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LA VIERGE D'ÉCOUEN

ET LA VIERGE DE MESLAND

(École de Tours)

On voit au Musée du Louvre, dans la salle de Michel Colombe, une vierge en marbre1, qui n'est guère inférieure à la fameuse Vierge d'Olivet, à qui elle fait pendant. Cette Vierge a été mentionnée, en 1876, par A. de Montaiglon à la fin de son bel article sur la Famille des Juste. Elle se trouvait alors dans la sacristie de la paroisse Notre-Dame à Versailles, où Courajod, qui en avait élucidé la provenance, l'avait signalée à Montaiglon2. Elle avait figuré jadis au château d'Ecouen et avait été apportée à Versailles à la Révolution. Depuis, Courajod la fit entrer au Louvre et la publia, en 1891, dans le Bulletin des Musées 3. Pour lui, comme pour Montaiglon, c'était, à n'en pas douter, une œuvre des premières années du xvio siècle, et il affirmait, d'après le caractère de l'œuvre, qu'elle appartenait à l'Ecole de la Loire.

Nous pouvons confirmer cette opinion aujourd'hui par une preuve en quelque sorte extrinsèque : il nous a été donné en effet de voir et de photographier dans l'église de Mesland, sur les confins du Loir-etCher et de l'Indre-et-Loire, une petite vierge de marbre de 0,80 de hauteur (celle du Louvre est de grandeur naturelle), qui est presque exactement la reproduction réduite de la vierge d'Ecouen. A part quelques très petits détails dans le costume et une légère différence d'expression dans la physionomie, c'est non pas une œuvre similaire ou simplement de même école, mais le même. type, la même œuvre.

1 N° 144 du Catalogue des Sculptures modernes, 1897.
2 Cf. Gazette des Beaux-Arts, 2° période, t. XIII, p. 669.
3 Cf. Bulletin des Musées, 1890, p. 192-199, fig.

Bulletin archéologique, t. XI.

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Le geste de la mère qui porte l'enfant sur le bras droit, la façon tendre et discrète dont ses doigts fuselés le soutiennent et jouent avec son petit pied, le geste naïf et charmant par lequel lui-même porte l'une de ses mains potelées sur le voile de sa mère et l'autre sur le col de son manteau; l'arrangement du voile et de la robe, la disposition des plis du manteau et aussi la qualité de l'exécution souple et légère, tout est identique.

L'église de Mesland dépendait d'un prieuré relevant de Marmoutier. Il est donc très naturel de supposer quecette œuvre aurait été envoyée de Tours et exécutée dans quelque atelier d'où serait sortie aussi par conséquent la belle vierge envoyée à Ecouen. Les deux œuvres se tiennent absolument et sont sûrement, sinon de la même main, du moins du même atelier. Quel est cet atelier? Nous ne saurions affirmer que c'est celui où travaillèrent Michel Colombe et son neveu Guillaume Regnault. Mais, si ce n'est celui-là, c'est sûrement un atelier voisin et presque équivalent, peut-être légèrement postérieur. L'une de ces deux œuvres, commandée sans doute par les Montmorency, alla porter au loin la renommée de l'Ecole de Tours, comme le tombeau de Poncher s'en alla à Paris, comme la vierge d'Olivet dans les environs d'Orléans, le Saint-Georges de Michel Colombe à Gaillon, ou le sépulcre du même à La Rochelle. L'autre, plus modeste, peut-être une sorte de réplique ou de répétition, resta en Touraine et se contenta d'éclairer de son sourire discret la petite église de Mesland où les siècles et les révolutions l'ont épargnée.

Paul VITRY,

Attaché au Musée du Louvre.

Bull Soe auch Toursine 1897 455-458 слово

LES PROCHES PARENTS DE DESCARTES

(Nouveaux documents)

René Descartes n'ayant pas laissé de postérité, il est évident que ses parents les plus rapprochés sont les descendants de son frère et de sa sœur. Son père, Joachim Descartes n'eut, de Jeanne Brochard, mère du philosophe, sa première femme, que deux autres enfants 1° un fils Pierre; 2 une fille Jeanne; et les descendants des enfants du second lit n'ont qu'une parenté moins complète.

1° Pierre Descartes, sieur de la Bretallière, établi en Bretagne où il était conseiller au Parlement, vendit ses biens de Poitou et de Touraine à la mort de son père. Il fit souche en Bretagne où ses descendants sont sans doute en grand nombre. Nous n'avons pas étudié cette descendance1.

2° Jeanne Descartes, née en 1593, épousa le 21 avril 1613, à Rennes, paroisse Saint-Germain, Pierre Rogier, écuyer, sieur du Crévy, qui fut gouverneur de Malétroit, fils de défunts Pierre et de dame Héleine de Bréhault, sieur et dame du Crévy2. De ce mariage naquit un fils François qui suit et plusieurs filles, dont l'une épousa François d'Avaugour et une autre, Guillaume de Lambilly.

