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XI. 7.

Ofée IV.

15.x. 5.

Si aucune de ces opinions n'eft fondée fur des argumens démonftratifs, elles ont du moins pour elles des probabilitez. Mais ceux qui avancent qu'être faifi, c'étoit demeurer immobi le devant l'Arche, ne peuvent s'autoṛiser d'aucun exemple.

Nous mettons dans le même rang le fentiment d'un Rabin, qui dit que le vifage de 13 ceux qui étoient innocens devenoit rayonnant de lumiére, lorfqu'ils paffoient devant l'Arche, au lieu que celui du criminel perdoit entiérement fa couleur naturelle.

Quoiqu'il en foit fur cette circonftance, ce fut un homme de la Tribu de Juda qui fut faifi. 1 Chron. 11 eft ici appellé Achan Ailleurs on le nomme Achar, peut être à cause du trouble qu'il avoit Voi. excité dans tout Ifraël, car Achar vient d'un mot qui veut dire troubler, & l'on voit * des Bethel, exemples de pareils changemens de nom. qui figni- L'Hiftoire fainte en faifant mention de la fie Mai- Généalogie de ce malheureux, dit qu'il étoit Dien, eft fils de Charmi, que Charmi étoit fils de Zabdi appellée que celui-ci étoit fils de Zara, dont Juda étoit Bethaven, le père. Ne voilà que cinq Chefs de Famille, Maison & peut-être que cinq Générations, pour remd'iniqui.sé. plir l'efpace de deux cens foixante-cinq ans. Cela femble fortifier l'opinion contre laquelle

on a fait de fi folides objections, je veux dire l'opinion de ceux qui croyent que dans ces fiécles-là, on ne contractoit des mariages qu'à l'â ge de cinquante, ou de cinquante-cinq ans. Jofué exhorta Achan à ne pas aggraver fon

cri

12 KIMCHI fur Josué VII. 13. &c. fol. 37. 13 AARON BEN CHAJI Min Lef Aharon, dans BuxTORF. ubi fuperiùs, pag. 303. 304.

14 PIRKE ELIEZEK Cap. 38. Voi, auffi les notes

crime en niant de l'avoir commis. La manié-, re, dont il lui parla, marquoit qu'il étoit anime de zéle pour les loix divines, plûtôt que de haine perfonnelle contre celui qui feroit trouvé coupable de les avoir violées: Mon Fils, lui Jofué dit-il, je te prie, donne gloire à l'Eternel le Dieu VII. 19! difraël: confesse lui ton péché, & ne le cache point. Les Juifs ont raifon de regarder la repentance d'un crime comme le moyen le plus efficace d'en obtenir le pardon Mais peut-être outrentils la matiére, quand ils établiffent cette 14 maxime générale, qu'un homme qui eft puni par la juftice humaine, après s'être reconnu coupable, n'a plus rien à craindre de la justice divine.

VII. 24

Achan fut touché de cette exhortation: il confeffa que parmi le butin, qu'ils avoit fait dans le fac de Jérico, il y avoit un manteau de Jofué Sinbar, deux cens fiecles d'argent, & une piece, ou comme on peut traduire, un lingot d'or du poids de cent ficles: il avoua que ces objets avoient embrafé fa cupidité, qu'il s'en étoit faifi, & qu'il les avoit enfouis dans fa Tente, où l'on pourroit les trouver encore: fur quoi 1s St. Ambroife releve, avec plus d'énergie que de précifion, l'empire que l'avarice prend fur les cœurs: Fofué, dit-il, pût arrêter le cours du Soleil, mais tout fon pouvoir ne pût fuffire à arrêter le cours de l'avarice. Pendant que l'Aftre du jour devient immobile à la voix de ce Général, Pavarice fait des progrès. Fofué remporte la victoire quand le Soleil retarde fa marche; il eft fur le point de la perde VORSTIUS fur cet endroit pag. 224. Dans le Tal mud de Jeruf. tit. Sanhedrin cap. 4. il eft dit qu'Hacan ne fera pas puni dans le fiécle à venir.

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15 AMBROS, tom.V.de Officiis lib.II. cap.26. pag.495.

perdre quand Pavare pourfuit la fienne.

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Il fuffit d'avoir marqué qu'Achan attira fur lui l'exécration du ferment, qui avoit été prononcé contre ceux qui retiendroient de l'inter→ dit, & il eft peu important de lavoir quelles é❤ toient précisément les chofes qu'il s'étoit inju ftement appropriées. Nous fommes d'autant moins portez à agiter cette queftion, que nous manquons de fecours pour y fatisfaire.

Nous avons fait ailleurs l'eftimation des fi cles. Il paroit par ce que nous en avons dit après les Savans, que l'argent, qui avoit été volé par Achan, valoit environ quatre cens écus d'Allemagne, à favoir les deux cens ficles cent écus, & trois cens la piece d'or.

