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2.

Ya 7. fphére à Saturne, qui ne fournit fa carrière qu'en vingt-neuf ans, & cent foixante & neuf jours; au deffus de toutes les Planétes il mettoit le ciel des étoiles fixes, aufquelles il attribuoit le mouvement général d'Orient en Occident en 24. heures d'une rapidité inconcevable dans l'étendue prodigieufe de leur cercle; & il leur donnoit encore un mouvement propre d'Occi dent en Orient, qui n'avance qu'en 70. ans ou environ, d'un dégré dans fon orbite, enforte que tout cercle étant divifé en trois cents foixante degrés, la révolution des étoiles fixes de voit ne s'achever qu'en vingt cinq mille ans ou environ.

Objections contre le ly

Au deffus de toutes ces fphéres, Prolémée avoit imaginé un prémier mobi le, qui donnoit le branle à toute la machine, pour l'emporter touts les jours d'Orient en Occident, & contre la rapidité duquel, chaque ciel des Planétes & celui des étoiles fixes faifoit un effort, qui étoit le principe de fon mouvement particulier d'Occident en Orient, fuivant lequel chacun de ces cieux achevoit fa révolution autour de la terre en plus ou moins de temps, à proportion de fon éloignement ou de la grandeur du cercle qu'il avoit à parcourir.

On objecte à ce fyftéme que les Plané

tes de Mercure & de Venus font quel eine de quefois directes, quelquefois stationtolémée. naires & quelquefois rétrogrades; que leur globe paroît tantôt beaucoup plus grand, tantôt beaucoup plus petit, & que quoique ces Planétes aient une moindre orbite à parcourir que le foJeil qui eft plus éloigné qu'elles de la terre, elles emploient néanmoins au

fon mouvement propre. Ainfi l'écliptique, on le zodiaque, eft l'orbite du foleil dans les fyftémas de Prolémée, & de Tycho-Brahé: & l'ar

tant de temps que le foleil à achever leurs révolutions.

3.

mistes, &

des Plané

Pour le tirer de ces difficultés, & ne pas demeurer fans replique au fu- Réponses jet de ces apparences, les Prolémiftes de difoient que Mercure & Venus avoient épicycles dans leur propre fphére un épicycle, tes.. autour duquel, comme il a été dit, leur globe étoit porté, & dont le centre étoit au milieu de leur ciel, enforte que le globe faifant un tour particu lier à l'entour de cet épicycle, il se trouvoit tantôt au bas de fon ciel, & beaucoup plus près de la terre,.ce qu'ils appelloient le périgée, tantôt. au haut de fon ciel, & dans un plus grand éloignement de la terre, ce: qu'ils appelloient l'apogée de la Planéte, & tantôt à droite ou au gauche dans une moïenne élévation, c'est-à-dire au milieu de fon ciel, & qu'ainfi la Planéte étoit directe, lorfque fon mouvement dans l'épicycle concouroit avec le mouvement que ce glo be faifoit dans fon orbite autour de la terre; que la Planéte étoit rétrograde, lorfque le mouvement autour de la terre & le mouvement autour de l'épicycle étoient oppofes; & qu'elle étoit ftationnaire, quand fa fituation dans fon épicycle & dans fon orbite autour de la terre, fe rencontroit dans. une ligne perpendiculaire, par rapport à la terre & au folei!.

tés des Pla

Mais il réfulte de ces épicycles une conféquence embarraflante [d], qui eft Excentrici. l'étendue, ou plûtôt l'épaiffeur prodi- nétes. gieufe, qu'auroit la fphère de Venus, car puifqu'elle s'écarte jufqu'à quarante-huit degrés ou environ, devant & après le foleil, il faudroit que le diamétre de fon épicycle & parconféV v v 3

bite de la terre, dans le fyftéme de Copernic. [d] Le Nobl, tabl, des philof,

quent l'épaiffeur de fa fphére fût au moins de quatre-vingt-feize degrés de l'écliptique, ce qui eft un espace beaucoup plus grand que le quart du cercle entier parcouru par le foleil, ou de toute l'ecliptique; il faudroit auffi que l'épicycle de Mercure, qui s'élolgne du foleil de 28. degrés & par conféquent l'épaifleur de la fphére eût au moins cinquante fix degrés de diamètre, ce qui eft près de la fixième partie de l'écliptique: quelle feroit donc la prodigieufe étendue de ces épicycles, par proportion à la grandeur connuë de l'écliptique?

