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24.

ar la tranliration.

exemte de douleur & de dégout, que celle qui s'appliqueroit à chaffer du corps par la transpiration touts les corpufcules impurs, pour n'en fubftituer, foit par la refpiration, foit par la nourriture,que de falutaires & balfamiques, fans épuifer les malades de fang, & les faire paffer par les épreuves de tant de pratiques, qui ont un appareil auffi rebutant que les maux eux-mêmes!

Sanctorius[b] profeffeur en médecine bfervationsà Padoue, a fait fur la tranfpiration les obfervations fuivantes. Celui-là feul eft habile médecin, qui entend bien jufqu'où va la transpiration infenfible, qui fçait quand il la faut exciter, & quand il faut réparer ce qu'elle a retranché de trop du corps. Le poids de ce qui s'exhale par les tranfpirations infenfibles, furpaffe ce qui fort par les évacuations fenfibles. Du poids de huit livres de nourriture qu'on prendra, il s'en perd bien cinq livres par la tranfpiration in. fenfible. En hyveril tranfpirera d'un homme bien fain plus de 5o. onces par la tranfpiration infenfible. Dans une nuit où l'on aura bien dormi, il fe fera une tranfpiration de plus de quarante onces. En été on péfe trois livres moins qu'en hyver, parce que la tranfpiration en été eft beaucoup plus abondante.

Depuis l'équinoxe d'automne jufqu'au folftice d'hyver, on tranfpire par jour une livre de moins:& de là jufqu'à l'équinoxe du printemps, la tranfpiration devient de plus en plus abondante & facile. La chair de mouton fe digére aifément, c'est la plus vaporeufe, & celle qui tranfpire avec le plus de facilité. Un fommeil inquiet diminuë de

[b] Santorius de medicina ftarica, .1. [i] Οἶνος. και τα λοετρὰ καὶ ἡ περι Κύπριν ερωή

Οξυτέρην πέμπει τὴν ὀδέν εις Αϊδην, Anthol. lib. 1. c. 37. epigr. 34.

plus de cinq onces la tranfpiration. Un homme qui veille, transpire la moitié moins qu'un homme qui dort.

L'ufage fréquent des bains que les anciens prenoient, devoit diminuer beaucoup leurs forces; suivant une an cienne épigramme grecque [i], l'ufage fréquent du vin, des bains & de Venus abrége beaucoup la route qui conduit au roïaume fombre de Pluton.

Les Lacédémoniens plongeoient dans le vin leurs enfants, lorfqu'ils venoient au monde. Ils fçavoient bien que ce bain les mettoit en danger de mourir, & ils n'en ufoient ainsi, que parce qu'ils croïoient que leurs foins n'étoient bien emploiés que lorsqu'ils nourriffoient des enfants forts & robuftes, & dont le tempérament avoit foutenu cette épreuve. Chez d'autres nations, les enfants [k] auffi-tôt qu'ils étoient nés, étoient plongés dans des fleuves & dans des eaux glacées, pour endurcir leur tempérament.

Aventure

publics.

Pour augmenter la transpiration, les 25. Romains fe fervoient de petites étril- d'Adrien les, dont ils fe racloient la peau dans aux bains le bain. L'empereur Adrien [1]fe baignoit fouvent dans les bains publics avec la foule du peuple. Il apperçut un jour un vieux foldat, qui n'aïant perfonne pour fe faire étriller, fuppléoit lui-même à ce défaut, en fe ferrant & agitant le dos contre la muraille du bain. Comme Adrien le connoifoit pour l'avoir vû à la guerre, il lui demanda pourquoi il fe repofoit ainfi sur le marbre du foin de fa peau? C'est, rẻpondit le vieillard, que je n'ai point de valet. L'empereur lui donna dans

[k].... natos ad flumina primum Deferimus, fævoque gelu duramus,& undis.

[A Spartian, in Adrian,

26.

Tranfplan

maladies.

le même moment des efclaves & de quoi les nourrir. Le bruit d'une action qui avoit eu beaucoup de témoins, fut bientôt répandu dans touts les quartiers de Rome; & la prémiére fois qu'Adrien revint aux bains publics,plufeurs vieillards ne manquérent pas de s'y trouver, & de tenter les mêmes moïens d'attirer fur eux les regards & la libéralité du prince. Il les fit touts approcher, & au lieu de les traiter comme il avoit traité le foldat, il leur ordonna de s'étriller les uns les

autres.

C'est une fuite de la tranfpiration intation des fenfible, que tout ce qui a été écrit par les médecins de la tranfplantation des maladies, quand une perfonne eft guérie en communicant le mal à fuelque bête, ou à un arbre, ou à une plante.

