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Peut-on regarder comme un bien un génie à | pour les sens et un plaisir pour l'ame. Les sens peu près stérile? Que servent à un grand sei- sont flattés d'agir, de galoper un cheval1, d'engneur les domaines qu'il laisse en friche? Est-il tendre un bruit de chasse dans une forêt; l'ame riche de ces champs incultes? jouit de la justesse de ses sens, de la force et de l'adresse de son corps, etc. Aux yeux d'un philosophe qui médite dans son cabinet, cette gloire est bien puérile; mais, dans l'ébranlement de l'exercice, on ne scrute pas tant les choses. En approfondissant les hommes, on rencontre des vérités humiliantes, mais incontestables.

XXIX.

De l'avarice.

Ceux qui n'aiment l'argent que pour la dépense ne sont pas véritablement avares. L'avarice est une extrême défiance des évènements,

qui cherche à s'assurer contre les instabilités de la fortune par une excessive prévoyance, et manifeste cet instinct avide qui nous sollicite d'accroître, d'étayer, d'affermir notre être. Basse et déplorable manie, qui n'exige ni connoissance, ni vigueur d'esprit, ni jeunesse, et qui prend par cette raison, dans la défaillance des sens, la place des autres passions.

XXX.

De la passion du jeu.

Vous voyez l'ame d'un pêcheur qui se détache en quelque sorte de son corps pour suivre un poisson sous les eaux, et le pousser au piége que sa main lui tend. Qui croiroit qu'elle s'applaudit de la défaite du foible animal, et triomphe au fond du filet? Toutefois rien n'est si sensible.

Un grand, à la chasse, aime mieux tuer un sanglier qu'une hirondelle : par quelle raison? Tous la voient.

XXXII.

De l'amour paternel.

L'amour paternel ne diffère pas de l'amourpropre. Un enfant ne subsiste que par ses pa

Quoique j'aie dit que l'avarice naît d'une défiance ridicule des évènements de la fortune, et qu'il semble que l'amour du jeu vienne au contraire d'une ridicule confiance aux mêmes évèrents, dépend d'eux, vient d'eux, leur doit nements, je ne laisse pas de croire qu'il y a des joueurs avares et qui ne sont confiants qu'au jeu encore ont-ils, comme on dit, un jeu ti

mide et serré.

Des commencements souvent heureux remplissent l'esprit des joueurs de l'idée d'un gain très rapide qui paroît toujours sous leurs mains: cela détermine.

Par combien de motifs d'ailleurs n'est - on pas porté à jouer? par cupidité, par amour du faste, par goût des plaisirs, etc. Il suffit donc d'aimer quelqu'une de ces choses pour aimer le jeu; c'est une ressource pour les acquérir, hasardeuse à la vérité, mais propre à toute sorte d'hommes, pauvres, riches, foibles, malades, jeunes et vieux, ignorants et savants, sots et habiles, etc.: aussi n'y a-t-il point de passion plus commune que celle-ci.

XXXI.

De la passion des exercices.

tout; ils n'ont rien qui leur soit si propre.

Aussi un père ne sépare point l'idée d'un fils de la sienne, à moins que le fils n'affoiblisse cette idée de propriété par quelque contradiction; mais plus un père s'irrite de cette contradiction, plus il s'afflige, plus il prouve ce que je dis.

XXXIII.

De l'amour filial et fraternel.

Comme les enfants n'ont nul droit sur la volonté de leurs pères, la leur étant au contraire toujours combattue, cela leur fait sentir qu'ils sont des êtres à part, et ne peut pas leur inspirer de l'amour-propre; parceque la propriété ne sauroit être du côté de la dépendance: cela est visible. C'est par cette raison que la tendresse des enfants n'est pas aussi vive que celle des pères; mais les lois ont pourvu à cet inconvénient. Elles sont un garant au père contre l'in

1 Les sens sont flattés d'agir, de galoper un cheval. Négligé.

Il y a dans la passion des exercices un plaisir Les sens ne galopent pas un cheval. M.

l'homme.

gratitude des enfants, comme la nature est aux | accordons sur lui. Quel empire! mais c'est là enfants un ôtage assuré contre l'abus des lois. Il étoit juste d'assurer à la vieillesse les secours qu'elle avoit prêtés à la foiblesse de l'enfance.

