Et qui de mille Auteurs retenus mot pour mot, Croit qu'un livre fait tout, & que fans Ariftote 10 La raison ne voit goute, & le bon fens radote. D'autre part un Galant, de qui tout le métier De fes froides douceurs fatiguer tout le monde, 15 Condamne la fcience, & blâmant tout écrit, Croit qu'en lui l'ignorance eft un titre d'efprit : Couvrant tous fes defauts d'une fainte apparence, Un Libertin d'ailleurs, qui fans ame & fans foì, 25 Tient que ces vieux propos, de démons & de flammes. REMARQUES. VERS 10. La raison ne voit goute, &c.] L'Auteur auroit pu mettre: La raison eft aveugle ; & ce changement ne lui déplaifoit pas. VERS 22. Damne tous les Humains de fa pleine puissance. ] MOLIERE a imité cette penfée, dans fon Feftin de Pierre, com pofé à la fin de 1664. Il y fait dire à Don Juan, Acte V. Scéne 2. Je fçaurai déchaîner contre mes ennemis, des zélés indifcrets qui, fans connoiffance de cause, crieront contre eux qui les acca bleront d'injures ,& les damneront hautement de leur autorité privée, En un mot, qui voudroit épuiser ces matieres, A de fois au public vendu son P ***. 35 Mais, fans errer en vain dans ces vagues propos, REMARQUES. IMIT. Vers 31. Il compteroit plúteft, combien dans un prin premières Editions, fous celui de Defnaud, Apoticaire. VERS 33. Et combien la Neveu.] Infâme débordée connue de tout le monde. DES P. temps.]Ces deux Vers font imités de JUVENAL, Satire X. vers 220. Promptiùs expediam, quot amaverit Hippia machos, Quot Themifon agros autumno occiderit uno. VERS 32. Guenaud & l'antimoine. ] Dans le tems que cette Satire fut compofée, la difpute des Médecins au fujet de l'antimoine, êtoit dans fa plus vive chaleur. Guenaud Médecin de la Reine, êtoit à la tête de ceux qui en approuvoient l'ufage ; & le célèbre Gui Patin êtoit un des plus grands ennemis de ce minéral. Voiez le 23. Journal des Savans 1666. Guenaud mourut le 16. de Mai 1667. Pendant fa vie on déguisa fon nom dans les Elle êtoit morte avant la campofition de cette Satire. Ibid. Devant fon mariage. ] Il falloit avant qui fe dit pour le tems. Devant, s'emploie pour le lieu. IMIT. Vers 41. Comme on voit qu'en un bois, &c.] HORACE, L. II. Sat. III. v. 48. Velut Sylvis, ubi passim Palantes error certo de tramite pellit. Ille finifrorsum, hic dextrorsum abit: unus utrique L'un à droit, l'autre à gauche, & courant vainement La mefme erreur les fait errer diversement: 45 Chacun fuit dans le monde une route incertaine, Et fe laiffant regler à son esprit tortu, 60 REMARQUES. IMIT. Vers 60. Un Avare idolâtre, & fou de fon argent, &c.] Nôtre Auteur exprime dans ce Vers & dans les cinq qui le fui vent, le caractère de l'Avare,qu'il quid difcrepat iflis, Nimirum infanus paucis videatur. GHANG. Vers 61. Renconorant la difette au fein de l'abon Au milieu de fes biens dance. ] Dans les premières Editions il y avoit : rencontrant l'indigence, Et met route fa gloire, & fon fouverain bien, REMARQUES. VERS 64. Agroffir un tréfor,&c.] Après ce Vers il y en avoit treize autres, que l'Auteur a retranchés Dites-moi , pauvre efprit, ame basse & vénale, Et Et tous ces vains tréfors que vous allez cacher L'Auteur dans ces Vers avoit dans fa première Satire du livre premier, Vers 68. Tantalus à labris fitiens fugientia captat Flumina. Quid rides? mutato nomine, de te Fabula narratur. Congeftis undique faccis Indormis inhians, & tanquam parcere facris Cogeris, aut pietis tanquam gaudere tabellis. Nefcis quid valeat nummus, quem præbeat usum ? M. Defpréaux fe rendit à la jufteffe de la critique, que Defma. rêts avoit faite de ces treize vers dans fa Défenfe du Poëme Héroïque; & il les fupprima, comme peu dignes de leur Original. Les deux Vers & demi d'Horace, qui renferment l'application de la Fable de Tantale, ont êté rendus par Defmarêts, ou par Pradon, en deux Vers, dont le premier eft très-plat, & le fecond admirable. Tantale dans un fleuve a foif & ne peut boire. de rente tant en Bénéfices Et dont l'ame inquiette, à foi-mesme importune, L'un & l'autre à mon fens ont le cerveau troublé, REMARQUES. Bénéfices, qui êtoit encore trèsconfidérable. Il avoit une table fomptueufe, où il recevoit toutes fortes de gens, & on y fai foit une diffipation outrée. C'eft ce que fignifie Qui jette, furieux Jon bien à tous venans. Il avoit l'efprit inquiet, chagrin, inégal ne pouvant quelquefois fe fouffrir lui-même : jufques-là qu'on l'a vu fouvent fouhaiter, en fe couchant d'être trouvé A trois fois en dix ans VERS 73. Répondra chez Fredoc.] FREDOC tenoit une Académie de jeu très-fréquentée en ce tems-là. Il logeoit dans la Place du Palais Roïal. Il en eft fait mention dans la Fille Capitaine de Montfleuri, Acte I. Ibid. Ce Marquis fage mort le lendemain dans fon lit. Et dont l'ame inquiette à foi-même importune. Il difoit auffi qu'il êtoit malheureux d'avoir tant de bien : & qu'il auroit vécu beaucoup plus content fi fa fortune avoit êté bornée à un revenu médiocre : Se fait un embarras de fa bonne fortune CHANG. Ibid. Non moins privé de fens, &c.] Dans les premières Editions, il y avoit: Qui prodigue du fien, devoré tout fon bien. prude. ] Il y avoit ce Greffier Sage & prude; & c'êtoit Jerôme Boilean Greffier au Parlement Frère aîné de nôtre Auteur. Il êtoit fort emporté dans le jeu, mais par tout ailleurs, c'êtoit un homme très-affable. Qu'on |