Bartholin dit qu'une perfonne attaquée d'une fièvre quarte fut guérie, en fe mettant du pain chaud fous l'aiffelle, & le donnant tout imbu de fa fueur à manger à un chien ; & qu'une autre fut guérie de la jauniffe, en faifant un gateau pétri avec de l'urine & de la farine, & le donnant à manger à

un chat.

Robert Flud raconte comment par le moïen de la transplantation, un nommé Joannes Rumelius Pharamun. dus guériffoit immanquablement la goute. Ce docteur en médecine prenoit des coupûres d'ongles des piés & du poil de la jambe du gouteux, & les mettoit en un trou qu'il perçoit dans le tronc d'un chêne jufqu'à la moëlle, & aïant bouché ce trou avec une cheville faite du même bois, il couvroit le tout avec du fumier de vache. Si la maladie ne revenoit pas dans l'espace de trois mois, il concluoit que le chêne avoit affez de

force pour attirer à lui tout le mal.

Si l'on prend des coupûres d'ongles des mains & des piés d'un hydropique, & qu'on les attache fur le dos d'une écréviffe qui foit rejettée dans la riviére, le malade se trouve bientôt guéri.

C'est un fecret pour guérir de la goute, d'appliquer fur le lieu de la douleur un morceau de chair de bœuf humectée d'un peu de vin; lorsqu'on la reléve fix heures après, on la trouve toute pourrie; il faut la faire manger à un chien dans lequel la maladie pale, après plufieurs opérations femblables.

A la vérité beaucoup de ces recettes peuvent être de l'efpéce de celle que Rabelais préparoit avec un grand empreffement pour fon maître le cardinal du Bellai. Les médecins aïant ordonné à ce cardinal une décoction apéritive, Rabelais fit bouillir de l'eau dans un chaudron, où il mit grand nombre declefs, & fe donnoit bien du mouvement à remuer ces clefs pour leur faire prendre cuiffon. Les docteurs voïant cet appareil, & s'en enquerrant, il leur dit: Meffieurs, j'accomplis votre ordonnance, puifque rien n'eft fi apéritifs que les clefs. Ce. pendant à raisonner phyfiquement, la tranfplantation des maladies n'eft pas hors de toute vraisemblance.

De même qu'on peut prendre une maladie par les pores, il n'eft pas abfolument impoffible qu'on puiffe s'en délivrer par la voie de la tranfplantation. Ces guérifons magnétiques ne renferment nulle fuperftition, puifque l'on ne s'y fert l'on ne s'y fert que de chofes naturelles, & que tout fe fait fans paroles, fans charactéres, & fans aucune cérémonie? En voici encore quelques exemples.

Un écholier qui avoit une fiévre ma

27.

de la petite verole.

ligne, la donna à un chien qu'il mettoit dans fon lit; il en fut guéri, & le chien en mourut. Bartholin rapporte, que fon oncle qui avoit une cholique fort violente, en fut guéri par un chien qu'on lui appliqua fur le ventre, & dans lequel elle paffa: & que fa fervante s'étant mis fur la joue le même chien, elle fut foulagée d'une douleur de dents trés aiguë; & que quand le chien fut échapé, il fit voir par fes mouvements & par fes cris, qu'il avoit pris ces deux

maux.

Hofmannus dit, qu'un homme qui étoit tourmenté de la goute,en fut délivré par un chien qui la prit en couchant dans le lit de ce gouteux. Borel lus enfeigne ce moïen de connoître les maladies qui font cachées dans le corps humain. Si l'on fait coucher un petit chien, dit-il, pendant quinze jours avec un malade, s'il eft nourri des reftes de ce que le malade mange, & s'il léche fouvent la peau du malade, il eft certain qu'il prendra le mal de cette perfonne. Il n'y a après cela qu'à ouvrir le chien, & on découvrira dans la partie duchien qui a contracté la maladie, celle du malade qu'il faut foulager.

L'inoculation de la petite vérole, Inoculation dont on a beaucoup parlé dans les derniers temps, eft une transplantation de maladie. Elle a paffé de Conftantinople en Angleterre. Il y a plus d'un fiécle qu'elle eft en ufage à la Chine, fuivant [m] le pére d'Entrecolles. Elle fe fait à la Chine par une tente de coton qu'on infinue dans le nez; en Angleterre, elle fe pratique par l'incifion.

Cette operation a mal réüffi en l'année 1731. & on a obfervé qu'il eft mort

Tom. 1.