La reconnoissance prévient, dans les enfants bien nés, ce que le devoir leur impose. Il est dans la saine nature d'aimer ceux qui nous aiment et nous protégent; et l'habitude d'une juste dépendance en fait perdre le sentiment: mais il suffit d'être homme pour être bon père; et si l'on n'est homme de bien, il est rare qu'on soit bon fils.

Du reste, qu'on mette à la place de ce que je dis la sympathie ou le sang, et qu'on me fasse entendre pourquoi le sang ne parle pas autant dans les enfants que dans les pères; pourquoi la sympathie périt quand la soumission diminue; pourquoi des frères souvent se haïssent sur des fondements si légers, etc.

Mais quel est donc le noeud de l'amitié des frères? Une fortune, un nom communs, même naissance et même éducation, quelquefois même caractère; enfin l'habitude de se regarder comme appartenant les uns aux autres, et comme n'ayant qu'un seul être. Voilà ce qui fait que l'on s'aime, voilà l'amour-propre; mais trouvez le moyen de séparer des frères d'intérêt, l'amitié lui survit à peine; l'amour-propre qui en étoit le fonds se porte vers d'autres objets.

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XXXV.

De l'amitié.

C'est l'insuffisance de notre être qui fait naître l'amitié, et c'est l'insuffisance de l'amitié même, qui la fait périr.

Est-on seul? on sent sa misère, on sent qu'on a besoin d'appui; on cherche un fauteur de ses goûts, un compagnon de ses plaisirs et de ses peines; on veut un homme dont on puisse posséder le cœur et la pensée. Alors l'amitié paroit être ce qu'il y a de plus doux au monde. A-t-on ce qu'on a souhaité, on change bientôt de pensée.

Lorsqu'on voit de loin quelque bien, il fixe d'abord nos desirs; et lorsqu'on y parvient, on en sent le néant. Notre ame, dont il arrêtoit la vue dans l'éloignement, ne sauroit s'y reposer quand elle voit au-delà: ainsi l'amitié, qui de loin bornoit toutes nos prétentions, cesse de les borner de près; elle ne remplit pas le vide qu'elle avoit promis de remplir; elle nous laisse des besoins qui nous distraient et nous portent vers d'autres biens.

Alors on se néglige, on devient difficile, on exige bientôt comme un tribut les complaisances qu'on avoit d'abord reçues comme un don. C'est le caractère des hommes de s'approprier peu à peu jusqu'aux graces dont ils jouissent; une longue possession les accoutume naturellement à regarder les choses qu'ils possèdent comme eux; ainsi l'habitude les persuade qu'ils ont un droit naturel sur la volonté de

leurs amis. Ils voudroient s'en former un titre pour les gouverner; lorsque ces prétentions sont réciproques, comme on voit souvent 2, l'amour-propre s'irrite et crie des deux côtés, produit de l'aigreur, des froideurs, et d'amères explications, etc.

On se trouve aussi quelquefois mutuellement des défauts qu on s'étoit cachés; ou l'on tombe dans des passions qui dégoûtent de l'amitié,

L'habitude les persuade qu'ils ont un droit naturel sur la volonté de leurs amis. Il faut, je crois, leur persuade. s. 2 Lorsque ces prétentions sont réciproques, comme on voit souvent, l'amour-propre s'irrite. Il faudroit, comme on le voit souvent. S.

comme les maladies violentes dégoûtent des par des endroits opposés. Je suppose que plu

plus doux plaisirs.

