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(5) L'un des capitaines d'Alexandre-le-Grand, et dont la famille régna quelque temps dans la Macédoine. (La Bruyère.) (Voyez chap. vIII, note 6.) Dans le reste de la phrase il faut, je crois, adopter la correction d'Auber, et traduire : « Qu'il est arrivé dans la Macédoine en trois

<< jours, » ou peut-être, « depuis trois jours. »

(6) Parceque les pins, les sapins, les cyprès, et tout autre bois propre à construire des vaisseaux, étoient rares dans le pays attique, l'on n'en permettoit le transport en d'autres pays qu'en payant un fort gros tribut. (La Bruyère.) Je crois, avec M. Coray, que ce trait a rapport à celui qui précède, et qu'il faut traduire : « Et que, ce prince lui «ayant voulu permettre d'exporter des bois de construc«tion sans payer de droits, il l'avoit refusé pour éviter les <calomnies. » C'est de la Macédoine qu'on faisoit venir ordinairement ces bois. Le manuscrit du Vatican ajonte, d'après l'interprétation de M. Schneider, «< Car il falloit ■ bien être plus raisonnable que les Macédoniens. » Cette

de quelque affaire; mais, sans s'arrêter, et se faisant suivre quelque temps, il lui dit enfin qu'on peut le voir après son souper (1). Si l'on a reçu de lui le moindre bienfait, il ne veut pas qu'on en perde jamais le souvenir; il le reprochera en pleine rue, à la vue de tout le monde (2). N'attendez pas de lui qu'en quelque endroit qu'il vous rencontre il s'approche de vous, et qu'il vous parle le premier de même, au lieu d'expédier sur-le-champ des marchands ou des ouvriers, il ne feint point de les renvoyer au lendemain matin, et à l'heure de son lever. Vous le voyez marcher dans les rues de la ville la tète baissée, sans daigner parler à personne de ceux qui vont et viennent (3). S'il se familiarise quelquefois jusqu'à inviter ses amis à un repas, il prétexte des raisons (4) pour ne pas se mettre à table et manger avec eux, et il charge ses principaux domestiques du soin de les régaler. Il ne lui arrive point de rendre visite à personne sans prendre la précaution d'envoyer quelqu'un des siens pour avertir qu'il va venir (5). On ne le voit point chez lui lorsqu'il mange ou qu'il se parfume (6). Il ne se donne Le grec ne joint pas le trait suivant à celui-ci, et y parle mais il dit négligemment à un valet de les calpas la peine de régler lui-même des parties;

faveur d'un roi étranger auroit pu compromettre un Athé

nien, ou du moins lui attirer l'envie et la haine d'une par

tie de ses concitoyens.

(7) Un talent attique dont il s'agit valoit soixante mines attiques; une mine, cent drachmes; une drachme, six oboles. Le talent attique valoit quelque six cents écus de

notre monnoie. (La Bruyère.) D'après l'évaluation de M. Barthélemy, le talent, que La Bruyère n'estime qu'en

viron 1800 livres, en valoit 5400. Le manuscrit du Vatican ajoute, « Car je ne sais ce que c'est que de refuser. »>

de ce genre de collectes nommées éranes, dont il a été question au chap. 1, note 3.

(8) On peut consulter, sur les charges onéreuses d'Athènes, le Voyage du jeune Anacharsis, chap. xxiv et chap. LVI. Elles consistoient en repas à donner, en chœurs à fournir pour les jeux, en contributions pour l'entretien des gymnases, etc., etc.

(9) Le grec dit : «Il se rend aux boutiques des marchands, et y demande des étoffes précieuses jusqu'à la valeur de deux talents, etc. » On peut substituer à la correction de Casaubon celle de xàsias, proposée par M. Visconti.

(10) Coutume des anciens. (La Bruyère.) (11) Par droit d'hospitalité. (La Bruyère.)

CHAPITRE XXIV.

De l'orgueil.

Il faut définir l'orgueil une passion qui fait que de tout ce qui est au monde l'on n'estime que soi. Un homme fier et superbe n'écoute pas celui qui l'aborde dans la place pour lui parler

culer, de les arrêter et les passer à compte. Il ne sait point écrire dans une lettre : « Je vous prie de me faire ce plaisir, » ou, de me rendre ce service; mais, J'entends que <cela soit ainsi : j'envoie un homme vers vous < pour recevoir une telle chose; je ne veux pas <que l'affaire se passe autrement; faites ce que je vous dis promptement et sans différer. › Voilà son style.

NOTES.

