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11. Le bouquet de ma sœur. O. Lacroix 201 12. Sonnet. Mme. A. Tastu..

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13. Les tombeaux d'une famille. Mme. A. Tastu

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6. L'idée éternelle. Lamartine

7. Les deux semeurs. N. Martin

S. Raphaël. Aug. Barbier

9. Les deux routes. A. de Musset.... 187 10. Ma chambre. J. de Rességuier.... 188 11. Le petit enfant. Tournier 12. Le maître et l'écolier. G. Chouquet 190 14. Souvenirs d'enfance. H. Moreau 204

ODES, ÉLÉGIES, ET POÉSIES

DIVERSES.

15. L'oreiller d'une petite fille. Mme. Desbordes Valmore

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.......... 205

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17. La Dumas. Lacaussade

18. La tombe dit à la rose. V. Hugo... 209 19. La fleur et le papillon.

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NARRATIONS ANECDOTIQUES.

LE NID DE PIE.

LORSQUE j'étais au collége de Dol, on nous menait à la promenade tantôt au Mont-Dol, tantôt dans les prés qui environnaient un Séminaire d'Eudistes, d'Eudes, frère de l'historien Mézerai, fondateur de leur congrégation.

Un jour du mois de mai 1779, l'abbé Egault, préfet de semaine, nous avait conduits à ce séminaire; on nous laissait une grande liberté de jeux, mais il était expressément défendu de monter sur les arbres. Le régent, après nous avoir établis dans un chemin herbu, s'éloigna pour dire son bréviaire.

Des ormes bordaient le chemin; tout à la cîme du plus grand, brillait un nid de pie. Nous voilà en admiration, nous montrant mutuellement la mère assise sur ses œufs, et pressés du plus vif désir de saisir cette superbe proie. Mais qui oserait tenter l'aventure? L'ordre était si sévère, le régent si près, l'arbre si haut! Toutes les espérances se tournent vers moi je grimpais comme un chat. J'hésite, puis la gloire l'emporte; je me dépouille de mon habit, j'embrasse l'orme et je commence à monter. Le tronc était sans branches, excepté aux deux tiers de sa crue, où se formait une fourche, dont une des pointes portait le nid.

Mes camarades, assemblés sous l'arbre, applaudissaient à

mes efforts, me regardant, regardant l'endroit d'où pouvait venir le préfet, trepignant de joie dans l'espoir des œufs, mourant de peur dans l'attente du châtiment. J'aborde au nid; la pie s'envole, je ravis les œufs, je les mets dans ma chemise et redescends. Malheureusement, je me laisseglisser entre les tiges jumelles, et j'y reste à califourchon. L'arbre étant élagué, je ne pouvais appuyer mes pieds ni à droite ni à gauche pour me soulever et reprendre le limbe extérieur; je demeure suspendu en l'air à cinquante pieds.

Tout à coup, un cri: "Voici le préfet!" et je me vois incontinent abandonné de mes amis, comme c'est l'usage. Un seul, appelé le Gobbien, essaya de me porter secours, et fut tôt obligé de renoncer à sa généreuse entreprise. Il n'y avait qu'un moyen de sortir de ma fâcheuse position, c'était de me suspendre en dehors par les mains à l'une des deux dents de la fourche, et de tâcher de saisir avec mes pieds le tronc de l'arbre au-dessous de sa bifurcation. J'exécutai cette manœuvre au péril de ma vie. Au milieu de mes tribulations, je n'avais pas lâché mon trésor; j'aurais pourtant mieux fait de le jeter, comme depuis j'en ai jeté tant d'autres. En dévalant le tronc, je m'écorchai les mains, je m'éraillai les jambes et la poitrine, et j'écrasai les œufs ce fut ce qui me perdit. Le préfet ne m'avait point vu sur l'orme; je lui cachai assez bien mon sang, mais il n'y eut pas moyen de lui dérober l'éclatante couleur d'or dont j'étais barbouillé, "Allons, me dit-il, monsieur, vous aurez le fouet."

Si cet homme m'eût annoncé qu'il commuait cette peine en celle de mort, j'aurais éprouvé un mouvement de joie.

L'idée de la honte n'avait point approché de mon éducation sauvage: à tous les âges de ma vie, il n'y a point de supplice que je n'eusse préféré à l'horreur d'avoir à rougir devant une créature vivante. L'indignation s'éleva dans mon cœur ; je répondis à l'abbé Egault, avec l'accent non d'un enfant, mais d'un homme, que jamais ni lui ni personne ne lèverait la main sur moi. Cette réponse l'anima; il m'appela rebelle, et promit de faire un exemple. "Nous verrons," répliquai-je, et je me mis à jouer à la balle avec un sang-froid qui le confondit.

Nous retournâmes au collége. Le régent me fit entrer chez lui, et m'ordonna de me soumettre. Mes sentimens exaltés firent place à des torrens de larmes. Je représentai à l'abbé Egault qu'il m'avait appris le latin; que j'étais son écolier, son disciple, son enfant; qu'il ne voudrait pas déshonorer son élève, et me rendre la vue de mes compagnons insupportable; qu'il pouvait me mettre en prison, au pain et à l'eau, me priver de mes récréations, me charger de pensums; que je lui saurais gré de cette clémence, et l'en aimerais davantage. Je tombai à ses genoux, je joignis les mains, je le suppliai par Jésus-Christ de m'épargner: il demeura sourd à mes prières. Je me levai plein de rage, et lui lançai dans les jambes un coup de pied si rude, qu'il en poussa un cri. Il court en clochant à la porte de sa chambre, la ferme à double tour, et revient sur moi. Je me retranche derrière son lit; il m'allonge à travers le lit des coups de férule. Je m'entortille dans la couverture, et, m'animant au combat, je m'écrie :

Macte animo, generose puer!

Cette érudition de grimaud fit rire malgré lui mon ennemi. Il parla d'armistice; nous conclûmes un traité: je convins de m'en rapporter à l'arbitrage du principal. Sans me donner gain de cause, le principal me voulut bien soustraire à la punition que j'avais repoussée. Quand l'excellent prêtre prononça mon acquittement, je baisai la manche de sa robe avec une telle effusion de cœur et de reconnaissance, qu'il ne se put empêcher de me donner sa bénédiction. Ainsi se termina le premier combat que me fit rendre cet honneur, devenu l'idole de ma vie, et auquel j'ai tant de fois sacrifié repos, plaisir et fortune.

F. RENÉ DE CHATEAUBRIAND (1768-1848.)

II.

LE DÎNER DE L'ABBÉ COSSON.

M. DELILLE, en avril 1786, étant à dîner chez Marmontel, son confrère, raconta ce qu'on va lire, au sujet des usages qui s'observaient à table dans la bonne compagnie. On parlait de la multitude de petites choses qu'un honnête homme est obligé de savoir dans le monde pour ne pas courir le risque d'y être tourné en ridicule. "Elles sont innombrables, dit M. Delille, et ce qu'il y a de fâcheux, c'est que tout l'esprit du monde ne suffirait pas pour faire deviner ces importantes vétilles. Dernièrement, ajouta-t-il, l'abbé Cosson, professeur de belles-lettres au collége Mazarin, me parla d'un dîner où il s'était trouvé quelques jours

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