Dailleurs comment rendre raifon de la grande différence du difque appa rent des Planétes, qui fe remarque fi vifiblement dans leur conjonction ou oppofition avec le foleil, l'apparence de ce difque augmentant à mesure que la Planéte s'éloigne du foleil, & diminuant à mesure qu'elle s'en approche? Par exemple, Mars lorfqu'il eft oppofé au foleil, fe montre prefque auffi grand que Jupiter, c'eft-à-dire, comme les étoiles fixes de la prémiere grandeur, & lorfqu'il s'approche de la conjonction, & qu'il eft prêt à fe cacher fous les raïons du foleil, il paroît à peine de la grandeur des étoiles du cinquiéme ordre or cette différence ne peut procéder que de fon plus grand ou moindre éloignement de la terre, & quand les Prolémiftes donneroient des épicycles aux trois Planétes fupérieures au folcil, pour fauver la promptitude & la lenteur de leurs mouvements, leurs préceffions, ftations, & rétrogradations, l'éloignement différent que Mars auroit dans fon épicycle, ne pourroit pas opérer à beaucoup près une différence auffi fenfible que celle qui s'observe dans l'apparence de fondifque.

[e] Les proportions de toutes les excentricités des Planétes, & leurs raifons réci

Pour fatisfaire à une objection fi pref fante, Ptolémée avoit fuppofé les excentricités inventées longtemps auparavant par Hipparque [e], au moïen defquelles il donnoit à chaque ciel des Planétes, une très grande épaisseur, & prétendoit que la Planéte ne tournoit pas centralement autour de la ter re, mais autour d'un centre de mouvement placé hors de la terre,& que fa révolution fe faifoit de maniére, que d'un côté elle rafoit le bas de l'épaiffeur de fon ciel, & de l'autre elle en rasoit le haut.

Mais cette réponse n'étoit pas fatif faifante, parce que la différence des grandeurs apparentes du difque des Planétes fait connoître par les règles de l'optique une fi prodigieufe différence d'éloignement de la terre, dans les deux fituations oppofées de fa conjonction ou de fon oppofition avec le foleil, qu'il n'eft pas pollible que fa fphére ait une épaiffeur capable de fournir à cette différence. Par exemple à l'égard de Mars il faudroit par la régle d'optique & par la différente apparence de fa grandeur, que dans fon apogée, il fût éloigné de la terre qua. tre fois autant qu'il en eft éloigné dans fon perigée, & que par conféquent l'épaiffeur de fon ciel cût trois fois autaut d'étendue qu'il y en a depuis l'extrémité de fa fphére jufqu'à la terre, d'où il refulteroit que Jupiter qui eft au deffus de lui, & Saturne qui au deffus de de Jupiter exigeant pa reillement des étendues de fphéres proportionnées, feroient à une fi prodigieufe diftance de la terre, que ces Planétes ne pourroient pas être appercuës du globe terreftre, par une lumiére réfléchie du foleil dans un si vaste éloignement.

eft

proques font calculées par Alfragan. éle ment. aftronomia c, 16,

arole im.

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Fracaftor.

. Ce font touts ces embarras, & ces ed Alfon- confufions d'épicycles & d'excentrici tés, qui ont fait proferer [f]à Alphonfe X. roi de Caftille & de Léon, cette parole téméraire & impie, que fi Dieu l'eût appellé à fon confeil, lorsqu'il créa le monde; il lui eût donné de bons avis, pour y faire bien des changements, & le conftruire d'une maniére plus fimple & mieux entendue. Fracaftor, qui fuivoit le fyftéme de Bolution de Prolémée, dit dans l'ouvrage qu'il a intitulé les homocentriques, que rien n'eft fi monstrueux & fi mal imaginé que touts ces cercles excentriques, & touts ces épicycles des Ptolémiftes, & que la nature réclame contre. Il prétendoit rendre raifon de la viteffe & de la lenteur des Planétes, & de ce qu'elles paroiffent quelquefois s'arrêter, aïant très peu de mouvement [g], parce que la matiére dans laquelle elles nagent, étant en certains endroits plus rare & en d'autres plus épaiffe,ces globes trouvent plus ou moins de facilité dans leur route. Il foutenoit auffi [b]que la dif. férente qualité de cette matiére éthérée qui nous tranfmet la vifion des globes des Planétes, eft le principe de la différente apparence de la grandeur de leurs difques; la représentation des objets étant groffie par le paffage des efpéces visuelles au travers d'une matiére plus épaiffe, de même qu'un corps au fond de l'eau paroît plus grand, que s'il eft à la fuperficie. Cette folution de Fracaftor eft incomparablement plus fimple que celle des autres Ptolémiftes, mais eft-elle plus vraisemblable; comment fuppofer gratuitement & dans la même région, une fi grande différen ce de la matiére éthérée ?