Aussi les hommes les plus extrêmes ne sont pas les plus capables d'une constante amitié. On ne la trouve nulle part si vive et si solide que dans les esprits timides et sérieux, dont l'ame modérée connoît la vertu; car elle soulage leur cœur oppressé sous le mystère et sous le poids du secret, détend leur esprit, l'élargit, les rend plus confiants et plus vifs, se mèle à leurs amusements, à leurs affaires et à leurs plaisirs mystérieux : c'est l'ame de toute leur vie. Les jeunes gens sont aussi très sensibles et très confiants; mais la vivacité de leurs passions les distrait et les rend volages. La sensibilité et la confiance sont usées dans les vieillards; mais le besoin les rapproche, et la raison est leur lien; les uns aiment plus tendrement, les autres plus solidement.

sieurs hommes s'attachent à la même femme: les uns l'aiment pour son esprit, les autres pour sa vertu, les autres pour ses défauts, etc.; et il se peut faire encore que tous l'aiment pour des choses qu'elle n'a pas, comme lorsque l'on aime une femme légère que l'on croit solide. N'importe; on s'attache à l'idée qu'on se plait à s'en figurer, ce n'est même que cette idée que l'on aime, ce n'est pas la femme légère : ainsi l'objet des passions n'est pas ce qui les dégrade ou ce qui les ennoblit, mais la manière dont on envisage cet objet. Or j'ai dit qu'il étoit possible que l'on cherchât dans l'amour quelque chose de plus que l'intérêt de nos sens. Voici ce qui me le fait croire. Je vois tous les jours dans le monde qu'un homme environné de femmes auxquelles il n'a jamais parlé, comme à la messe, au sermon, ne se décide pas toujours pour celle qui est la plus jolie, et qui même lui paroît telle. Quelle est la raison de cela? c'est que chaque beauté exprime un caractère tout particulier; et celui qui entre le plus dans le nôtre, nous le préférons. C'est donc le caractère qui nous détermine quelquefois; c'est donc l'ame que nous cherchons on ne peut me nier cela. Donc tout ce qui s'offre à nos sens ne nous plaît alors que comme une image de ce qui se cache à leur vue; donc nous n'aimons alors les qualités sensibles que comme les organes de notre plaisir, et avec subordination aux qualités insensibles dont elles sont l'expression; donc il est au moins vrai que l'ame est ce qui nous touche le plus. Or ce n'est pas aux sens que l'ame est agréable, mais à l'esprit; ainsi l'intérêt de l'esprit devient l'intérêt Il entre ordinairement beaucoup de sympa-nous le lui sacrifierions. On n'a donc qu'à nous principal, et si celui des sens lui étoit opposé, thie dans l'amour, c'est-à-dire une inclination

Le devoir de l'amitié s'étend plus loin qu'on ne croit nous suivons notre ami dans ses disgraces; mais, dans ses foiblesses, nous l'abandonnons c'est être plus foible que lui.

:

Quiconque se cache, obligé d'avouer les défauts des siens, fait voir sa bassesse. Etes-vous exempt de ces vices, déclarez-vous donc hautement; prenez sous votre protection la foiblesse des malheureux; vous ne risquez rien en cela : mais il n'y a que les grandes ames qui osent se montrer ainsi. Les foibles se désavouent les uns les autres, se sacrifient làchement aux jugements souvent injustes du public, ils n'ont pas de quoi résister, etc.

XXXVI.

De l'amour.

dont les sens forment le noeud; mais, quoiqu'ils en forment le noeud, ils n'en sont pas toujours l'intérêt principal; il n'est pas impossible qu'il y ait un amour exempt de grossièreté.

Les mêmes passions sont bien différentes dans les hommes. Le même objet peut leur plaire

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persuader qu'il lui est vraiment opposé, qu'il est une tache pour l'ame : voilà l'amour pur.

confondre avec l'amitié : car, dans l'amitié, c'est Amour cependant véritable, qu'on ne sauroit l'esprit qui est l'organe du sentiment; ici ce sont les sens. Et comme les idées qui viennent par les sens sont infiniment plus puissantes que les vues de la réflexion, ce qu'elles inspirent est passion. L'amitié ne va pas si loin; et, malgré tout cela, je ne décide pas; je le laisse à ceux qui ont blanchi sur ces importantes questions.

XXXVII.

De la physionomie.

La physionomie est l'expression du caractère et celle du tempérament. Une sotte physionomie est celle qui n'exprime que la complexion, comme un tempérament robuste, etc.; mais il ne faut jamais juger sur la physionomie : car il y a tant de traits mâles sur le visage et dans le maintien des hommes, que cela peut souvent confondre; sans parler des accidents qui défigurent les traits naturels, et qui empêchent que l'ame ne s'y manifeste, comme la petite-vérole, la maigreur, etc.

