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sont investis des pouvoirs illimités attribués aux représentans du peuple près les armées.

› VII. Nul ne pourra se faire remplacer dans le service pour lequel il sera requis; les fonctionnaires publics resteront à leur poste.

» VIII. La levée sera générale; les citoyens non mariés ou veufs sans enfans, de dix-huit à vingt-cinq ans, marcheront les premiers; ils se rendront sans délai au chef-lieu de leur district, où ils s'exerceront tous les jours au maniement des armes, en attendant l'ordre du départ.

› IX. Les représentans du peuple régleront les appels et les marches de manières à ne faire arriver les citoyens armés au point de rassemblement qu'à mesure que les subsistances, les munitions et tout ce qui compose l'armée matérielle, se trouvera exister en proportion suffisante.

› X. Les points de rassemblement seront déterminés par les circonstances, et désignés par les représentans du peuple envoyés pour l'exécution de la présente loi, sur l'avis des généraux, de concert avec le comité de salut public et le conseil exécutif provisoire.

› XI. Le bataillou qui sera organisé dans chaque district sera réuni sous une bannière portant cette inscription Le peuple français debout contre les tyrans.

> XII. Les bataillons seront organisés d'après les lois établies, et leur solde sera la même que celle des bataillons qui sont aux frontières.

› XIII. Pour rassembler les subsistances en quantité suffisante, les fermiers et régisseurs des biens nationaux verseront dans les chefs-lieux de leurs districts, respectifs en nature de grain, les produits de ces biens.

» XIV. Les propriétaires, fermiers et possesseurs de grains, seront requis de payer en nature les contributions arriérées, même les deux tiers de celles de 1793, sur les rôles qui ont servi à effectuer le dernier recouvrement.

› XV. La Convention nationale nomme les citoyens Chabot,

Tallien, Mallarmé, Legendre de la Nièvre, Lanneau de la Corrèze, Roux Gezillac, Paganel, Basset, Taillefer, Belespinet, Fayau, Lacroix, de la Marne, Ingrand, pour adjoints aux représentans du peuple qui sont près les armées et dans les départemens, afin d'exécuter de concert le présent décret.

Le comité de salut public fera la répartition de leurs arrondissemens respectifs.

› XVI. Les envoyés des assemblées primaires sont invités à se rendre incessamment dans leurs cantons respectifs, pour remplir la mission civique qui leur a été donnée par le décret du 14 août, et recevoir les commissions qui leur seront données par les représentans du peuple.

> XVII. Le ministre de la guerre est chargé de prendre toutes les mesures nécessaires pour la prompte exécution du présent décret: il sera mis à sa disposition par la trésorerie nationale une somme de 50 millions, à prendre sur les 498 millions 200,000 liv. d'assignats qui sont dans la caisse à trois clefs.

› XVIII. Le présent décret sera porté dans les départemens par des courriers extraordinaires. »

Les séances de la Convention, du 16 au 31 août, présentent une suite non interrompue de lectures et de décrets qu'interrompent à peine quelques légères discussions. Nous allons donner la nomenclature des principaux décrets, en y comprenant ceux que nous avons omis dans la première quinzaine du mois; nous nous occuperons ensuite de la correspondance et des pétitions. · Décret qui accorde au département de la Vendée une somme de 200,000 liv. à titre de secours. - Décret d'arrestation contre Rouyer et Brunel, commissaires de la Convention à Lyon, pour leur correspondance avec Bordeaux. - Décret portant que les assignats à face royale seront reçus pour le paiement du mobilier des émigrés.-Décret qui déclare acquis à la nation les biens de la ci-devant princesse de Lamballe. — Décret qui autorise la trésorerie nationale à payer une somme de cinquante millions, sur les ordonnances signées des membres du comité de salut public. Décret portant qu'il sera formé des établissemens pu

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blics, où les enfans des citoyens seront nourris et élevés. Décret qui supprime toutes les académies. -Décret portant que la nation française ne remboursera pas les sommes prêtées à Louis Capet, et qui suspend la liquidation des créances de la liste civile. Décret portant confiscation des biens espagnols, situés en France. -Décret qui ordonne un recensement général des grains de la République. — Décret qui supprime la caisse d'escompte. Décret qui ordonne la nouvelle fabrication d'une monnaie de cuivre et de métal de cloches. - Décret qui condamne à dix ans de fer les notaires qui délivreraient copies collationnées des titres royaux aux créanciers de l'état. Décret qui fixe à mille livres le maximum de toutes les pensions qui sont dues par la liste civile. - Décret qui déclare la France en révolution jusqu'à ce que son indépendance ait été reconnue. Décret sur l'emprunt forcé. - Décret qui ordonne que les assignats à face royale, au-dessus de cent livres, seront considérés comme effets au porteur, et soumis à l'enregistrement et à l'endossement.