[f] Jut Lipf. monis, & exempl. potir, lib.

1. cap. 4. [g] Hieronym. Fracaft, Home-Centric,

Objection

phases de

Enfin la plus forte objection contre 7. le fyftéme de Prolémée, & à laquelle il fans ré; onn'eft pas poffible de répondre, fe tire des le tirée des phafes différentes de la Planéte de Ve- Venus. nus, qui a fon plein, fon défaut, & fes croiffants; ce qui ne peut procéder, que de ce qu'elle eft à l'égard de la ter re, tantôt au dessus du foleil, tantôt au deffous, & tantôt à côté, en forte que quand elle eft au deffus & un peu hors de fes raïons, nous la voïons pleine & ronde,parce que nous voïons tout le côté que le foleil illumine, & en même temps nous la voïons plus petite, parce qu'elle eft plus loin de nous dans fon apogée; & au contraire lorfqu'elle eft au deffous du foleil & qu'elle fort de fes raïons, nous la voïons bien plus grande, parce qu'elle eft beaucoup plus près de nous; mais nous ne la voions que comme un croiffant, parce que le côté qui n'eft pas illuminé eft devers nous,& nous n'appercevons que les extrémités que le foleil illumine toûjours de plus en plus, à mefure qu'elle nous paroît s'éloigner de lui. Car c'est une vérité dont on convient dans touts les fyftémes,que les Planétes font des corps opaques & ténébreux, qui de même que la terre ne reçoivent leur illumination que du foleil, feule fource de la lumiére dans tout fon tourbillon. Or fi Venus étoit toujours inférieure au foleil, elle ne feroit pas plus illuminée dans fon apogée au haut de fon épicycle, que dans fon perigée, lorfqu'elle eft au bas de fon épicycle, puifque dans l'une & dans l'autre fituation elle pafferoit également au deffous du foleil, & ne préfenteroit à nos yeux que le côté qui ne feroit pas frappé de fes raions, comme la lune

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lorfqu'elle commence à paroître au fortir de la conjonction. La différence de ces phases doit être la même dans Mercure, quoiqu'elle y foit à peine fenfible par fa proximité du. foleil, dans les raions duquel il eft prefque toujours fubmergé.

L'obfervation des phafes de Venus a fait rejetter par une conféquence invincible le fyftéme de Ptolémée, qui mérite peu les regrets des aftro nomes, à caufe de l'extrême confufion qui y régnoit. Mais fi le fyftéme de Copernic a remporté par la force des nouvelles obfervations, une pleine & entiére victoire fur le fyftéme de Prolémée, qui avoit été reçû incontestablement pendant treize à quatorze fiécles, comment pour roit on compter que les fyftémes nouveaux ne feront pas renverfés par de nouvelles obfervations?

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Copernic s'étant affuré par les difsystéme de férentes grandeurs des difques de VeCopernic nus & de Mercure, & plus encore par les différentes phafes de Venus, auffi bien que par les mêmes obfervations qu'il faifoit quoiqu'avec moins d'évidence & de fenfibilité à l'égard de Mercure s'étant affuré, dis-je, que ces deux Planétes tournoient autour du foleil, fçavoir Mercure plus près de cet aftre, & Venus par une cercle plus éloigné, il fe perfuada qu'il étoit également certain, que le globe de la terre, & ceux de Mars, de Jupiter, & Saturne, tournoient auffi autour du foil, puifqu'ils font d'une même nature que Venus & Mercure, & qu'on obferve dans les difques de Mars, de Jupiter, & de Saturne de fi grandes variations d'apparence de grandeurs. Il embraffa cette opinion avec d'autant plus de confiance, qu'il lui fembloit que le cen

tre de l'univers étoit une place bien plus convenable au foleil, qui eft la fource de toute la lumière, & le prin cipe de tout le mouvement.