[m] Lettres édifiantes & curieufes,t.20. [n] Thuan, lib. 3. [o] Thuan, lib,23.

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un cinquième des jeunes Anglois à qui on l'a faite, & à qui l'on a donné la pe-: tite vérole par l'infertion. Il est bien étonnant que l'on cherche de propos déliberé, une maladie fi dangereuse, & dont on n'eft pas fûr d'être délivré, pour l'avoir eu une ou plufieurs fois.

Remédes

ticux.

On a obfervé de tout temps que les 28. poulmoniques & les vieillards fentent inhumains ranimer leurs forces, lorsqu'ils cou& superstichent avec des perfonnes fort feines & fort fraîches, mais c'eft aux dépens de la fanté de ces jeunes perfones qui tombent peu à peu dans la langueur.

Le fang humain n'a pas même été épargné. On lit dans l'hiftoire de Thou [2]que Barberouffe prit des bains de fang d'enfants pour ranimer la chaleur, & que ce reméde fut fans aucun effet. Le même hiftorien [] rapporte qu'il couroit en France un bruit fort odieux, qu'on enlevoit des enfants pour faire des bains chauds à François II. ce qui eft bien éloigné de l'humanité de nos rois.

Pline [p] condamne les remédes P cruels de fang de gladiateurs & de cranes humains, parmi lefquels il rapporte que Démocrite diftinguoit les effets du crane d'un criminel,d'un ami, d'un parent. Apollonius a écrit auffi vainement, que c'est un reméde très efficace de faire faigner les gencives avec une dent d'un homme qui a péri d'une mort violente. Solin [9] dit encore quela chair de cerf préferve de la fiévre, file cerf a été tué d'une feule bleffure.

29.

anciens mé

L'ancienne médecine a commencé par être fimplement empirique, puifqu'il Tours les eft conftant que dans les temps les plus decins, éreculés, elle étoit deftituée des fecours toient em

Eeee

[] Plin. lib.28.c.1. [g] Solin.c.22.

piriques.

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maladies.

le même moment des efclaves & de quoi les nourrir. Le bruit d'une action qui avoit eu beaucoup de témoins, fut bientôt répandu dans touts les quartiers de Rome; & la prémiére fois qu'Adrien revint aux bains publics,plufeurs vieillards ne manquérent pas de s'y trouver, & de tenter les mêmes moïens d'attirer fur eux les regards & la libéralité du prince. Il les fit touts approcher, & au lieu de les traiter comme il avoit traité le foldat, il leur ordonna de s'étriller les uns les

autres.

Tranfplan- C'est une fuite de la transpiration intation des fenfible, que tout ce qui a été écrit par les médecins de la tranfplantation des maladies, quand une perfonne eft guérie en communicant le mal à quelque bête, ou à un arbre, ou à une plante.

Bartholin dit qu'une perfonne attaquée d'une fiévre quarte fut guérie, en fe mettant du pain chaud fous l'aiffelle, & le donnant tout imbu de fa fueur à manger à un chien ; & qu'une autre fut guérie de la jauniffe, en faifant un gateau pétri avec de l'urine & de la farine, & le donnant à manger à un chat.

Robert Flud raconte comment par le moïen de la transplantation, un nommé Joannes Rumelius Pharamun dus guériffoit immanquablement la goute. Ce docteur en médecine prenoit des coupûres d'ongles des piés & du poil de la jambe du gouteux, & les mettoit en un trou qu'il perçoit dans le tronc d'un chêne jufqu'à la moëlle, & aïant bouché ce trou avec une cheville faite du même bois, il couvroit le tout avec du fumier de vache. Si la maladie ne revenoit pas dans l'espace de trois mois, il concluoit que le chêne avoit affez de

force pour attirer à lui tout le mal.

Si l'on prend des coupûres d'ongles des mains & des piés d'un hydropique, & qu'on les attache fur le dos d'une écréviffe qui foit rejettée dans la riviére, le malade fe trouve bientôt guéri.

C'est un fecret pour guérir de la goute, d'appliquer fur le lieu de la douleur un morceau de chair de bœuf humectée d'un peu de vin; lorsqu'on la reléve fix heures après, on la trouve toute pourrie, il faut la faire manger à un chien dans lequel la maladie passe, après plufieurs opérations semblables.