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Les Jacobins étaient mécontens de la Convention. Ils ne la trouvaient ni assez résolue, ni assez active, ni assez sévère. Robespierre, dont l'influence avait été prépondérante, sans doute, dans l'adoption des mesures décrétées, mais dont la plupart des avis n'avaient point été écoutés, se taisait maintenant, et laissait parler les accusateurs du pouvoir; il ne le défendait que sur les questions vitales. La longanimité de l'assemblée envers les représentans du peuple qui avaient capitulé à Mayence, et envers l'étatmajor de la garnison, scandalisait les patriotes. Merlin et Rewbell, fortement inculpés par Montaut de n'avoir défendu cette place, ni autant qu'ils l'auraient dû, ni autant qu'ils l'auraient pu (séance du 9 août), avaient été justifiés par leurs amis, et s'étaient justifies eux-mêmes par des raisons qui ne paraissaient pas satisfaisantes. Ils semblaient décliner une enquête, et chercher à s'absoudre plutôt au nom de leur conduite passée, et du courage personnel qu'ils avaient manifesté, que par des motifs tirés de la question elle-même. On mettait leur déjeuner, et leurs confé

rences avec Kalkreuth et le prince Ferdinand de Brunswick, sur la même ligne que la démarche faite par Custine, en envoyant un parlementaire à Mayence, avec conseil de capituler. Ces soupçons étaient exagérés peut-être, mais ils venaient à la suite des griefs irrécusables. Pourquoi avoir capitulé contre le vœu bien prononcé de la garnison, et au moment où on avait encore assez de vivres pour huit jours? Aussi, malgré les bravades de Chabot et les déclamations de Merlin sur les horreurs du siége, ainsi que sur sa propre bravoure, Montaut répéta-t-il ses inculpations devant les jacobins (séance du 15 août) avee plus de véhémence encore qu'il ne les avait articulées à la tribune de la Convention. Au reste l'opinion, que les conventionnels enfermés dans Mayence avaient cédé trop tôt, est partagée par un stratégiste célèbre, qu'on ne saurait suspecter de partialité, lorsqu'il s'agit des Jacobins. Le général Jomini, dans son Histoire des guerres de la Révolution, liv. IV, chap. XVI, p. 259, s'exprime ainsi à ce sujet : « La suite prouva que cette résolution était prématurée, et qu'une garnison doit rarement désespérer de sa délivrance: deux ou trois jours plus tard Mayence eût été sauvée, et on avait du pain encore pour huit jours; aussi le roi de Prusse ne mit pas de grands obstacles à la négociation, etc.

Un objet continuel de plaintes, dont le résultat atteignait la Convention elle-même, était ce comité de sûreté générale qu'il aurait fallu renouveler depuis long-temps, et qui ne le fut que le 14 septembre. Le 18 août, les Jacobins furent avertis par une lettre que Gilbert-Desvoisins, convaincu d'avoir émigré deux fois, venait cependant de s'en retourner dans son département avec passeport et certificat du comité de sûreté générale. Le correspondant ajoutait que Bazire était accusé de les lui avoir délivrés. Un citoyen de la section Bonconseil, présent à cette lecture, déclara que lui-même avait arrêté Gilbert, sur la dénonciation d'un gendarme. Il était effectivement, dit l'orateur, muni du certificat en question; mais Bazire blanchirait un nègre. » — La société arrêta que Bazire serait invité à donner des éclaircissemens à ce sujet. Le Journal de la Montagne, n. LXXIX, auquel

nous empruntons ces détails, continue ainsi : « Maure qui va partir pour une mission dans les départemens, croit devoir avertir que le comité de sûreté générale, dont il est membre, et dont il ne suspecte pas le civisme, est cependant d'une grande négligence. Il invite ses collègues de la Convention à le surveiller, et à stimuler son patriotisme qui s'endort. Peu de comités ont autant de besogne, et peu travaillent moins que celui-là. Des femmes assiégent toute la journée son antichambre, comme chez . les ci-devant grands. — La société arrête qu'une commission sera nommée pour vérifier l'émigration de Gilbert et se transporter au comité de sûrêté générale pour demander son arrestation, et l'engager à le traduire au tribunal révolutionnaire.› Chabot détourna l'attention de la société d'une matière fort épineuse pour lui-même, car il était l'un des membres de ce comité, les plus suspects après Bazire. Il rappela des motions salutaires dont on ne s'occupait jamais assez : c'était la réduction du prix du pain à trois sous par livre dans toute la République. Le thème favori de Chabot occupa le reste de la séance.

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Le 23, Bazire vint se justifier. A l'entendre, il avait usé d'une grande sévérité envers Gilbert-Desvoisins. Au surplus, dit-il, il ne serait pas impossible que je fusse induit en erreur. Membre du comité de sûreté générale depuis quinze mois, il m'est passé tant d'affaires par les mains, il m'a fallu signer tant de pièces, qu'il peut s'en trouver quelques-unes qui provoquent la censure de la société; mais quant à mes intentions, quant à mon patriotisme, j'en appelle à mes collaborateurs, à tous ceux qui m'ont - Chabot connu depuis le commencement de la révolution. » dit ensuite un grand complot est formé pour perdre dans l'esprit du peuple ses plus ardens amis. Danton a été dénoncé. Danton est l'homme qui a fait la révolution dans la Convention. Son éloquence et son patriotisme seuls pouvaient triompher des scélérats qui d'abord l'influençaient. Le décret contre ces assignats à face royale, je l'avais proposé, je fus conspué. Danton parla; il fut accepté d'une voix unanime. Danton est un grand homme et un grand patriote; aussi les aristocrates ont résolu de

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