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lants, que les Trois règnes et l'Imagination : ici, l'époque impériale n'est pas seulement au niveau, elle est au-dessus de tout ce qui l'a précédée.

Il en est de même dans le genre de l'élégie: avant notre siècle, on en cite une seule du premier ordre ; c'est celle que l'amitié et la reconnaissance inspirèrent à La Fontaine lors de la disgrâce de Fouquet: et il est juste de dire que celle-là n'a pas été surpassée. Mais Chénier, dans sa Promenade, a tellement modifié l'idée qu'on se faisait de cette espèce de poésie, en y introduisant les passions et les regrets de la politique contemporaine, qu'on y peut voir une véritable création, où notre époque n'a pas eu de rivales; et si nous joignons à cela les nombreuses et touchantes élégies de madame Dufrénoy et de Millevoie, il faudra bien convenir que, dans ce genre encore, la poésie d'aucune époque ne peut se comparer à celle de l'Empire.

Celui-ci n'a pas la même supériorité dans la satire, bien qu'elle y occupe un rang distingué. Boileau a mis dans ces pièces une telle perfection, que personne, sans doute, ne lui enlèvera la première place. Dans le siècle dernier, cependant, Gilbert, en laissant de côté les mauvais poètes et les mauvais vers pour peindre et stigmatiser les mauvaises mœurs, s'est frayé une route nouvelle, où il a, malgré de nombreuses incorrections, conquis une gloire incontestable; et Chénier, dans le nôtre, en faisant à son tour entrer la politique dans la satire, en a changé la nature au point d'être certainement le premier dans la carrière qu'il

s'est ouverte.

Dans l'apologue, personne ne peut prétendre à marcher l'égal de La Fontaine : cependant Lamotte et Florian occupent, après lui, de fort belles places; et nous avons vu qu'Arnault, sous l'Empire, avait tenté avec bonheur une voie nouvelle, où d'autres l'ont suivi depuis sans le dépasser ni l'atteindre.

La tragédie est la partie faible de la poésie impériale; j'en ai déduit les raisons assez au long pour n'avoir pas à y revenir. Je ne puis pourtant me dispenser de rappeler ici, comme ayant mérité nos éloges à divers titres, YOmasis de M. Baour-Lormian, le Tibère de Chénier, l'Agamemnon de Lemercier: ces trois ouvrages, qui me semblent dominer tous les autres, l'un par la richesse et l'harmonie du style, l'autre par la profondeur des caractères, le troisième par la conduite et l'intérêt de l'action, prouvent, du moins, que nous n'avons pas été entièrement dénués sous ce rapport.

La comédic est au contraire une des parties brillantes de l'époque que nous examinons: Andrieux, Duval, Picard, Etienne, et plusieurs autres, bien qu'aucun d'eux n'ait atteint ni Molière, ni Regnard, nous permettent de montrer assez de richesses dans le genre de la grande comédie pour que nous ne craigniors la comparaison avec aucun autre âge de notre littérature; et, quant à la comédie de petit genre, celle des théâtres des boulevards, on a vu que la fécondité de nos auteurs, le nombre, la variété, la marche plus serrée et plus intéressante, la franche gaîté de leurs pièces les mettaient au-dessus de tous leurs prédécesseurs.

Il faut en dire autant des théâtres lyriques, particulièrement de l'opéra, où nous avons obtenu des ouvrages essentiellement supérieurs à ceux même de Quinaut, soit par la marche générale du drame, soit par les intérêts mis en présence, soit par la vérité et la variété des caractères, soit enfin par l'exclusion de ces perpétuelles et fades amours dont on se plaignait déjà du temps de Louis XIV.

Ainsi, en résumé, sur les quinze ou dix-huit genres de poésies que reconnaissent les littérateurs, il y en a quatre, l'épopée, la tragédie, le poème didactique, les contes en vers, où la poésie impériale est au-dessous de ce que nous avions

eu de mieux avant elle; il y en a trois, la satire, la fable, la grande comédie, où elle s'est, dans des routes diverses, tenue à peu près au mème rang que celle des temps passés ; il y en a deux, le poème cyclique et la traduction en vers des épopées étrangères, où elle est absolument seule et domine toute notre littérature; il y en a cinq, la chanson, le poème descriptif, l'élégie, la comédie de petit genre (y compris l'opéracomique et le vaudeville), enfin la tragédie lyrique, où elle l'emporte indubitablement sur les temps antérieurs : est-ce donc là un si mauvais partage? et croit-on qu'aux yeux d'une postérité impartiale, l'époque qui, après les tourmentes d'une révolution, au milieu de guerres continuelles, et sous un gouvernement aussi soupçonneux que rigide, a su tenir ce rang dans les arts de l'esprit, puisse être regardée comme stérile ou méprisable?