(1) Littéralement : « L'orgueilleux est capable de dire < à celui qui est pressé de le voir immédiatement après le a dîner, que cela ne peut se faire qu'à la promenade. >>

(2) D'après le manuscrit du Vatican : «< S'il fait du bien « à quelqu'un, il lui recommande de s'en souvenir : si on « le choisit pour arbitre, il juge la cause en marchant dans « les rues s'il est élu pour quelque magistrature, il la re<< fuse en affirmant par serment qu'il n'a pas le temps de << s'en charger. » Je corrige le verbe qui commence la seconde phrase, en paditwy.

(3) Le manuscrit du Vatican ajoute, « Ou bien portant << la tête haute, quand bon lui semble. »

(4) C'est le traducteur qui a ajouté cet adoucissement.

(5) Voyez le chapitre 11, de la Flatterie. ( La Bruyère.) | va, par ses ordres, savoir des nouvelles des

(6) Avec des huiles de senteur. (La Bruyère.) (Voyez chap. v, note 4.) Le manuscrit du Vatican ajoute, « Ou

<< lorsqu'il se lave. »

CHAPITRE XXV.

De la peur, ou du défaut de courage.

ennemis, observe quelle route ils ont prise, et où en sont les affaires; et, dès qu'il voit apporter au camp quelqu'un tout sanglant d'une blessure qu'il a reçue, il accourt vers lui, le console et l'encourage (7), étanche le sang qui coule de sa plaie, chasse les mouches qui l'importunent, ne lui refuse aucun secours, et se mêle de tout, excepté de combattre. Si, pendant le temps qu'il est dans la chambre du malade, qu'il ne perd pas de vue, il entend la trompette qui sonne la charge : Ah! dit-il avec imprécation, puisses-tu être pendu (8), maudit sonneur qui cornes incessamment, et fais un bruit enragé qui empêche ce pauvre homme de dormir! Il arrive même que, tout plein d'un sang qui n'est pas le sien, mais qui a rejailli sur lui de la plaie du blessé, il fait accroire (9) à ceux qui reviennent du combat qu'il a couru un grand risque de sa vie pour sauver celle de son ami : il conduit vers lui ceux qui y prennent intérêt, ou comme ses parents, ou parcequ'ils sont d'un même pays (10); et là il ne rougit pas de leur raconter quand et de quelle manière il a tiré cet homme des ennemis, et l'a apporté dans sa tente.

NOTES.

(1) Le grec dit : « Sur mer, il prend des promontoires << pour des galères de pirates. »

Cette crainte est un mouvement de l'ame qui s'ébranle, ou qui cède en vue d'un péril vrai ou imaginaire; et l'homme timide est celui dont je vais faire la peinture. S'il lui arrive d'être sur la mer, et s'il aperçoit de loin des dunes ou des promontoires, la peur lui fait croire que c'est le débris de quelques vaisseaux qui ont fait naufrage sur cette côte (1): aussi tremble-t-il au moindre flot qui s'élève, et il s'informe avec soin si tous ceux qui naviguent avec lui sont initiés (2); s'il vient à remarquer que le pilote fait une nouvelle manœuvre, ou semble se détourner comme pour éviter un écueil, ill'interroge, il lui demande avec inquiétude s'il ne croit pas s'être écarté de sa route, s'il tient toujours la haute mer, et si les dieux sont propices (5): après cela il se met à raconter une vision qu'il a eue pendant la nuit, dont il est encore tout épouvanté, et qu'il prend pour un mauvais présage. Ensuite, ses frayeurs venant à croître, il se déshabille et ôte jusqu'à sa chemise, pour pouvoir mieux se sauver à la nage; et après cette précaution il ne laisse pas de prier les nautonniers de le mettre à terre (4). Que si cet homme foible, dans une expédition militaire où il s'est engagé, entend dire que les ennemis sont proches, il appelle ses compagnons de guerre, observe leur contenance sur ce bruit qui court, leur dit qu'il est sans fondement, et que les coureurs n'ont pu discerner si ce qu'ils ont découvert à la campagne sont amis ou ennemis (5): mais si l'on n'en peut plus douter par les clameurs que l'on entend, et s'il a vu lui-même de loin le commencement du combat, et que quelques hommes aient paru tomber à ses yeux, alors, feignant que la précipitation et le tumulte lui ont fait oublier ses armes (6), il court les querir dans sa tente, où il cache son épée sous le chevet de son lit, et emploie beaucoup de temps à la cher-montagnes et entouré de la mer. Les religions antiques cher, pendant que, d'un autre côté, son valet des grands continents ouverts et plats devoient au con

(2) Les anciens naviguoient rarement avec ceux qui pastir, c'est-à-dire instruire des mystères de quelque divinité, soient pour impies; et ils se faisoient initier avant de parpour se la rendre propice dans leurs voyages. (Voyez le chap. XVI, de la Superstition. La Bruyère.)

