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Dans les quatre premiers exemples, le pluriel serait une fauie. Une parole, un sourire gracieux, un seul regard suffisent, changerait la pensée de Daguesseau. Tel est le penchant de l'homme social à la servitude, qu'une seule de ces trois choses suffit aux princes et aux grands, quels qu'ils soient, justes ou injustes, pour se concilier les cœurs. Ne sait-on pas que le grand Racine mourut de douleur, parce qu'un jour, à l'œil-de-bœuf, il fut privé de ce regard du maitre? J'avoue que ce sens-là me manque, et que jamais je ne mourrai de cette mort.

Dans les derniers exemples, l'idée ne repousserait point le pluriel. Car c'est tout à-la-fois une église et un prélat qui m'engagent en leur querelle; c'est tout à-la-fois le fer, le bandeau, la flamme qui sont prêts, etc.; mais c'est sur le dernier substantif que l'auteur veut attirer l'attention. Or, combien plus de rapidité le singulier donne à l'expression!

Le

passage suivant de Montesquieu est-il correct, ou y a-t-il une faute, soit de l'auteur, soit de l'imprimeur?

Le sanctuaire de l'honneur, de la réputation et de la vertu, semble être etabli dans les républiques et dans les pays où l'on peut prononcer le nom de patrie. A Rome, à Athènes, à Lacélemone, l'honneur payait seul les ser

vices les plus signalés. Une COURONNE DE CHÊNE OU DE LAURIER, UNE STATUE, UN ÉLOGE étaient une récompense immense pour une bataille gagnée ou une ville prise. a

Chacune de ces choses était une récompense immense, emble donc que le singulier serait préférable.

TROISIÈME CIRCONSTANCE,

il nous

Ju accord du verbe avec le sujet le plus prochain, quoiqu'il n'y ait ni récapitulation ni gradation.

Rival du conquérant de l'Inde,

Tu bois, tu plais et tu combats:

pampre, le laurier, le myrte suit tes pas.

J'ai pour aïeul le père et le maître des dieux;
Le ciel, tout l'univers est plein de mes aïeux, d

b

A Paris règne la liberté et l'égalité...

Sa beauté, son enjouement, sa noble la jalousie des rangs y est méconnue. erté s'enfuyait loin de lui. c

e

MONTESQ. 8ge. Let. pers.
VOLT. Poésies málées.

C FENEL. Télém. 7.

MONTESQ. 880. Lettre pers.

d Rae. Phèdre, 4, 6.

a

Dans toutes conditions, le pauvre | A suivre ce grand chef l'un et l'autre s'apprêté, est bien près de l'homme de bien, et Populent n'est guère éloigné de la friponnerie. Le savoir-faire et l'habileté ne mène pas jusqu'aux énormes ri

chesses. a

La joie et le plaisir de tous les conviés
Attend, pour éclater, que vous vous embrassiez.

b

Mais, à cette dernière fois, la valeur et le grand nom de Cyrus fit que les Perses ses sujets eurent la gloire de cette conquête. c

L'un et l'autre excès choque, et tout homme bien
Doit faire des habits ainsi que du langage. •

sage

Mais pourquoi, dira-t-on, cet exemple odieux? Que peut servir ici l'Egypte et ses faux dieux? ƒ

Le bonheur et le malheur des hommes ne dépend pas moins de leur humeur que de la fortune. g

Dans ces phrases et autres semblables, le verbe ne s'accorde qu'avec le premier ou le dernier substantif; il est sous-entendu pour tous les

autres.

Le pampre, le laurier, le myrte suit tes pas.

C'est-à-dire..

le

pampre suit tes pas.

le laurier suit tes pas.

le myrte suit tes pas.

La présence de et lui-même n'empêche pas de faire l'ellipse A Paris règne la liberté et l'égalité. Voyez l'accord de l'adjectif e pareille circonstance, car c'est la même analogie, et nous ne pour rions guère que nous répéter.

QUATRIÈME CIRCONSTANCE,

!

Ou lorsque l'accord ne se fait avec aucun des sujets exprimés, m avec un sujet pluriel sous-entendu.

La mouche et la fourmi contestaient de leur prix.

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Je soutiens qu'il n'y a qu'un g métre et un sot qui puissent par sans figures. I

Ni l'or ni la grandeur ne nous rendent heures

Patience et succès marchent toujours ensembl

LAROCHER. Max. h La F. 4, 3.

i Id. a, 11.