A la vérité beaucoup de ces recettes peuvent être de l'efpéce de celle que Rabelais préparoit avec un grand empreffement pour fon maître le cardinal du Bellai. Les médecins aïant ordonné à ce cardinal une décoction apéritive, Rabelais fit bouillir de l'eau dans un chaudron, où il mit grand nombre declefs, & fe donnoit bien du mouvement à remuer ces clefs pour leur faire prendre cuiffon. Les docteurs voïant cet appareil, & s'en enquerrant, il leur dit: Meffieurs, j'accomplis votre ordonnance, puifque rien n'est si apéritifs que les clefs. Ce. pendant à raisonner phyfiquement, la transplantation des maladies n'est pas hors de toute vraisemblance.

De même qu'on peut prendre une maladie par les pores, il n'eft pas abfolument impoffible qu'on puiffe s'en délivrer par la voie de la transplantation. Ces guérifons magnétiques ne renferment nulle fuperftition, puifque l'on ne s'y fert que de chofes naturelles, & que tout le fait fans paroles, fans charactéres, & fans aucune cérémonie? En voici encore quelques exemples.

Un écholier qui avoit une fiévre ma

27.

de la petite verole.

ligne, la donna à un chien qu'il mettoit dans fon lit; il en fut guéri, & le chien en mourut. Bartholin rapporte, que fon oncle qui avoit une cholique fort vio lente, en fut guéri par un chien qu'on lui appliqua fur le ventre, & dans le quel elle paffa: & que fa fervante s'étant mis fur la joue le même chien, elle fut foulagée d'une douleur de dents trés aiguë; & que quand le chien fut échapé, il fit voir par fes mouvements & par fes cris, qu'il avoit pris ces deux

maux.

Hofmannus dit, qu'un homme qui étoit tourmenté de la goute,en fut délivré par un chien qui la prit en couchant dans le lit de ce gouteux. Borel lus enfeigne ce moïen de connoître les maladies qui font cachées dans le corps humain. Si l'on fait coucher un petit chien, dit-il, pendant quinze jours avec un malade, s'il eft nourri des reftes de ce que le malade mange, & s'il léche fouvent la peau du malade, il eft certain qu'il prendra le mal de cette perfonne. Il n'y a après cela qu'à ouvrir le chien, & on découvrira dans la partie du chien qui a contracté la maladie, celle du malade qu'il faut foulager.

L'inoculation de la petite vérole, Inoculation dont on a beaucoup parlé dans les derniers temps, eft une transplantation de maladie. Elle a paffé de Conftantinople en Angleterre. Il y a plus d'un fiécle qu'elle eft en ufage à la Chine, fuivant [m] le pére d'Entrecolles. Elle fe fait à la Chine par une tente de coton qu'on infinue dans le nez; en Angleterre, elle fe pratique par l'incifion.

Cette operation a mal réüffi en l'année 1731.& on a obfervé qu'il eft mort Tom. 1.

[m] Lettres édifiantes ¿ curieuses,t,20. [n] Thuan.lib.3. Ko Thuan, lib,23.

un cinquiéme des jeunes Anglois à qui on l'a faite, & à qui l'on a donné la pe-: tite vérole par l'infertion. Il est bien étonnant que l'on cherche de propos déliberé, une maladie fi dangereufe, & dont on n'eft pas fûr d'être délivré, pour l'avoir cuë une ou plufieurs fois.

Remédes

ticux.

On a obfervé de tout temps que 28. les poulmoniques & les vieillards fentent inhumains ranimer leurs forces, lorfqu'ils cou- & fuperichent avec des perfonnes fort feines & fort fraîches, mais c'eft aux dépens de la fanté de ces jeunes perfones qui tombent peu à peu dans la langueur.

Le fang humain n'a pas même été épargné. On lit dans l'hiftoire de Thou [n]que Barberouffe prit des bains de fang d'enfants pour ranimer fa chaleur, & que ce reméde fut fans aucun effet. Le même hiftorien [o] rapporte qu'il couroit en France un bruit fort odieux, qu'on enlevoit des enfants pour faire des bains chauds à François II. ce qui eft bien éloigné de l'humanité de nos rois.

Pline [p] condamne les remédes cruels de fang de gladiateurs & de cranes humains, parmi lefquels il rapporte que Démocrite diftinguoit les effets du crane d'un criminel,d'un ami, d'un parent. Apollonius a écrit auffi vainement, que c'eft un reméde très efficace

de faire faigner les gencives avec une dent d'un homme qui a péri d'une mort violente. Solin [9] dit encore quela chair de cerf préserve de la fièvre, file cerf a été tué d'une feule bleffure.

29.

anciens mé

L'ancienne médecine a commencé par être fimplement empirique, puifqu'il Tours les eft conftant que dans les temps les plus decins é reculés, elle étoit deftituée des fecours toient empiriques.

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