FIN DU TOME SECOND ET DERNIER.

DES MATIÈRES CONTENUES DANS CE VOLUME.

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Lecture XLII, p. 162 à 175; Hoffman, p. 163; Boisard, p. 163;
Grenus, p. 164; Agniel, p. 165; Mme Jolliveau, p. 166; Boufflers,
p. 166; Guichard, p. 167; Dutramblay, p. 172.

Lecture XLIII, p. 175 à 191; Le Bailly, p. 175; Jauffret, p. 178;
Cinguené, p. 180; Arnault, p. 182.

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Lecture XLIV, p. 191 à 202; divisions de l'espèce, p. 192; M. Pons, p. 193, 195; Arnault, p. 194, 196; M. Fayolle, p. 195; Parny, P 195; Guichard, p. 196; Chénier, p. 197; Ferlus, p. 198; Vigée, p. 198; Lebrun, p. 198, 200; Domergue, p. 199; Luce de Lancival, p. 199; Legouvé, p. 199; F. Pillet, p. 199; Masson de Morvilliers, p. 201; Andrieux, p. 203.

LIVRE IV. POÉSIE DRAMATIQUE, p. 203 à 459.

SECTION 1. Tragédies, p. 203 à 298.

Lecture XLV, p. 203 à 213; divisions générales, p. 203; Poinsinet
de Sivry, p. 203; Laharpe, p. 203; Blin de Sainmore, p. 203;
Ducis, p. 204; Abufar, p. 206; OEdipe chez Admète, p. 210;
Hamlet, Macbeth, etc., p. 211.

Lecture XLVI, p. 204 à 225; Chénier, p. 214; Cyrus, p. 215,
Charles IX, etc., p. 217; Tibère, p. 219.

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Lecture XLVII, p. 225 à 236; Arnault, p. 225; Marius à Minturnes ;
p. 226; Oscar, p. 228; Blanche et Montcassin, p. 229; Aignan',
Brunchaut, p. 230;. Lehoc, Pyrrhus, p. 233; Luce de Lancival,
Hector, p. 235.

Lecture XLVII, p. 236 à 250; Raynouard, p. 236; les Templiers,
p. 240; les Etats de Blois, p. 242.

Lecture XLIX, p. 251 à 267; Legouvé, la Mort d'Abel,. p. 251;
Epicharis et Néron, p. 253; Etéocle, p. 256; la Mort d'Henri IV,
p. 257; M. Baour-Lormian, Omasis, p. 259; Mahomet İl, p. 262.
Lecture L, p. 268 à 283; Delrieu, Artaxerce, p. 268; Démétrius,
p. 271; M. Briffaut, Ninus II, p. 272; M. Jouy, p. 275; Tippo-
Suëb, p. 277; Sylla, p. 281.

Lecture LI, p. 283 à 298; Lemercier, p. 283; Agamemnon, p. 284;
Clovis, p. 288; la Démence de Charles VI, p. 291; Louis IX, p. 294;
Baudouin empereur, p. 294; Charlemagne, p. 395; Frédégonde et
Brunehaut, p. 298.

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Lecture LII, p. 299 à 313; classement des pièces, p. 299; Beaumarchais, p. 301; Fenouillot de Falbaire, p. 302; Arnaud de Baculard, p. 302; Laharpe, Mélanie, p. 303; Chénier, Calas, p. 305; Nathan le sage, p. 307; Mercier, p. 308; Natalie, p. 310; ses autres drames, p. 311.

Lecture Lill, p. 314 à 330; Bouilly, p. 314; l'Abbé de l'Epée, p. 316; Mine de Vallivon, Misanthropie et repentir, p. 318; Duval, p. 323; ses pièces, p. 324; Edouard en Ecosse, p. 325; Guillaume le conquérant, p. 328; le Menuisier de Livonie, p. 328; la Jeunesse d'Henri V, p. 328.

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