On pourroit conjecturer plutôt sur le caractère des hommes, par l'agrément qu'ils attachent à de certaines figures qui répondent à leurs passions; mais encore s'y tromperoit-on.

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Lu pitié n'est qu'un sentiment mélé de tristesse et d'amour. Vauvenargues entend ici par amour, toute disposition qui nous porte vers un objet; comme il entend par haine, toute disposition qui nous en éloigne. Autrement il seroit impossible d'expliquer le chapitre suivant, où il dit qu'il y a peu de passions où il n'entre de l'amour et de la haine: que le mépris

est un sentiment mélé de haine et d'orgueil. S.

3 La haine est une déplaisance dans l'objet haï. C'est plutôt l'effet de cette déplaisance. Il faudroit, ce semble, la haine nait du déplaisir que nous cause, etc. M.

Je crois, comme je l'ai dit plus haut, que Vauvenargues

C'est une tristesse qui nous donne, pour la cause qui l'excite, une secrète aversion: on appelle cette tristesse jalousie, lorsqu'elle est un effet du sentiment de nos désavantages comparés au bien de quelqu'un. Quand il se joint à cette jalousie de la haine, une volonté de vengeance dissimulée par foiblesse, c'est envie. Il y a peu de passions où il n'entre de l'amour et de la haine. La colère n'est qu'une aversion subite et violente, enflammée d'un desir aveugle de vengeance; l'indignation, un sentiment de colère et de mépris; le mépris, un sentiment mêlé de haine et d'orgueil; l'antipathie, ne haine violente et qui ne raisonne pas.

Il entre aussi de l'aversion dans le dégoût; il n'est pas une simple privation comme l'indifférence; et la mélancolie, qui n'est communément qu'un dégoût universel sans espérance, tient encore beaucoup de la haine.

A l'égard des passions qui viennent de l'amour, j'en ai déja parlé ailleurs; je me contente donc de répéter ici que tous les sentiments que le desir allume sont mêlés d'amour ou de haine.

XL.

De l'estime, du respect et du mépris.

L'estime est un aveu intérieur du mérite de

quelque chose; le respect est le sentiment de la supériorité d'autrui.

Il n'y a pas d'amour sans estime ; j'en ai dit la raison. L'amour étant une complaisance dans l'objet aimé, et les hommes ne pouvant se défendre de trouver un prix aux choses qui leur plaisent, peu s'en faut qu'ils ne règlent leur estime sur le degré d'agrément que les objets ont pour eux. Et s'il est vrai que chacun s'estime personnellement plus que tout autre, c'est, ainsi que je l'ai déja dit, parcequ'il n'y a rien qui nous plaise ordinairement tant que nous

mêmes.

Ainsi, non seulement on s'estime avant tout, mais on estime encore toutes les choses que l'on aime, comme la chasse, la musique, les chevaux, etc.; et ceux qui méprisent leurs pro

prend plutôt ici la haine pour ce sentiment même de déplaisance qui nous éloigne d'un objet. Cette expression n'est pas usitée en ce sens; cependant je crois bieu que c'est celui qu'il lui donne. S.

pres passions ne le font que par réflexion, et | Mais pour les petites finesses qu'on emploie en

par un effort de raison: car l'instinct les porte au contraire.

Par une suite naturelle du même principe, la haine rabaisse ceux qui en sont l'objet, avec le même soin que l'amour les relève. Il est impossible aux hommes de se persuader que ce qui les blesse n'ait pas quelque grand défaut; c'est un jugement confus que l'esprit porte en lui-même, comme il en use au contraire en aimant '.

vue de surprendre ou de conserver les suffrages; attendre les autres, se faire valoir, réveiller par des froideurs étudiées ou des amitiés ménagées le goût inconstant du public, c'est la ressource des hommes superficiels qui craignent d'être approfondis; il faut leur laisser ces misères dont ils ont besoin avec leur mérite spécieux.

Mais c'est trop s'arrêter aux choses; tâchons d'abréger ces principes par de courtes définitions.