Mais on demande ce que c'étoit que cette piece d'or, & ce que c'étoit que ce manteau de Sinhar. Sur la premiére queftion on convient affez unanimement, que l'or, dont il s'agit ici, étoit en lingot. Quelques 7 Juifs ont pourtant dit que c'étoit une Idole: " d'autres que c'étoit l'épée de quelque Divinité du Paganisme, & nommément du Dieu Mars. Cette derniére penfée eft de 19 Villalpand. Il feroit aifé de multiplier les conjectures, fi notre Lecteur en

vou

16 Dans notre I. vol. Difcours XXI. pag. 332. &c. 17 PIRKE ELIEZER cap. 38. pag. 99. 18 VILLALPAN D. Appar. tom. III. part. 2. lib. 2. Difput. 4. cap. 23 pag. 384. col. 2.

19 Ibid.

20 BOCHART Phaleg. lib. I. cap. 6. pag. 25.

21 Ibid. pag. 29.

22 PLIN. tom. I. lib. VIII. cap. 4 Colores diverfos pictura intexere Babylon maxime celebravit, & nomen impofuit. Je me lers de la nouvelle édition du Père H▲ RDOUIN, pag. 476.

23 TERTULLIAN. de habitu homin. cap. 1. pag 250. 24 MARTIAL. Epigram. lib. VIII. epigr. 28. verf. 17.

vouloit un plus grand nombre d'auffi peu fondées.

A l'égard du manteau de Sinhar, c'est-à-dire, de Babylone, on peut voir dans le 20 Phaleg de Bochait une partie des penfées des Interprétes. Parmi celles que ce favant homme réfute, il n'y en a aucune qui ait été plus géné ralement reçûe que celle qui établit, que cette épithète de Sinhar, ou de Babylone, marque non l'étoffe, mais la couleur de ce manteau, & Pon prétend que cette couleur étoit de pourpre. Il eft certain que les étoffes couleur de pourpre ont été anciennément fort eftimées. Mais 2 Bochart foûtient que les Babyloniens n'ont été experts dans l'art de teindre de cette maniére, que plufieurs fiécles après celui de Joué. Il prétend même que cet art étoit venu de Tyr à Babylone: ce qu'il prouve par un paffage de 22 Pline. Il veut que le terme de Babylonien défigne ici le mêlange de diverfes couleurs, duquel les Babyloniens ont été les premiers inventeurs, comme il le fait voir par des paflages de 23 Tertullien, de 24 Martial, de 25 Lucrece, 26 d'Elien, de 27 Plaute, & de plufieurs autres. Il s'autorife de l'opinion 28 de

Non ego pratulerim Babylonica picta fuperbè
Texta, Semiramiâ qua variantur. acu.
Voi. auffi lib. XIV. epigram. 150.
Hac tibi Memphitis tellus dat munera,
Peftine Niliaco jam Babylonis acu.

25 LUCRET. lib. IV. verf, 122.

victa eft

Jo

Cùm Babylonica magnifico fplendore rigantur. 26 ALIAN. variæ lib. VIII. cap. 7. pag. 149: 27 LAUTUS in Sticho Act. 2. Scen. 2. verf. 54 Tum Babylonica periftromata confutaque tapetia Advexit nimium bona rei.

28 JosEPH. Antiquit, lib. V. cap. 1. feet. 10. pag 182.

Jofephe, qui dit qu'Achan avoit pris une Robe royale toute tiffue d'or.

Jofué non content du témoignage d'Achan, voulut en voir la vérité de fes propres yeux : & la faire connoitre à tout le peuple. Il fit fouiller dans la Tente de ce malheureux, où l'on trouva toutes les chofes qu'il avoit retenues. Jofué les expofa en la préfence de tous les Ifraë lites, afin que convaincus de la vérité de ce crime, & frapez de fon horreur, ils reconnusfent la juftice du fupplice qui feroit infligé au criminel.

Dieu avoit déjà décidé la maniére, dont il devoit être puni. En ordonnant à Jofué de faire des perquifitions pour découvrir qui étoit celui qui avoit troublé Ifraël, il lui avoit commandé qu'après l'avoir découvert, on le brulât avec tout ce qui lui appartenoit. Nous donnons à cette fentence le fens le plus favorable dont elle eft fufceptible. Nous entendons par ces chofes appartenantes à Achan, & qui doivent être brulées, les biens de cet homme, & non fa Famille. Quand même nous ferions contraints d'avouer, (& je reconnois que les paroles de l'original peuvent réveiller cette idée) que cette Famille dût fubir le même châtiment que fon Chef, nous ne trouverions dans cet ordre aucune difficulté infoluble: car outre que Dieu eft toûjours le maitre de notre vie, & qu'il a droit de nous l'enlever, & par les voies que bon lui femble, outre que cette Famille étoit elle-même chargée de pechez, nous pouvons fuppofer qu'elle avoit trempé dans le crime de fon Chef. En ce cas la juftice demandoit qu'elle

29 Voi. VORSTIUS fur la pag. 100. du chap. 38,

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