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la viteffe du fon, felon que le vent eft favorable qu contraire. Le fon n'eft pas produit [i] par les vibrations totales du corps fonore, mais par les vibrations particuliéres de fes petites parties d'où naît le fré

miffement.

Si deux chordes d'un même luth [k] ou de deux luths différents, mais voifins l'un de l'autre, font à l'unif fon, on n'en fçauroit toucher l'une que l'autre ne raifonne, ou du moins ne tremble en même temps: au lieu qu'elle ne branle point, quand on touche une autre chorde voline, qui n'eft point d'accord avec elle. Dire comme l'ancienne Phyfique, qu'il y a de la fympathie entre ces deux chordes, c'est ne rien dire. L'explication de cette expérience eft que les chordes, qui font à l'uniffon font capables des mêmes vibrations, de forte que l'air qui eft remué par l'une, imprime fort à propos fes mêmes fe couffes à l'autre ce qui ne fçauroic arriver quand deux chordes n'étant pas à l'uniffon ne font pas d'accord enfemble, parceque l'air qui eft ébranlé par Pune, ne trouve point Fautre difpofée à fuivre fon mouve ment, & qu'à fon égard les fecouf fes de l'air font comme des contre temps qui ruinent l'effet les uns des autres,

Cette difpofition d'un corps à fe à fe mouvoir quand un autre ébranle Kair, fe rencontre en plufieurs autres exemples. Les vitres d'une maison

tremblent fenfiblement, toutes les fois qu'on bat la garde avec un certain tambour, & ne tremble point, quand on la bat avec d'autres qui font plus de bruit..

Un certain treffaillement dans l'air fait plus d'effet que les vents impétueux. Le bruit d'un caroffe femble quelquefois faire trembler les murs. Les piliers de l'églife Cathédrale de Reims branlent, dit-on, au fon des cloches.

Phénome

ordinaires

du toa.

Croirons-nous que la Phyfique ref-, te en défaut fur l'explication de cer- nes extratains phénoménes du fon fort extraordinaires, ou qu'ils font beaucoup exagérés au-delà de leurs véritables circonstances? Onlit dans [1] S. Clement d'Alexandrie, qu'il fe trouve en Perfe trois montagnes fituées au milieu d'une grande plaine; qu'en approchant de la prémiére on entend un bruic confus de combattants; que près de la feconde, ce bruit paroîc plus diftin&t & plus proche; & qu'auprés de la troifiéme, les cris des combattants fechangent en cris de victoire & d'allégreffe.

il

Olaits Magnus [m] décrit une caverne de Finlande près de Vibourg, dans laquelle lorfqu'on jette un chien, ou quelque autre animal en vie, en fort un bruit fi terrible & fi viokent, qu'il renverfe par terre touts ceur qui en approchent: en forte que fi les ennemis font quelque irruption dans le païs, le gouverneur fait boueher les oreilles des habitants

[i] Hift. de l'Acad. des fcienc. ann. 1709. p. 93. Hift. de la même ann 1716. p. 66. Mémoir, de la méme ann. 1716. p. 262.264.

[b]. Phyfiquede Robault, part. 1, ch. 26

[1] S.Clem. Alex. ftromat. lib. 6. [m] Olai Magni hiftor. feptentr. lib. 11.

C. 4.

par le bruit horrible qu'il excite, en faifant jetter dans la caverne un animal vivant, il renverfe les ennemis, & il eft facile de les tuer & de les dépouiller.

Pline [] parle d'une autre caver ne en Dalmatic, dont il obferve un phénoméne affez femblable. Lorf. qu'on y jette quelque pierre ou autre matiére pefante, il s'excite auffi tôt des tourbillons & des tempêtes, quoique le ciel fût calme & ferein auparavant.

Caffiodore obferve que lorsqu'on parle à haute voix [o], ou qu'on touf, fe fur les bords de la fontaine d'Aréchufe en Calabre, fes eaux murmurent & bouillonnent.

