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25 . EGG

ENCYCLOPEDIE

METHODIQUE,

OU

PAR ORDRE DE MATIÈRES; PAR UNE SOCIÉTÉ DE GENS DE LETTRES, DE SAVANS ET D'ARTISTES;

Précédée d'un Vocabulaire univerfel, fervant de Table pour tout l'Ouvrage, ornée des Portraits de MM. DIDEROT & D'ALEMBERT, premiers Éditeurs de l'Encyclopédie.

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Chez PANCKOUCKE, Libraire, hôtel de Thou, rue des Poitevins.

M. D C C. X CI,

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PAR

PARESSE, f. f. nonchalance qui empêche | la liberté, état où l'ame eft en quelque manière

l'homme de travailler, de vaquer à fes affaires, &

de remplir fes devoirs.

rendue paffive; de-là le nom de paffions.

L'inclination ou certaine difpofition de l'ame

Un poëte anglois a peint cette reine du monde naît de l'opinion où nous fommes qu'un grand bien comme une indolente divinité :

A careless deity

No probleme puzzle his lethargick brain :
But dull oblivion guards his peaceful bed,
And lazy fogs bedew his gracious head.
Thus at full length, the pamper'd monarch lay,
Fatt'ning in cafe, and flumb'ring life away.

De tous nos défauts, celui dont nous tombons le plus ailément d'accord, c'eft la pareffe; parce que nous nous perfuadons qu'elle tient à toutes les vertus paifibles; & que, fans détruire les autres, elle en fufpend feulement les fonctions. De-là vient qu'elle regne fouverainement dans ce qu'on appelle le beau monde ; & fi quelquefois on trouble fon empire, c'eft plutôt pour chaffer l'ennui, que par goût pour l'occupation.

L'efprit contracte auffi facilement l'habitude de la pareffe que le corps. Un homme qui ne va jamais qu'en voiture, eft bientôt hors d'état de fe fervir de fes jambes. Comme il faut lui donner la main pour qu'il marche, de même il faut aider l'autre à penfer, & même l'y forcer fans cela, l'homme craignant l'application, foupire vainement après la fcience qui eft pour lui une plante fucculente, mais dont il n'a pas le courage d'exprimer le fuc. L'efprit ne devient actif que par l'exercice; s'il s'y porte avec ardeur, il trouve chez lui des forces & des reffources, qu'il ne connoiffoit pas auparavant.

Au furplus la pareffe de l'efprit & du corps, eft un vice que les hommes furmontent bien quelquefois, mais qu'ils n'étouffent jamais. Peut-être ettce un bonheur pour la fociété que ce vice ne puiffe pas être déraciné. Bien des gens croyent que lui feul a empêché plus de mauvaifes actions, que toutes les vertus réunies ensemble. (Anc. Encyclop).

PASSIONS, f. f. pl. Les penchans, les inclinations, les défirs & les averfions, pouffés à un certain degré de vivacité, joints à une fenfation confufe de plaifir ou de douleur,occafionnés ou accompagnés de quelque mouvement irrégulier du fang & des efprits animaux, c'est ce que nous nommons paffions. Elles vont jufqu'à ôter tout ufage de

ou un grand mal eft renfermé dans un objet qui par cela même excite la paffion. Quand donc cette inclination eft mife en jeu ( & elle y eft mife par tout ce qui eft pour nous plaifir ou peine), auffi-tôt l'ame, comme frappée immédiatement par le bien ou par le mal, ne modérant point l'opinion où elle eft que c'eft pour elle une chofe très-importante, la croit par-là même digne de toute fon attention; elle fe tourne entièrement de fon côté, elle s'y fixe, elle y attache tous fes fens, & dirige toutes fes facultés à la confidérer; oubliant dans cette contemplation, dans ce defir ou dans cette crainte prefque tous les autres objets alors elle eft dans le cas d'un homme accablé d'une maladie aiguë; il n'a pas la liberté de penfer à autre chofe qu'à ce qui a du rapport à fon mal. C'eft encore ainfi que les paffions font les maladies de l'ame.

Logique, Métaphyfique Encyclopédie, & Morale.

Toutes nos fenfations, nos imaginations, même les idées intellectuelles, font accompagnées de plaifir ou de peine, de fentimens agréables ou douloureux, & ces fentimens font indépendans de notre volonté; car fi ces deux fources de bien & de mal pouvoient s'ouvrir & fe fermer à fon gré, elle détourneroit la douleur, & n'admettroit que le plaifir. Tout ce qui produit en nous ce fentiment agréable, tout ce qui eft propre à nous donner du plaifir, à l'entretenir, à l'accroître, à écarter ou à adoucir la peine ou la douleur, nous le nommons bien. Tout ce qui excite un fentiment oppofé, tout ce qui produit un effet contraire, nous l'appellons mal.

Le plaifir & la peine font donc les pivots fur lefquels roulent toutes nos affections, connues fous le nom d'inclinations & de paffions, qui ne font que les différens degrés des modifications de notre ame. Ces fentimens font donc liés intimement aux

paffions; ils en font les principes, & ils naiffent eux-mêmes de diverfes fources que l'on peut réduire à ces quatre.

1°.Les plaifirs & les peines des fens. Cette douceur ou cette amertume jointe à la fenfation, fans qu'on en connoiffe la caufe, fans qu'on fache comment les objets excitent ce fentiment, qui s'éleve avant que l'on ait prévu le bien ou le mal que la préfence & l'ufage de cet objet peuvent procurer; ce que l'on en peut dire, c'eft que la bonté divine a attaché un fentiment agréable à l'exercice moTome IV.

A

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