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PARIS-IMPRIMERIE DE LA LIBRAIRIE NOUVELLE,

A BOURDILLIAT, 15, RUE BREDA.

LES

CARACTERES DE THEOPHRASTE

TRADUITS DU GREC

AVEC

LES CARACTERES

OU

LES MOEURS DE CE SIECLE

PAR LA BRUYERE

NOUVELLE ÉDITION

COLLATIONNÉE SUR LES ÉDITIONS DONNÉES PAR L'AUTEUR

Avec toutes les variantes, une lettre inédite de La Bruyère, une notice nouvelle
et des notes littéraires et historiques

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HARVARD COLLEGE

FEB 8 1922

LICHANY

Constantives of cand (2 vols)

AVERTISSEMENT

SUR CETTE NOUVELLE ÉDITION

LA

un

A réimpression de nos auteurs classiques ne devrait pas être un objet de spéculation, une affaire de librairie, mais hommage national, digne des illustrations auxquelles il est rendu. Qu'arrive-t-il d'ordinaire? Les libraires qui honorent le plus leur profession s'adressent à des hommes notables dans les sciences ou dans les lettres pour publier, sous leurs auspices, les éditions qu'ils projettent. Ceux-ci, avares de leur temps, peut-être de leur gloire, qu'ils ne veulent pas sacrifier à celle d'autrui, se bornent à faire un avertissement, une notice, et confient le reste à des subalternes, incapables du soin religieux qu'exige la révision du texte. Voilà ce qui produit les altérations dont on se plaint journellement. Sans doute il est nécessaire qu'une autorité compétente intervienne en de telles entreprises; mais cette autorité doit être un corps constitué, qui représente les lettres elles-mêmes. J'ai nommé l'Académie française. C'est à elle qu'il appartient de conserver nos monuments littéraires les plus précieux; c'est à elle que revient le droit et l'obligation de nous rendre dans toute leur pureté primitive les chefs-d'œuvre de

T. 1.

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notre langue, et, sinon d'exécuter, au moins de diriger, de surveiller leur reproduction. Elle s'honore déjà en récompensant les éloges qui font apprécier les grands écrivains rien ne peut mieux les faire apprécier que de bonnes éditions. Qu'elle propose des concours, qu'elle nomme des commissions, qu'elle encourage les hommes qui se vouent à ces travaux pénibles et si souvent ingrats : elle aura rempli sa mission naturelle, bien mérité des lettres et de la patrie.

Sans attendre une telle assistance, nous avons tâché de fairc pour La Bruyère ce que nous voudrions qui fût fait pour tous les classiques. Nous lui offrons le tribut de nos soins, de nos études, en retour du plaisir qu'il nous a si souvent procuré.

Chaque fois que nous avons relu les Caractères, nous avons été frappé de beautés nouvelles. Il y en a tant dans ce livre, et de tous les genres, que, malgré l'attention la plus soutenue, il en échappe toujours quelques-unes. Elles sont d'ailleurs souvent voilées et comme dissimulées par un artifice de style, qui leur fait produire plus d'effet lorsqu'on les découvre. Il faut donc un examen très-approfondi pour bien connaître La Bruyère et pour le goûter. « Personne presque, dit-il lui même, par la disposition de son esprit, de son cœur et de sa fortune, n'est en état de se livrer au plaisir que donne la perfection d'un ouvrage. » Il nous a semblé qu'on faciliterait ce plaisir à l'égard du sien, en appelant l'attention sur certains endroits, en signalant un tour, un trait, une expression remarquable, en choisissant quelques caractères pour en faire l'analyse, laissant encore un fonds inépuisable d'observations à la sagacité du lecteur. Nous ne prétendons pas donner des décisions, imposer des jugements, mais engager chacun, par notre exemple, à faire un commentaire soi-même. Quant aux notes historiques, nous avons reproduit les interprétations de l'époque qui nous ont paru les plus curieuses et les plus intéressantes, sans en garantir l'exactitude et sans nous assujettir aux clefs systématiques. On ne peut disconvenir que La Bruyère, en peignant l'homme, quelquefois a peint l'individu; mais affirmer que toujours et pour chacun de ses caractères il ait eu en vue un personnage du temps,

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