Solin [p] rapporte qu'une fontaine de Sicile étoit émuë par le fon des Alutes, au point de fe déborder.

Il y a un lac [4] proche de Béja en Portugal, dans lequel on pêche des poiffons noirâtres. Lorsque l'air eft fort chargé d'eau, & qu'il doit tomber beaucoup de pluie, ou faire quelque orage, il fort de ce lac (au rapport de Robbe) un bruit pareil au mugiffement d'un taureau, que l'on entend quelquefois de cinq à fix lieuës.

Le même Auteur dit qu'il y a près du Mont d'or en Auvergne[r], un lac très profond, dans lequel fi l'on jette une pierre, elle excite des éclairs, de la grêle & du connere.

Le pére Gafpard Schot rapporte après le pére Kircher, que près de

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Syracufe il y a un bâtiment creux fort ancien, nommé la prifan de Denys, conferuit de manière que ceux qu'on y enfermoit, ne pouvoient fai. re le moindre bruit, ni reprendre leur haleine, fans être entendus. Le bâtiment étoit en forme d'oreille, & on y avoit imité la nature. Aujourd'hui qu'on a muré la principale entrée, fi quelqu'un fait du bruit dans cette cave qui va en ferpentant, & qui fe termine en s'étrécissant, on éprouve deux effets: le prémior, que la voix fera tellement grafic, qu'une fimple toux fe fera entendre comme un coup de tonnerre; le fecond, que le fon s'y redouble en forte, que li deux perfonnes y chantent on entend diftinctement un concert de quatre voix. C'est ce que le pére Kircher a éprouvé, dit-il en 1638. & huit ans après le pére Schot fit lui-même l'épreuve du prémier effet; quant au fecond le pére Schot obferve qu'il n'entendit rien de femblable, peut-être parceque la place étoit un peu changée, car il ne la trouva pas entiérement conforme à la defcription du pére Kircher.

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Les aqueducs de Claude [] renvoïoient la voix, jufqu'à une diftan- de portées ce de feize milles, ou de plus de cinq fort lointailieuës.

La cloche d'Erfurt [] en Allemagne s'entend, dit-on, à vingt-quatre milles ou à huit lieuës à la ronde.

Le bombardement de Génes [#] fut entendu près de Livourne éloi

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nes du fon.

gnée de 90. milles. Dans le fouléve ment de Meffine, on entendit les coups de canon jufqu'à Agoufte & Sarragoffe, à la diftance d'environ cent milles d'Italie. Il y a des exem ples de fons portés à de plus grandes distances dans le Nordic Des coups de canon tirés à Stokolm en 1685. furent entendus à la diftance de cent quatre-vinge milles d'Angleterre. Dans la guerre de 1672. les coups de canon furent entendus à plus de deux cents milles de distance y a une raifooqui fait foupçonner que vers les parties du Nord le fon a plus de force, c'eft que leqvif-ar gent du barométtre monte plus haut dans les lieux fitues au delà des Tropiques, & d'autant plus haut, que ces lieux font plus reculés vers le Nord Cette qualité de l'air pourroit augmenter auffi la force du fon. Repetitions M. Derham rapporte qu'un coup multipliées de fufil [*] tiré fur le fommet d'une ques échos trés haute montagne, ne fit pas plus de bruit que fi l'on cût rompu un pe tit baton. La grade rarefaction de T'air en étoit la caufe: mais peu aprés il s'éleva un grand murmure, & un roulement de fons continué affez longtemps par la répercuffion des rochers & autres corps propres à réflechir le fon, qui fe trouverent au bas de la montagne..

68.

par quel

69.

Effets fur

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Pline remarque [y],comme une chofe finguliére, qu'un écho en la ville d'Athénes répétoit la voix jufqu'à fept fois. Ilya, dit-on, un écho entre Con flan & Charenton, qui répéte les fons jufqu'à dix fois.