Et si la réflexion contrarie cet instinct, car il y a des qualités qu'on est convenu d'estimer, Le desir est une espèce de mésaise que le et d'autres de mépriser, alors cette contradic-goût du bien met en nous, et l'inquiétude un tion ne fait qu'irriter la passion; et plutôt que desir sans objet. de céder aux traits de la vérité, elle en détourne les yeux. Ainsi elle dépouille son objet de ses qualités naturelles pour lui en donner de conformes à son intérêt dominant. Ensuite elle se livre témérairement et sans scrupule à ses préventions insensées.

Il n'y a presque point d'hommes dont le jugement soit supérieur à ses passions. Il faut donc bien prendre garde, lorsqu'on veut se faire estimer, à ne pas se faire haïr, mais tàcher au contraire de se présenter par des endroits agréables; parceque les hommes penchent à juger du prix des choses par le plaisir qu'elles leur font.

L'ennui vient du sentiment de notre vide; la paresse naît d'impuissance; la langueur est un témoignage de notre foiblesse, et la tristesse, de notre misère.

L'espérance est le sentiment d'un bien prochain, et la reconnoissance, celui d'un bienfait.

Le regret consiste dans le sentiment de quelque perte; le repentir, dans celui d'une faute; le remords, dans celui d'un crime et la crainte du châtiment 3.

La timidité peut être la crainte du blâme, la honte en est la conviction.

Le desir est une espèce de mésaise que le goût du bien met en nous. Par le goût du bien, il faut entendre l'umour du

bien-être. S.

2 L'ennui vient du sentiment de notre vide; la paresse

Il y en a à la vérité qu'on peut surprendre par une conduite opposée, en paroissant au-dehors plus pénétré de soi-même qu'on n'est au de-nait dans; cette confiance extérieure les persuade et les maîtrise.

Mais il est un moyen plus noble de gagner l'estime des hommes; c'est de leur faire souhaiter la nôtre par un vrai mérite, et ensuite d'être modeste et de s'accommoder à eux. Quand on a véritablement les qualités qui emportent l'estime du monde, il n'y a plus qu'à les rendre populaires pour leur concilier l'amour, et lorsque l'amour les adopte, il en fait élever le prix.

C'est un jugement confus que l'esprit porte en lui-même, comme il en use au contraire en aimunt. Au contraire, pour d'une manière contraire: expression négligée. S.

Il y en a à la vérité qu'on peut surprendre par une conduite opposée, en puroissant au-dehors plus pénétré de soiméme qu'on n'est au-dedans. Comme on dit d'un homme qu'il est plein de lui; expression elliptique. Qu'on n'est au-dedans: il faudroit qu'on ne l'est. S.

d'impuissance. Qu'est-ce que notre vide ? La paresse sup

pose, au contraire, le pouvoir d'agir combiné avec l'inaction. M. L'auteur entend ici par notre vide ce qu'il entend ailleurs par l'insuffisance de notre étre, c'est-à-dire l'impossibilité où nous sommes de trouver en nous-mêmes de quoi suffire à notre

bonheur. Par impuissance, il entend, je crois, impuissance

de l'ame, l'impossibilité où elle est de sortir de sa langueur. S. 3 Le regret consiste dans le sentiment de quelque perte; le

repentir, dans celui d'une faute; le remords, dans celui

d'un crime et la crainte du châtiment. Ce n'est pas, à ce qu'il semble, la différence de la faute et du crime, qui constitue celle du repentir et du remords. On peut expier ses crimes par le repentir, et sentir le remords d'une faute. Si le repentir est moins cruel, c'est qu'il suppose le retour, et une résolupeut exister avec la résolution de se rendre encore coupable.

tion de ne plus retomber, qui console toujours. Le remords

Heureux, si je puis, dit Mathan dans Athalie :

A force d'attentats, perdre tous mes remords. C'est ainsi que les scélérats les perdent. Il n'y a point pour eux de repentir.

Dieu fit du repentir la vertu des mortels.

Heureusement le remords peut naître sans la crainte du chátiment: mais ce n'est guère que pour les premiers crimes. S.

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