Les mystères dont il s'agit ici sont ou ceux d'Éleusis, dans lesquels, d'après la religion populaire des Grecs, tout

le monde devoit être initié; ou bien ceux de Samothrace, qui étoient censés avoir la vertu particulière de préserver leurs initiés des naufrages.

(3) Ils consultoient les dieux par les sacrifices, ou par les augures, c'est-à-dire par le vol, le chant et le manger des oiseaux, et encore par les entrailles des bètes. (La Bruyere.) Le grec porte, « Il lui demande ce qu'il pense « du dieu; » et je crois, avec Fischer et Coray, que cela le dieu par excellence, présidoit sur-tout aux révolutions veut dire « ce qu'il présume de l'état du ciel. » Jupiter, ou de l'atmosphère. On peut même observer en général que la météorologie paroit avoir été la base primitive ou du moins la première occasion de la religion des Grecs. C'est ce qui devoit arriver dans un pays entrecoupé par des

traire être fondées principalement sur l'astronomie. Des traditions historiques se sont ensuite confondues avec les sentiments vagues de crainte, de reconnoissance et d'admiration que produisoient les révolutions de la nature. Des allégories et des idées morales y ont été jointes dès les commencements de la civilisation; mais la suite des siècles, et sur-tout les temps de malheurs et d'oppression, ont plongé les peuples dans les superstitions les plus grossières, tandis qu'un petit nombre de sages s'élevoit à des sentiments plus purs, et à des conceptions plus vastes et plus

lumineuses.

(4) Le grec porte : « Il se déshabille, donne sa tunique

point la domination de plusieurs (4); et de tous les vers d'Homère il n'a retenu que celui-ci :

Les peuples sont heureux quand un seul les gouverne.

Son langage le plus ordinaire est tel : Retirons-nous de cette multitude qui nous environne; tenons ensemble un conseil particulier où le peuple ne soit point admis; essayons même de lui fermer le chemin à la magistrature (5). Et s'il se laisse prévenir contre une personne d'une

« à son esclave, et prie qu'on l'approche de la terre, pour condition privée, de qui il croit avoir reçu quel

« la gagner à la nage, et se mettre ainsi en sûreté. »

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que injure, Cela, dit-il, ne se peut souffrir, << et il faut que lui ou moi abandonnions la ville. > Vous le voyez se promener dans la place, sur le milieu du jour, avec des ongles propres, la barbe et les cheveux en bon ordre (6); repousser fièrement ceux qui se trouvent sur ses pas; dire avec chagrin aux premiers qu'il rencontre que la ville est un lieu où il n'y a plus moyen de vivre (7); qu'il ne peut plus tenir contre l'horrible foule des plaideurs, ni supporter plus long-temps les longueurs, les crieries et les

(7) Le manuscrit du Vatican ajoute : « Essaie de le por- mensonges des avocats (8); qu'il commence à «ter, et puis s'assied à côté de lui, etc. »

(8) Le grec dit : « Puisses-tu devenir la pâture des con<< beaux ! »

avoir honte de se trouver assis dans une assemblée publique, ou sur les tribunaux, auprès d'un homme mal habillé, sale et qui dégoûte; et qu'il n'y a pas un seul de ces orateurs dévoués

(9) Le texte porte : « Il va à la rencontre de ceux qui au peuple qui ne lui soit insupportable (9). Il a reviennent du combat, et leur dit, etc. »

ajoute que c'est Thésée qu'on peut appeler le

(10) D'après le manuscrit du Vatican : « Il conduit vers premier auteur de tous ces maux (10); et il fait « lui ceux de sa bourgade ou de sa tribu. »

CHAPITRE XXVI.

Des grands d'une république (1).

La plus grande passion de ceux qui ont les premières places dans un état populaire n'est pas le desir du gain ou de l'accroissement de leurs revenus, mais une impatience de s'agrandir, et de se fonder, s'il se pouvoit, une souveraine puissance sur la ruine de celle du peuple (2). S'il s'est assemblé pour délibérer à qui des citoyens il donnera la commission d'aider de ses soins le premier magistrat dans la conduite d'une fête ou d'un spectacle, cet homme ambitieux, et tel que je viens de le définir, se lève, demande eet emploi, et proteste que nul autre ne peut si bien s'en acquitter (5). Il n'approuve

de pareils discours aux étrangers qui arrivent dans la ville, comme à ceux (11) avec qui il sympathise de mœurs et de sentiments.

