merai toute ma vie, & je ne veux point d'autre femme. ARGANTE. Hé bien, c'eft elle qu'on te donne. Quel diable d'étourdi, qui fuit toûjours fa pointe. HIA CINTE Oui, Octave, voilà mon pere que j'ai trouvé, & nous nous voions hors de peine. GERONTE. Allons chez moi, nous ferons mieux qu'ici pour nous entretenir. HIACIN TE. Ah, mon Pere, je vous demande par grace que je ne fois point feparée de l'aimable perfonne que Vous voiez: Elle a un merite, qui vous fera concevoir de l'eftime pour elle," quand il fera connu de vous. GERONTE. Tu veux que je tienne chez moi une personne qui eft aimée de ton frere, & qui m'a dit tantôt au nez mille fottifes de moi-même? ZER BINETTE. Monfieur, je vous prie de m'excufer. Je n'aurois pas parlé de la forte, fi j'avois fû que c'étoit vous, je ne vous connoiffois que de reputation. GERONTE. Comment, que de reputation? HIA CINTE. Mon Pere, la paffion que mon frere a pour elle, n'a rien de criminel, je répons de fa vertu. GERONTE. Voilà qui eft fort bien. Ne voudroit-on point que je mariafle mon fils avec elle? Une fille inconnue, qui fait le mêtier de coureufe.... SCENE XI. LEANDRE, OCTAVE, HIACINTE, NERINE. LEANDRE: Mon Pere, ne vous plaignez point que j'aime una inconnue, fans naifiance & fans bien. Ceux de qui 1 qui je l'ai rachetée viennent de me découvrir qu'elle eft de cette ville, & d'honnête famille; que ce font eux qui l'y-ont dérobée à l'âge de quatre ans; & voici un bracelet qu'ils m'ont donné, qui pourra nous aider à trouver fes parens. ARGANTE. Helas! à voir ce bracelet, c'eft ma fille que je perdis à l'âge que vous dites. Vôtre fille ? GERONTE. ARGANTE. Oui, ce l'eft, & j'y vois tous les traits qui m'en peuvent rendre affuré. HIACINTE. O Ciel! que d'avantures extraordinaires! SCENE XII. CARLE, LEANDRE, OCTAVE, GERONTE, ARGANTE, HIACINTE, ZERBINETTE, SILVESTRE, NERINE. CARLE. H, Meffieurs, il vient d'arriver un accident é trange. Quoi ? GERONTE. CARLE. Le pauvre Scapin.... GERONTE. C'eft un coquin, que je veux faire pendre. CARLE. Helas! Monfieur, vous ne ferez pas en peine de cela. En paffant contre un bâtiment, il lui eft tombé fur la tête un marteau de tailleur de pierre, qui lui a brifé l'os, & découvert toute la cervelle. Il fe meurt, & ila prié qu'on l'apportât ici pour vous pouvoir parler avant que de mourir. Où est-il? Le voilà. ARGANTE. CARLE. SCE SCENE DERNIERE. SCAPIN apporté par deux hommes, & la tête entourée de linges, comme s'il avoit été bien bleffé. Hy, ahy, Meffieurs, vous me voyez... Ahy, n'ai voyez un pas voulu mourir, fans venir demander pardon à toutes les perfonnes que je puis avoir offenfées.... Ahy. Oui, Meffieurs, avant que de rendre le dernier foupir, je vous conjure de tout mon cœur, de vouloir me pardonner tout ce que je puis vous avoir fait, & principalement le Seigneur Argante, & le Seigneur Geronte. Ahi. ARGANTE. Pour moi, je te pardonne; va, meurs en repos. SCAPIN. C'est vous, Monfieur, que j'ai le plus offenfé par les coups de bâton que.... GERONTE. Ne parle point davantage, je te pardonne auff. SCA PIN. C'a été une temerité bien grande à moi, que les coups de bâton que je.... " Laiffons cela. GERONTE. SCAPIN. J'ai,en mourant, une douleur inconcevable des coups de bâton que. GERONTE. Mon Dieu, tai-toi. SCAPIN. Les malheureux coups de bâton que je vous.... Tai-toi, te dis-je, j'oublie tout. SCAPIN. Helas, quelle bonté! Mais eft-ce de bon cœur, Monfieur,que vous me pardonnez ces coups de bâ zon que.... GERONTE. Eh oui. Ne parlons plus de rien; je te pardon ne tout, voilà qui eft fait. SCAPIN Ah, Monfieur, je me fens tout foulagé depuis cette parole. GERONTE. Oui, mais je te pardonne, à la charge que tu Comment, Monfieur? GERONTE. Je me dédis de ma parole, fitu réchapes. SCAPIN. Ahi, ahi. Voila mes foibleffes qui me reprennent. ARGAN TE. Seigneur Geronte, en faveur de nôtre joie, il faut lui pardonner fans condition. Soit. GERONTE. ARGANTE. Allons fouper ensemble, pour mieux goûter nôtre plaisir. SCAPIN. Et moi, qu'on me porte au bout de la table, en attendant que je meure. F 1.N THO 633002 |