Prémi

dans le fo

leil ter

axc.

Les taches que nous voïons dans le difque du foleil, ne laiffent au mobile cun doute qu'il ne tourne fur fon axe, & qu'il ne nous préfente alter- antar nativement fes différentes furfaces. Ce globe vafte & enflammé imprime à la matiére qui l'environne, un mouvement qui eft la fource des mouvements circulaires ou plutôt elliptiques des Planétes autour de lui. C'est là un prémier mobile phyfique fondé fur les effets naturels, & bien différent de ce prémier mobile de Prolémée, placé au delà du ciel des étoiles fixes, qu'il n'avoit tiré que de fon imagination, & du befoin qu'il en avoit.

10.

Dans le cercle le plus proche du fo. Sphère de leil, Copernic a placé Mercure, qui Mercure. achéve fa révolutionen 88. jours. Malgré l'ufage des télescopes, perfectionnés depuis le commencement du der. nier fiécle, Mercure paroît rarement, parcequ'il est toujours comme abforbé par la lumiére du foleil. On n'a pu découvrir le mouvement de Mercure fur fon axe. Le plan de fon orbite eft incliné fur l'écliptique à une diftance de fix degrés cinquante-deux minutes.

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es directes,

étrogrades.

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ligne perpendiculaire du foleil, à une diftance de 48. degrés; de proximité lorfqu'elle eft en oppofition ou en con. jonction au-dessus ou au-deffous du foleil, & toujours à une distance de 48. dégrés. Les aftronomes les plus modernes tiennent que toutes les planétes décrivent autour du foleil une ellipfe, & que Venus, de même que les autres planétes eft excentrique au foleil.

Les planétes paroiffent directes, ou Des plané ftationnaires, ou rétrogrades, fuivant utation- l'inégalité de leurs vitelles comparées à ires, ou celle de la terre. Cette inégalité caufée par leurs orbites plus ou moins éten. duës, fait que la terre paffe plus fou vent ou plus rarement entre le foleil & les planetes fupérieures pendant leurs révolutions, & que les planétes inférieures, fçavoir Mercure & Venus paffent plus fouvent ou plus rarement entre la terre & le foleil. Si la terre fuit une autre planéte dans l'ordre des fignes du zodiaque, d'Occident en O. rient, la planéte eft directe; la terre atteint-elle une planéte ? la planéte paroît stationnaire, parceque l'œil la rapporte pendant quelque temps au même endroit; la terre précéde-t-elle la planéte les yeux rapportent la planéte à un endroit plus reculé du ciel,& elle femble rétorgarde.

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le emploie ce temps à parcourir entiérement le zodiaque ou l'écliptique, qui eft la mesure de l'année folaire. L'é. quateur de la fphére terreftre fait avec l'écliptique un angle de 23. degrés, & 29.minutes. C'est ce qui s'appelle l'obliquité de l'écliptique ou du zodiaque par rapport à la ligne equinoxiale. Le foleil eft le lieu [i] d'où les planétes paroitroient marcher,comme elles marchent, & où l'aftronomie feroit ailée.

15.

terre.

Le mouvement de déclinaifon de la Mouvement terre explique en même temps la dif. de déclinaiférence des faifons, & de la longueur fon de la des jours & des nuits. Le chemin obli. que fuivi par le globe terreftre, en parcourant les figues du zodiaque,en forte que fes poles gardent toujours leur parallelifme, fait que l'hémisphère de ce globe eft alternativement expofé d'une maniére plus directe aux raions du foleil: d'où il réfulte une explication claire & fimple de la différence des faifons & de la longueur des jours & des nuits. L'obliquité du zodiaque eft un effet du méchanifme général de la nature, de même que le mouvement diurne de la terre fur fon axe, & que fon mouvement annuel autour du foleil.

Car prémiérement la révolution journaliére de la terre fur fon axe eft produite par le mouvement intrinféque de la matiére mélée des trois éléments qui compofent ce globe, & par l'impulfion de la matiére fluide dans laquelle il nage.

Secondement le mouvement annuel de la terre, en fuivant les fignes du zodiaque, eft déterminé par l'agitation que les raions du foleil impriment à tout le tourbillon, & enparticulier à chaque planéte.

La réfiftance que tout corps folide

Xxx

[i] Hift. de Sethos, liv.5. p.489. Hift, de l'Acad. des feienc, ann. 1704.p.65.

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