NOTES.

(1) J'aurois intitulé ce chapitre, de l'Ambition oligarchique.

(2) D'après les différentes corrections dont ce passage est susceptible, il faut traduire, ou « L'oligarchie est une << ambition qui desire un pouvoir fixe, » ou bien «< qui << desire vivement de s'enrichir. » Les deux versions présentent une opposition à l'ambition des démagogues, qui ne briguent qu'une autorité passagère, et qui recherchent plutôt l'autorité que les richesses. Selon Aristote, l'oligarchie est une aristocratie dégénérée par le vice des gou

vernants, qui administrent mal, et s'approprient injustement la plupart des droits et des biens de l'état, conservent toujours les mêmes personnes dans les places, et s'occupent sur-tout à s'enrichir.

(3) La fin de cette phrase étoit très mutilée dans l'ancien

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CHAPITRE XXVII.

D'une tardive instruction.

Il s'agit de décrire quelques inconvénients où tombent ceux qui, ayant méprisé dans leur jeunesse les sciences et les exercices, veulent réparer cette négligence, dans un âge avancé, par un travail souvent inutile (1). Ainsi un vieillard de soixante ans s'avise d'apprendre des vers par cœur, et de les réciter à table dans un festin (2), où, la mémoire venant à lui manquer, il a la confusion de demeurer court. Une autre fois, faut faire dans les rangs à droite ou à gauche, il apprend de son propre fils les évolutions qu'il le maniement des armes (3), et quel est l'usage à la guerre de la lance et du bouclier. S'il monte un cheval (4) que l'on lui a prêté, il le presse de l'éperon, veut le manier; et, lui faisant faire des voltes ou des caracoles, il tombe lourdement et se casse la tête (5). On le voit tantôt pour s'exercer au javelot le lancer tout un jour contre l'homme de bois (6), tantôt tirer de l'arc, et disputer avec son valet lequel des deux donnera mieux dans un blanc avec des flèches; vouloir d'abord apprendre de lui, se mettre ensuite à l'instruire et à le corriger, comme s'il étoit le plus habile. Enfin, se voyant tout nu au sortir d'un bain, il imite les postures d'un lutteur; et, par le défaut d'habitude, il les fait de mauvaise grace; et il s'agite d'une manière ridicule (7).

NOTES.

(1) Le texte définit ce caractère, « un goût pour des « exercices qui ne conviennent pas l'âge où l'on se << trouve. >>

(2) Voyez le chapitre de la Brutalitė. ( La Bruyère. ) Chapitre xv, note 5.

(3) Au lieu de la fin de cette phrase que La Bruyère a ajoutée au texte, le manuscrit du Vatican ajoute, d'après une conjecture ingénieuse de M. Coray : « Et en arrière. » Ce manuscrit continue: « Il se joint à des jeunes gens pour << faire une course avec des flambeaux en l'honneur de « quelque héros. S'il est invité à un sacrifice fait à Her«< cule, il jette son manteau, et saisit le taureau pour << le terrasser; et puis il entre dans la palestre pour s'y << livrer encore à d'autres exercices. Dans ces petits thea<< tres des places publiques, où l'on répète plusieurs fois << de suite le même spectacle, il assiste à trois ou quatre << représentations consécutives pour apprendre les airs

par cœur. Dans les mystères de Sabasius, il cherche « à être distingué particulièrement par le prêtre. Il aime << des courtisanes, enfonce leurs portes, et plaide pour << avoir été battu par un rival. » On peut consulter sur les courses de flambeaux le chapitre xxiv du jeune Anacharsis; et l'on peut voir au vol. II, pl. 5, des vases de Hamilton, un sacrifice fait par de jeunes athlètes qui cherchent à terrasser un taureau. Cette explication du dessin que représente cette planche est du moins bien plus naturelle que celle qu'en donne le texte de Hamilton; et Pausanias parle quelque part d'un rit de ce genre. Les distinctions que brigue ce vieillard dans les mystères de Sabasius, c'est-à-dire de Bacchus, sont d'autant plus ridicules, que les femmes concouroient à ces mystères. ( Voyez Aristophane, in Lysistrata, v. 388; voyez aussi Démosth., pro Cor., page 314.)

