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644*219

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AVERTISSEMENT

DU

NOUVEL ÉDITEUR.

Le plus célèbre des adversaires que la gloire de Despréaux a rencontrés dans le dix-huitième siècle, dit encore de ce grand poëte : << Critique judicieux <«<et solide, il fut le vengeur et le conservateur « du goût; il fit la guerre aux mauvais écrivains et « déshonora leurs exemples; il fit sentir aux jeunes << gens les bienséances de tous les styles; donna << de chacun des genres une idée nette et précise; << .connut ces vérités premières qui sont des règles « éternelles, et les grava dans les esprits avec des << traits ineffaçables..... (1). » Un éloge si magnifique et cependant si légitime, arraché à la raison d'un censeur, à d'autres égards rigoureux jusqu'à l'injustice, n'est-il pas la plus incontestable preuve de l'immense supériorité de Boileau, et le plus éclatant hommage que pût obtenir son génie?

« Je vous prêcherai éternellement, écrivait Vol<«<taire au jeune Helvétius qui se croyait poëte et 'Marmontel, Essai sur le goût.

BOILEAU. T. I.

a

<< n'avait pas assez d'estime pour le satirique, cet art << d'écrire que Despréaux a si bien connu et si bien

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enseigné, ce respect pour la langue, cette suite d'idées, cet air aisé avec lequel il conduit son <«< lecteur, ce naturel qui est le fruit de l'art, et << cette apparence de facilité que l'on ne doit qu'au << travail. >> Voltaire ne croyait point au succès des poëtes dépourvus d'admiration pour un écrivain qui, en dictant les lois du goût aux auteurs de son temps, est devenu le législateur de toutes les littératures et de tous les siècles; dont les ouvrages ont été traduits dans toutes les langues, comme pour répondre aux critiques qui n'ont voulu voir en lui qu'un habile traducteur des Grecs et des Latins, et qui n'est pas moins admiré des étrangers que de ses compatriotes.

Cette nouvelle édition de Boileau Despréaux contient, sans exception, toutes ses OEuvres. Nous n'avons pas omis le moindre opuscule. Ses préfaces, ses notes, sa correspondance, ne sont nulle part plus complètes. Nous avons suivi, pour la pureté du texte, d'abord la grande édition exécutée par M. Pierre Didot, et ensuite la nouvelle et très bonne édition de M. Daunou, publiée en 1825 par M. Dupont. La comparaison de ces deux types, qui offrent quelques différences, et le choix des leçons les plus conformes à l'édition que Boileau a revue et préparée lui-même, nous ont per

mis de présenter un texte dont la correction sera, nous l'espérons, à l'abri de tout reproche.

Les notes insérées dans l'édition de 1701, donnée par Boileau, sont incontestablement son ouvrage; on lui attribue en outre celles de l'édition de 1713, publiée par Renaudot et Valincour, quoique plusieurs de ces dernières paraissent plutôt appartenir aux nouveaux éditeurs. Nous avons dû conserver les unes et les autres, parce qu'elles sont désormais inséparables des OEuvres de Despréaux; et pour les distinguer d'un petit nombre d'annotations nouvelles qui ont pour but d'éclaircir quelques parties du texte, nous les avons accompagnées de ce signe (B.), initiale de l'auteur auquel il est d'usage de les rapporter. Quant à nos propres remarques, elles ont été puisées dans les divers commentateurs; et pour rendre à chacun ce qui lui est dû, quelque peu considérables qu'aient été nos emprunts, nous devons dire que nous avons consulté particulièrement le grand et judicieux travail de M. Daunou.

Ce savant écrivain a des droits plus importants à notre reconnoissance; il a bien voulu nous permettre de réimprimer l'excellente Vie de Boileau, qui précède son commentaire. Ce morceau remarquable,' qui offre sans contredit ce que nous possédons de plus complet sur l'auteur des Sa

a.

iv

AVERTISSEM. DU NOUVEL ÉDITEUR. tires, nous dispense d'entrer dans aucun détail biographique et littéraire à l'égard de Despréaux. Il nous a suffi de rendre compte des efforts que nous avons faits pour rendre cette réimpression supérieure au plus grand nombre de celles qui l'ont précédée; d'indiquer le but des annotations nouvelles; et, pour ce qui regarde la correction typographique, de dire qu'elle a été l'objet de ces soins soutenus, au défaut desquels les plus belles éditions tombent bientôt dans le mépris.

LEON THIESSÉ.

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