A PASCAL. 1se. Lettre 1J J. R. Now, Hel. m LA F.

# VILLEJA.

L'or et l'argent s'épuisent, mais la ¦ Le marchand, l'ouvrier, le prêtre, le soldat, vertu, la constance... et la pauvreté ne Sont tous également des membres de l'état, o

s'épuisent jamais. a

Seigneur, quand par le fer les choses sont vidées,

La justice et le droit sont de vaines idées. ¿

C'est cette quatrième circonstance ou analogie qui a fait établir la fameuse règle des rudiments, encore plus curieuse par sa rédaction, que dangereuse par sa trop grande généralité.

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Quand un verbe à deux nominatifs singuliers, on met ce verbe au pluriel, "parce que deux singuliers valent un pluriel.

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Quand un verbe a deux nominatifs! prenons un exemple facile:

La mouche et la fourmi contestaient de leur prix.

Contestaient aurait, pour un de ses nominatifs, LA MOUCHE, et pour l'autre LA FOURMI, comme si l'on disait: la mouche contestaient, la fourmi contestaient.

On dira: contestaient est affirmé de la mouche et de la fourmi. Nous répondrons: comment peut-il l'être de tous les deux, puisqu'il ne l'est ni de l'un ni de l'autre ?

Deux singuliers valent un pluriel. Il ne s'agit point ici de savoir ce qu'ils valent, mais ce qu'ils sont, puisqu'il s'agit ici d'une identité à reconnaître.

Il est donc de toute impossibilité d'expliquer par la règle des rudiments, le verbe au pluriel employé à la suite de deux nominatifs singuliers l'ellipse seule peut en rendre compte.

Construisons le vers de La Fontaine :

La mouche et la fourmi contestaient de leur prix;

c'est-à-dire,

deux animaux contestaient de leur prix. la mouche contestait.....

la fourmi contestait.....

D'OU CE PRINCIPE:

a Lorsque l'idée exprimée par le verbe est affirmée de plusieurs ⚫ substantifs singuliers, et que le verbe est au pluriel, ce verbe ne rapporte ni à l'un, ni à l'autre, mais à un nominatif ou sujet pluriel sous-entendu. »

# se

a Montesq. Grand, et décad.

de Rom. 4.

décad. |

b Cons. Pompie. 1, 1.

@ VOLT.

Mais quand faudra-t-il mettre le verbe au pluriel? Lorsqu'il n'y aura ni récapitulation ni gradation, ou que vous ne voudrez pas faire porter l'attention sur le substantif le plus prochain. Au reste, ce sujet a été approfondi lorsqu'il a été traité du nombre de l'adjectif.

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Il y a peu d'exemples où l'infinitif soit ainsi le sujet du verbež car presque toujours après l'infinitif, on ajoute le substantif c devant le verbe personnel.

Laisser le crime en paix, c'est s'en rendre com- mauvais office que celui que l'on rendi à ce fou d'Athènes, qui croyait qu tous les vaisseaux qui arrivaient dani le port étaient à lui. ƒ

plice. e Détromper un homme préoccupé de son mérite, c'est lui rendre un aussi

On trouve quelquefois les deux tournures dans une même phrase:

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Ou lorsque le sujet est tout ensemble un substantif absol et sous-relatif, ce qui arrive dans trois circonstances:

1o. Lorsque la phrase est interrogative;

2o. Lorsque le substantif absolu est construit avec un adjectif acti ayant, étant;

3o. Lorsque le mot il est pris dans un sens absolu.

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PREMIÈRE CIRCONSTANCE.

« Les animaux ont-ils des Universités ?»

909

Quel est, dans le verbe, le sujet de ont? est-ce le substantif absolu animaux, ou son relatif ils, ou sont-ce tous les deux ?

Il est de fait que, pour donner à la phrase le tour interrogatif, nous transportons le substantif relatif après le verbe.

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Le transport du relatif après le verbe étant le signe constant que nous avons adopté pour marquer l'interrogation, on a conservé ce lors même qu'il n'était plus nécessaire; et au lieu de dire. en transportant de la même manière le substantif absolu,

signe,

Ont les animaux des Universités?

On a dit: Les animaux ont-ils, etc., où ils fait les fonctions de nominatif interrogatif, et animaux celles de nominatif positif ou énonciatif. C'est comme si l'on disait:

Les animaux ont... ils ont, je vous le demande, des universités. Il est si vrai que ce second nominatif ou sujet n'a pas une autre

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