J'ai suivi, dans la dernière phrase de cette addition, les corrections du critique anonyme de la Gazette littéraire

d'léna.

CHAPITRE XXVIII.

De la médisance.

Je définis ainsi la médisance, une pente secrète de l'ame à penser mal de tous les hommes, laquelle se manifeste par les paroles. Et pour ce qui concerne le médisant, voici ses mœurs. Si on l'interroge sur quelque autre, et qu'on lui demande quel est cet homme, il fait d'abord sa généalogie: son père, dit-il, s'appeloit Sosie (1), que l'on a connu dans le service, et parmi les troupes, sous le nom de Sosistrate; il a été affranchi depuis ce temps, et reçu dans l'une des tribus de la ville (2): pour sa mère,

(4) Le grec porte : « S'il va à la campagne avec un che c'étoit une noble Thracienne; car les femmes

<< val, etc. >

(5) Le manuscrit du Vatican ajoute ici une phrase vrai semblablement altérée par les copistes. D'après Schneider,

il faudroit traduire : « Il fait des pique-niques de onze « litres, » c'est-à-dire de onze oboles. « Reste à savoir, « dit cet éditeur, pourquoi cela est ridicule. » Peut-être

faut-il rapporter le fragment de l'auteur comique Sophron, « Le décalitre en est le prix,» aux Femmes mimes, titre de la pièce d'où ce fragment nous est conservé par Pollux, 1. IV, segm. 173, et supposer que le décalitre fût le prix ordinaire des jeux indécents ou des complaisances de ces femmes, et une espèce de surnom qu'on leur donnoit. On pourroit alors corriger ce passage Sexhis pais et traduire : « Il fait des pique-niques chez des danseuses. >> Mais peut-être aussi faut-il traduire tout simplement :

de Thrace, ajoute-t-il, se piquent la plupart d'une ancienne noblesse (5): celui-ci, né de si honnêtes gens, est un scélérat qui ne mérite que le gibet. Et retournant à la mère de cet homme qu'il peint avec de si belles couleurs (4) : Elle est, poursuit-il, de ces femmes qui épient sur les grands chemins (5) les jeunes gens au passage, et qui, pour ainsi dire, les enlèvent et les ravissent. Dans une compagnie où il se trouve quelqu'un qui parle mal d'une personne absente, il relève la conversation : Je suis, lui dit-il, de votre sentiment; cet homme m'est odieux, et je ne le puis souffrir: qu'il est in

<< Il rassemble, à force de prières, des convives pour supportable par sa physionomie! y a-t-il un plus

<<< manger avec lui à frais communs. >>

(6) Une grande statue de bois qui étoit dans le lieu des exercices, pour apprendre à darder. ( La Bruyère.) Cette explication est une conjecture ingénieuse de Casaubon; elle est confirmée en quelque sorte par une lampe antique sur laquelle M. Visconti a vu le palus contre lequel s'exerçoient les gladiateurs, revêtus d'habillements militaires. La traduction littérale de ce passage, tel que le donne le manuscrit du Vatican, seroit : « Il joue à la grande statue

« avec son esclave; » ce qui, par une suite de la même explication, pourroit être rendu par l'expression moderne : « Il tire au mur avec son esclave. » Ce manuscrit continue: « Il tire de l'arc ou lance le javelot avec le pé<dagogue de ses enfants. >>

(7) Littéralement : « Il s'exerce à la lutte, et agite beau« coup les hanches. » Le manuscrit du Vatican ajoute : << Afin de paroître instruit ; » et continue : « Quand il se trouve avec des femmes, il se met à danser en chantant << entre les dents pour marquer la cadence. >>

grand fripon et des manières plus extravagantes? Savez-vous combien il donne à sa femme (6) pour la dépense de chaque repas? trois oboles (7), et rien davantage; et croiriez-vous que dans les rigueurs de l'hiver, et au mois de décembre (8), il l'oblige de se laver avec de l'eau froide? Si alors quelqu'un de ceux qui l'écoutent se lève et se retire, il parle de lui presque dans les mêmes termes (9). Nul de ses plus familiers amis n'est épargné : les morts même dans le tombeau ne trouvent pas un asile contre sa mauvaise langue (10).

NOTES.

(1) C'étoit chez les Grecs un nom de valet ou d'esclave. (La Bruyère.) Le grec porte: « Son père s'appeloit d'a<< bord Sosie; dans les troupes il devint Sosistrate; en<< suite il fut inscrit dans une bourgade. » Le service militaire, quand la république y appeloit des esclaves ou

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