Ceft un air groffier & fenfible qui

des corp

fert de véhicule au fon; la recher- prenne che des éléments imperceptibles offre cules itau Phyficien des fujets bien plus di. fenfibles. gnes d'admiration & de furprife; tout fe fait par eux dans la nature; ce font les vapeurs, qui forment les météores: ce font les corpufcules infenfibles, qui fervent au méchanif. me le plus parfait de la nature. Elle donne à la matiére fubtile les différents emplois du dévier, de la poulie, de la roue, du coin, de la vis. Ces fortes de refforts font les plus puiffants & les plus efficaces [z]. Un peu d'eau fuffit pour enlever les plus grands fardeaux. Si l'on attache à une poutre un poids de fix cents li vres, avec une corde qui foit bien tendue, & qu'on arrofe la corde avec de l'eau, on verra que ces corpufcu les humides en s'infinuant dans la cor. de, la rompront ou feront lever le poids de fix cents livres hors de terre. Lorfque Sixte Quint fit élever le grand obélif que du Vatican, Fontana célébre archi tecte n'aïant pas prévu que le poids d'une maffe, qui pefoit un million fix mille quarante huit livres, feroit allonger les cables, il couroit rifque de voir manquer fon entreprife fans une voix inconnue, qui cria de mouiller les cables. Ce qui étant promtement fait, ils s'accourcirent & portérent le prodigieux obélifque fur fa bafe. Sturmius s'eft propofé de lever une meule de moulin par le feul fouffle.

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[x] Laméme, part. 1.1, 4.6, 3. p. 187. Ly] Plin. lib. 36,c.1 5+

[2] Vallem, Phyfiq, occulte : [a] Hift.del'Acad. des fciesu,a nn.1718.p.9.

apperçut avec le microfcope des animaux vivants, vingt-fept millions de fois plus petits qu'une mitte. Il vit au travers de leur peau tranfparente des vifcéres, des œufs, des figures de fotus, une espèce de fang qui circuloit. Ces animaux ont dans leur petiteffe inconcevable des yeux, des inteftins, des veines, des artéres, un cœur, un cerveau qui diftribue les efprits animaux, & ces efprits animaux font apparemment à leur corps comme les parties les plus déliées de notre fang font à notre corps.

Une tache de moiffure de la grandeur d'un grain de fable paroît, dans le microfcope, comme un amas de plufieurs plantes très diftinctes, dont les unes ont des fruits, d'autres des boutons à demi ouverts. De quelle énorme petitesse doivent être les racines & les filtres qui féparent les aliments de ces petites plantes? Elles ont leur graine ainfi que les chênes & les pins. Dans le fyftême des développements, on fuppofe que Dieu a créé, dans le même moment, & dès le commencement du monde, toutes les plantes, & les corps de touts les animaux, les uns dans les autres; qu'il ne se produit rien de nouveau dans la nature; que la formation & l'accroiffement de certains corps, la conception & la naiffance des autres ne font, à proprement parler, que des développements: fi cela eft ainfi, quel le eft la petiteffe incompréhenfible des germes?

Jufqu'où ne va point l'action des

Tom. I.

71. Les effets

peuvent ê

quement.