François Rogier du Crévy fut marié, vers 1650, avec De Renée Foucault, dont : 1° Pierre Rogier du Crévy, évêque du Mans en 1712; 2° François Rogier, comte du Crévy, puis comte de Villeneuve à la mort de son cousin de la branche aînée; 3° Anne Rogier du Crévy, mariée en deuxièmes noces le 11 mai 1687, en la

On trouvera la descendance de Pierre Descartes, dans Beauchet-Filleau, Dictionnaire des familles du Poitou, 2° édition, t. III, p. 81. 2 Contrat devant Mazette et Gicquel, notaires à Rennes (Arch. dép. d'Ille-et-Vilaine, série E, Fonds de Giré, liasse Descartes, 241).

chapelle du château de Cicé, l'acte est sur les registres de la paroisse Saint-Germain de Rennes (contrat du 10 devant Berthelot, notaire à Rennes), avec FrançoisSalomon de la Tullaye, écuyer, sieur du Plessis-Tison, procureur général en la Chambre des Comptes de Bretagne à Nantes, veuf de De Morice; 4o Joachim Rogier. Du mariage de François-Salomon de la Tullaye avec Anne Rogier du Crévy est issu Louis-Solomon de la Tullaye, écuyer, sieur de Varennes, né le 27 octobre 1692 et baptisé le 3 septembre 1693 en la paroisse de SaintDonatien de Nantes, marié à Angers, dans la chapelle de l'évêché, le 4 janvier 1723 (l'acte se trouve sur les registres de la paroisse Sainte-Croix), avec Marie-Françoise-Pauline Volaige de Cierzay, dont entre autres enfants :

Hélène-Pulchérie de la Tullaye, née le 22 août 1736 et baptisée le 25 en l'église de Savennières (Maine-etLoire), mariée le 7 juin 1762 dans la chapelle du château de Varennes, paroisse de Savennières, avec PierreGabriel de Rechignevoisin de Guron, veuf de Rose Texier de Saint-Germain, né le 3 août 1724, à Saint-Légerlès-Melle (Deux-Sèvres), dont: Rose-Pulchérie de Rechignevoisin de Guron (Rosette des Mémoires de la marquise de la Rochejaquelin), née le 13 octobre 1766, au château de la Bourcière, paroisse d'Antigny (Vendée); elle suivit avec sa mère l'armée vendéenne et épousa, le 14 septembre 1796, en la paroisse de Jallais (Maine-etLoire), Jacques-Philippe comte de la Béraudière, chef de division des armées catholiques et royales de la Vendée, né le 3 novembre 1767, au château de Bouzillé, paroisse de Melay (Maine-et-Loire.) Après la Révolution, le comte et la comtesse de la Béraudière vinrent

L'acte de mariage est porté sur le registre des baptêmes, mariages et décès de l'église Notre-Dame de Jallais pour 1796 (ce registre est conservé à la cure de Jallais); il n'y eut aucune publication de bans, <«<le futur conjoint, dit l'acte, étant poursuivi par la loi de la République ». Naturellement il ne se trouve aucune trace de ce mariage dans les registres de l'état civil de Jallais.

s'établir dans leur terre de Beauvais, paroisse de SaintEtienne-de-Chigny, et nous pensons que leur descendance représente incontestablement la plus proche parenté de Descartes en Touraine. Ils eurent trois enfants:

1° Agathe-Hélène-Pulchérie de la Béraudière, née à Jallais, le 25 septembre 1798, mariée à Saint-Etiennede-Chigny, le 25 septembre 1820, avec Charles-Armand Gilles de Fontenailles;

2° Victorine de la Béraudière, née le 24 février 1800, mariée à Jean-François-Gabriel marquis de la Bigne; 5° Jacques-Raymond comte de la Béraudière, né le 27 février 1809, marié avec De Gasparine-Marie-Charlotte de Loyac (Vendeuvre, Sarthe), 24 août 1834.

Du comte Raymond de la Béraudière et de Die de Loyac sont nés :

1° Jacques-Henry, comte de la Béraudière, décédé célibataire ;

2o Jules-Melchior, comte de la Béraudière, célibataire; 3o Delphine de la Béraudière, veuve de Pierre de Sarcé, qui fut assassiné près de Juarez, République Argentine, le 9 décembre 1884, dont postérité.

De M. et Mme de Fontenailles sont nés: Georges Gilles de Fontenailles, marié à De Marthe Baguenault, de Viéville, sans enfants; - Pulchérie Gilles de Fontenailles, mariée au comte de Marolles, dont postérité : -Charlotte-Victorine Gilles de Fontenailles, mariée le 9 octobre 1849 à Louis-Charles-Mériadec de Scourion de Beaufort, dont postérité; - Armande Gilles de Fontenailles, mariée à Maurice Longuet de la Giraudière, dont postérité.

Du marquis et de la marquise de la Bigne sont nés : Gaston, marquis de la Bigne, lieutenant-colonel de cavalerie, célibataire, mortellement blessé au combat de Villeneuve-Ingret, près de Patay, le 4 décembre 1870; Louis, marquis de la Bigne, ancien officier de cavalerie, célibataire; Marie-Françoise de la Bigne, mariée le

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