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KIÓN

July 3, 1925EM

kundig,
2-10-25
11236

CET

AVIS.

,

ET T Ouvrage n'eft, à proprement parler, qu'une feconde édition du Dictionnaire de Mythologie, qui parut en 1745. Le Libraire, pour donner au public des témoignages de fa reconnoiffance pour le bon accueil qu'il voulut bien faire à ce Livre, a cru devoir le lui présenter de nouveau, fous le format qui, depuis plufieurs années, paroît être d'un goût général. Il a cru auffi devoir y faire faire quelques changemens, auxquels l'Auteur n'a pris aucune part. Actuellement livré à des occupations peu analogues avec la Mythologie, il a fouffert que l'on retouchât fon Ouvrage, fans même lui communiquer le nouveau travail. Refte à rendre compte des changemens qu'on s'eft permis, & des motifs fur lefquels on s'eft fondé pour les hafarder.

La Feinte eft un pays plein de terres défertes;
Tous les jours nos Auteurs y font des découvertes :
Mais ce champ ne fe peut tellement moiffonner,
Que les derniers venus n'y trouvent à glaner (a).

Chacun des poëtes anciens, & plufieurs écrivains, même en profe, ont regardé la Mythologie comme un bien qui leur appartenoit, & dont

(a) La Fontaine.

ils pouvoient difpofer à leur gré. Ils l'ont foumife à tous les écarts de leur imagination; fans confulter aucune régle d'analogie, de vraisemblance, ni de pudeur. Rien ne les a arrêtés, quand un conte, une description ont ri à leur imagination, & leur ont paru propres à orner leurs ouvrages, & à exciter dans le cœur du lecteur quelque paffion. De-là ces variétés, ces contradictions qui fe rencontrent à chaque pas dans les faits mythologiques; de-là ces généalogies monftrueufes qu'ils ont données à leurs Dieux, ces crimes dont ils les ont chargés; en un mot, tous ces détails fcandaleux qui compofent le fyftême des anciens Païens.

Leurs livres font entre nos mains; l'intelligence de ces livres entre dans le plan d'éducation de nos enfans; ils font une partie de notre amufement; & font même les fources où nous puifons les principes du vrai goût. C'est pour en rendre la lecture facile, & même pour rendre palpable une partie des beautés qu'ils renferment, qu'un Dictionnaire Mythologique eft nécessaire : mais il ne peut atteindre au but auquel on le deftine, s'il n'eft auffi complet qu'il peut l'être.

Dans ce point de vûe, on a ajouté à celui-ci plufieurs articles qui, dans la variété infinie des faits mythologiques, étoient échappés à l'Auteur. On a retouché ceux dans lefquels on a cru appercevoir des traits non conformes à la doctrine des poëtes, ou qui ont paru avoir besoin d'être

un peu plus circonftanciés. Quand on fait tant que de recourir à un Dictionnaire, pour fe procurer l'intelligence d'un Auteur que l'on lit, on eft en droit de s'attendre d'y trouver ce que l'on cherche ; & fi l'on ne l'y trouve pas, c'eft un défaut; c'est une imperfection. En un mot, un Dictionnaire doit contenir, d'une manière précise à la vérité, tout ce qui concerne la matière qui en fait l'objet. Mais, doit-on être furpris de trouver des imperfections de ce genre, dans la première édition d'un livre qui traite d'une fcience qui n'a de bornes que celles de l'imagination des poëtes abandonnée à elle-même ?

Si l'on a cru devoir ajouter ; l'on a cru devoir auffi retrancher. On a fait difparoître plufieurs articles qui ont paru être abfolument du reffort de l'hiftoire, & nullement du reffort de la fable: ce n'est point dans un Dictionnaire de Mythologie que l'on s'avifera d'aller chercher l'article de l'Empereur Adrien.

On a encore retranché toutes les conjectures hiftoriques auxquelles nos mythologues modernes ont fait des efforts incroyables pour faire plier les rêveries poëtiques. Que les principaux traits de la mythologie foient dans le principe des faits réels, qui, par la fuite, ont été corrompus & déguifés par la licence des poëtes; je le veux croire: mais où recourir pour trouver la vérité ainfi obfcurcie, & tellement enveloppée, qu'elle ne s'apper

çoit plus? A des conjectures? Mais tout le monde en peut faire à fa fantaisie ; & quand celles que l'on préfente ne font pas du goût du lecteur, il prend de l'humeur contre le livre, & quelquefois ne lui rend pas la justice dûe au refte de l'Ouvrage. D'ailleurs, quand ces conjectures auroient tout l'avantage de la vraisemblance; ce ne feroit toujours que des conjectures, qui par conféquent n'apprendroient rien de certain. Il fuffit donc, dans un Ouvrage de l'efpèce de celui-ci, de ne parler que des faits mythologiques, tels que les poëtes nous les préfentent, fans s'embarraffer des allufions qu'on s'est efforcé de leur prêter, & qu'ils n'ont certainement jamais eu en vûe. D'ailleurs, ceux qui font curieux de ces fortes de recherches, ont de quoi fe contenter dans les Ouvrages de M. l'Abbé Banier.

Du refte, quant au fond du travail, & quant à l'objet de cet Ouvrage, la Préface que l'Auteur avoit mise à la tête de la première édition, en inftruira le lecteur.

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