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mois de

Mars 1730.

d'autant plus qu'il m'a paru ne pas improuver la poffeffion où je me fuis mis de profiter même du travail des autres, & d'adopter tout ce qui me convient. Cette liberté que je me fuis donnée, qui n'eft pas fort honorable pour l'amour propre, mais qui eft favorable à la parelle, contribue beaucoup à avancer & à orner mon Ouvrage, qui par là fe trouve rempli de beautés & de richelles que j'emprunte d'ailleurs. Mais je puis dire que mon ouvrage entier eft de ce genre: car tout mon travail confifte à extraire des Auteurs anciens ce qui s'y trouve de plus beau, foit pour les faits, foit pour les réflexions, Sans prefque jamais y rien ajouter du

mien.

On m'a fait, dans le † Journal des Savans de Paris, un reproche, qui me fait trop d'honneur pour n'y pas répon dre eft fur l'exclufion que je parois avoir donnée dans mon plan à l'hiftoire Romaine, qu'on fouhaiteroit que j'y euffe fait aui entrer. J'avoue que je n'ai eu aucune pensée de l'entreprendre. Ce n'est pas faute de goût ni d'eftime pour cette partie de l'hiftoire ancienne, la plus riche de toutes en grands

événe

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événemens, la plus variée, & la plus intéressante. Les fecours infinis & d'un prix inestimable qu'on trouve dans les anciens fur cette hiftoire, feroient feuls capables de tenter un Ecrivain, & de l'engager dans ce travail, quelque pénible qu'il foit. Mais il faudroit pour cela bien des années; je ne fai s'il y a eu de la fageffe à moi d'entreprendre, à l'âge où je fuis, un ouvrage dauffi longue baleine qu'est celui de Phiftoire Grecque, fans y apporter d'autre préparation que celle d'une étude générale des Auteurs anciens, ordinaire aux perfonnes de ma profession, faite fans aucun deffein particulier. Je Sens bien que, pour réuJir parfaitement dans cet ouvrage, il auroit été nécessaire d'emploier trois ou quatre ans à relire avec attention tous les Auteurs, & à faire des remarques par raport à mes vies à mon plan. Car quelquefois on trouve dans des endroits écartés, & qui n'ont aucun raport à la matiere qu'on traite, des faits très curieux, & des réflexions importantes. Je n'ai point eu cet avantage, & n'ai pas cru devoir sarder fi longtems à me mettre à mon ouvrage. Ce que je puis dire, c'et que

par

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par respect par réconnoiffance pour le Public, qui n'en paroit pas mécontent, je me bâte, autant qu'il m'eft poJible, de l'avancer, y donnant tout mon tems tous mes foins, écar & tant févérement tout ce qui peut m'é loigner d'un travail, que je regarde comme faifant maintenant une partie effentielle de mon devoir de ma vocation dans Pheureux loifir que la Providence m'a procuré depuis plufieurs années, dont j'aurois pu profiter bien avantageufement, fi la pensée de travailler à Phiftoire ancienne m'étoit venue plûtôt.

HISTOIRE

DES

ASSYRIENS.

S. I.

DIVISION ET PLAN GENERAL. de ce fecond Volume.

E SECOND Volume de l'Hiftoire ancienne que je donne au public, peut fe divifer en trois parties,

qui formeront autant de livres... Dans la premiere, je traiterai du double empire des Affyriens de Ninive & de Babylone, du roiaume des Mèdes, & de celui des Lydiens.

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La feconde renfermera l'histoire

Tom. II.

A

des

des commencemens du roiaume des Mèdes & des Perfes conjointément depuis la prise de Babylone, fous Cyrus, Cambyfe, & Smerdis le Mage, & fera, à proprement parler, l'histoire de Cyrus, qui en occupera la plus grande partie.

Dans la troifieme, j'effaierai de tracer un plan général des différens Etats de la Grece, dont l'histoire, depuis le regne de Darius, fe trouvera jointe & confondue avec celle des Perfes, & dont il eft par conféquent néceffaire de donner quelque légere idée aux Lecteurs avant que de paffer plus loin.

S. II.

Réflexion fur la varieté des Gouvernemens.

LA MULTIPLICITE' de gouvernemens parmi les peuples dont j'ai à parler, offre d'abord aux yeux & à l'efprit un spectacle bien digne d'attention, & montre l'étonnante varieté que le fouverain Maître du monde a mife dans les empires qui le partagent, par la différence d'inclinations & de moeurs qui fe rencontre dans chacune des nations. On reconnoit en cela le caractere de la Divinité, qui, toûjours

fem

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