmement dimiquées pour le nombre, 'ne montant plus qu'à vingt mille hommes de pied et six mille chevaux; mais elles étaient pleines de courage et de confiance.

Une rapidité si inconcevable étonna et déconcerta les Romains. Ils avaient compté de faire la guerre au dehors, et qu'un de leurs consuls tiendrait tête à Annibal en Espagne, pendant que l'autre irait droit en Afrique pour attaquer Carthage. Il fallut changer de mesures, et songer à défendre leur propre pays. Publius Scipion, consul, qui croyait Annibal encore dans les Pyrénées

Liv. ibid. n. 21-38.

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