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Au Pérou, le sacrifice consistait dans le Cancu ou pain consacré, et dans l'Aca, ou liqueur sacrée, dont les prêtres et les Incas buvaient une portion après la cérémonie. (Ibid., l. 9.)

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<< Les Mexicains formaient une image de leur idole en pâte de maïs

qu'ils faisaient cuire comme un pain. Après l'avoir portée en proces<< sion et rapportée dans le temple, le prêtre la rompait et la distri<«<< buait aux assistants. Chacun mangeait son morceau, et se croyait

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etc.,

‹ sanctifié après avoir mange son Dieu. » (Raynal, Hist. phil. et pol., liv. VI. ) Carli a tort de citer ce trait sans le moindre signe de désapprobation. (Ibid., l. 9.) On peut observer ici en passant que les mécréants du dernier siècle, Voltaire, Hume, Frédéric II, Raynal, etc., se sont extrêmement amusés à nous faire dire: Que nous man geons notre Dieu après l'avoir fait ; qu'une oublie devient Dieu; etc. Ils ont trouvé un moyen infaillible de nous rendre ridicules, c'est de nous prêter leurs propres pensées ; mais cette proposition, le pain est Dieu, tombe d'elle-même par sa propre absurdité. ( Bossuet, Hist. de variat., II, 3.) Ainsi tous les bouffons possibles sont bien les maîtres de battre l'air tant qu'ils voudront.

XIV.

(Page 78. Hippocrate n'a-t-il pas composé un traité exprès sur les songes, etc., etc.)

Hippocrate dit dans ce traité : Que tout homme qui juge bien des signes donnés par les songes en sentira l'extrême importance; et il décide ensuite d'une manière plus générale que la mémoire de l'interlocuteur ne lui rappelait : Que l'intelligence des songes est une grande partie de la sagesse. Οστις οὖν ἐπίσταται κρίνειν ταυτα ορτώς μέγα μέρον επίσταται σοφίης. ( Hipp. de Somn. pp. Edit Van der Linden. Tom. I, cap. 2, in fin. p. 635. Je ne connais aucun autre texte d'Hippocrate qui se rapporte plus directement au sujet. (Note de l'éditeur.)

XV.

(Page 78. Enfin, Marc-Aurèle a regardé ces communications nocturnes comme un fait incontestable; mais, etc.)

On lit en effet ceci dans les tablettes de ce grand personnage: Les

dieux ont la bonte de donner aux hommes, par les songes et par les oracles, les secours dont ils ont besoin. Une grande marque du soin desdieux pour moi, c'est que, dans mes songes, ils m'ont enseigné des rs mèdes pour mes maux, particulièrement pour mes vertiges et mon crachement de sang, comme il m'arriva à Gaële et à Chryse. (Pensées de Marc-Aurèle, liv. I, in fin. ; liv. IX, §27.)

HUITIÈME ENTRETIEN.

LE CHEVALIER.

TROUVEZ bon, messieurs, qu'avant de

pour

suivre nos entretiens je vous présente le procès-verbal des séances précédentes.

LE SÉNATEUR.

Qu'est-ce donc que vous voulez dire, monsieur le chevalier?

LE CHEVALIER.

Le plaisir que je prends à nos conversations m'a fait naître l'idée de les écrire. Tout ce que nous disons ici se grave profondément dans ma mémoire. Vous savez que cette faculté est très forte chez moi : c'est un mérite assez léger pour qu'il me soit permis de m'en parer; d'ailleurs je ne donne point aux idées le temps de s'échapper. Cha

que soir avant de me coucher, et dans le moment où elles me sont encore très présentes, j'arrête sur le papier les traits princiainsi dire la trame de la con

paux, et pour versation; le lendemain je me mets au travail de bonne heure et j'achève le tissu, m'appliquant surtout à suivre le fil du discours et la filiation des idées. Vous savez d'ailleurs que je ne manque pas de temps, car il s'en faut que nous puissions nous réunir exactement tous les jours; je regarde même comme une chose impossible que trois personnes indépendantes puissent, pendant deux ou trois semaines seulement, faire chaque jour la même chose, à la même heure. Elles auront beau s'accorder, se promettre, se donner parole expressément, et toute affaire cessante, toujours il y aura de temps à autre. quelque empêchement insurmontable, et souvent ce ne sera qu'une bagatelle. Les hommes ne peuvent être réunis pour un but quelconque sans une loi ou une régle qui les prive de leur volonté : il faut être religieux ou soldat. J'ai donc eu plus de temps qu'il ne fallait, et je crois que peu d'idées essentielles me sont échappées. Vous ne me refuserez pas d'ailleurs le plaisir d'entendre la lecture de mon ouvrage : et vous com

prendrez, à la largeur des marges, que j'ai compté sur de nombreuses corrections. Je me suis promis une véritable jouissance dans ce travail commun; mais je vous avoue qu'en m'imposant cette tâche pénible, j'ai pensé aux autres plus qu'à moi. Je connais beaucoup d'hommes dans le monde, beaucoup de jeunes gens surtout, extrêmement dégoûtés des doctrines modernes. D'autres flottent et ne demandent qu'à se fixer. Je voudrais leur communiquer ces mêmes idées qui ont occupé nos soirées, persuadé que je serais utile à quelques-uns et agréable au moins à beaucoup d'autres. Tout homme est une espèce de Foi pour un autre, et rien ne l'enchante, lorsqu'il est pénétré d'une croyance et à mesure qu'il en est pénétré, comme de la trouver chez l'homme qu'il estime. S'il vous semblait même que ma plume, aidée par une mémoire heureuse et par une révision sévère, eût rendu fidèlement nos conversations, en vérité je pourrais fort bien faire la folie de les porter chez l'imprimeur.

LE COMTE.

Je puis me tromper, mais je ne crois pas qu'un tel ouvrage réussit.

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