corpufcules infenfibles, fi la différente difpofition des pores dans la baguet- de la bate, & dans la main de celui qui la guette ne tient, reçoit une impreffion remarqua- tre explible fur les fources d'eau, fur les vei- qués phyfines des métaux, fur les pas des criminels? Mais le fyftême des corpufcules [b] au fujet du tournoiment de la baguette a été refuté très folidement. Elle tournoit fur plufieurs choses, qui tenoient plus du moral que du phyfi que, comme fur les limites d'un champ, fur un contrat litigieux, fur des beftiaux achetés d'un argent volé. Elle s'accommodoit à l'intention de ceux qui en faifoient ufage. Elle étoit fautive dans les circonftances les plus conformes aux fyftêmes qui avoient été imaginés à ce fujet, comme dans les lieux où l'on avoit caché des piéces de métal, & dans ceux où des crimes bien avérés avoient été commis [c]. ! faut donc convenir qu'on ne peut donner de raifon phyfique du tournoiment de la baguette, & que les faits authentiques qui font rapportés à ce fujet, ne peuvent être attribués qu'à l'impofture des hommes ou des démons. En effet quel moïen de foutenir que des corpufcules qu'un homme exhale, demeurent pendant un mois fufpendus en l'air fur le courant d'une riviére, pour indiquer les traces d'un criminel par le tournoiment de la baguette?

Revenons aux effets furprenants des corpufcules. Un grain de mufc for. mé dans la veffie d'une espèce de che

Rrr

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72. Explica

canon.

vreuil, fans prefque rien perdre de fa fubftance, exhale pendant des années entiéres nne odeur capable d'affoiblirà une certaine diftance, d'arrêter, d'affoupir, & de rendre immobiles des ferpents très forts.

C'est un corps très folide, très compact, & très ferré que l'acier d'une épée, dont la lame eft bien trempée & bien polie [d]. Cependant les corpufcules, qui fe détachent du fang d'un animal, fe font paffage au travers de fes pores, s'y infinuent & y demeurent très longtemps. Il n'y a que le feu qui faffe évaporer ces particules de fang. Car fi l'on tient cette épée fur des charbons ardents, on voit fortir du côté de la lame oppofé au feu, une humidité qui reffemble à la tache, que P'haleine fait fur un miroir. Cette expérience apprend aux chirurgiens à connoître la profondeur d'une plaïe fans la fonder puifqu'il n'y a que la partie de l'épée, qui eft entrée dans un corps vivant, fur la quelle on trouve cette ébullition.

La force des corpufcules paroît évition de l'ef. demment dans les effets de la poudre à fet de la canon. Lorfqu'elle s'enflamme, la mapoudre à tiére fubtile extrémement agitée communique fon mouvement aux fels acides du foufre, aux parties volatiles, longues & roides du falpétre, aux corps groffiers du charbon Cette matiére de foufre, de fal pétre, de charbon, &

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d'air dégagée, féparée & écartée par l'agitation rapide de la matiére subtile, eft emportée avec la même rapidité que la matiére fubtile elle même, & renverfe tout ce qui s'oppose à fa violence. La matiére fubtile, qui paffait librement dans les corps qui environ nent la poudre, ne trouve pas les paffages allez ouverts, pour les parties groffieres qu'elle entraîne avec elle : elle brife & jette fort loin tout ce qui s'oppofe à fa prodigieufe viteffe, en faifant effort par l'endroit qu'elle trouve le plus foible, & le moins capable de lui refifter. C'est ainsi que les eaux qui coulent fous un pont, ne l'endommagent pas à caufe de la petiteffe, & dela fluidité de leurs parties: mais le pont eft renversé, fi ces eaux entraînent avec elle des poutres, des morceaux de glace, & autres corps folides, qui ne trouvant pas un paffage libre foient pouf fés contre le pont, avec autant de mouvement & de force que les eaux en ont. En général la force des agents eft augmentée par la réfiftance qui fait agir plus de parties, & de refforts à la fois.

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[d] Vallem. Phyfiq, occulte, ch. 10." [e] L'or fulminant fe fait de la limaille d'or mife dans une phiole, où l'on verse Brois fois autant d'eau de régale. Quand la diffolution eft faire, on y ajoute fix fois autant d'eau commune : on jetre enfuite def

de

fas ce mélange de l'huile de tartre, on l'efprit volatile de fel armoniac. La pouf fiére qui se précipite en bas, étant féchée d'elle même, eft ce qu'on appelle lor ful minana, Vallem, Phyfiq, occulte ·

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