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Dans l'Ode fuivante, c'eft un homme qui remercie Dieu de l'avoir retiré des portes de la mort.

Seigneur, il faut que la Terre
Connoiffe en moi vos bienfaits,
Vous ne m'avez fait la guerre
Que pour me donner la paix.
Heureux l'homme à qui la grace
Départ ce don efficace

Puifé dans fes faints tréfors
Et qui rallumant sa flamme,
Trouve la fanté de l'ame
Dans les fouffrances du corps.
t

Non, non, vos bontés facréesTM
Ne feront point célébrées
Dans l'horreur des monumens.
La mort aveugle & muette
Ne fera point l'interpréte
De vos faints Commandemens.

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Mais ceux qui de fa menace
Comme moi font rachetés,
Annonceront à leurs races
Vos Céleftes vérités.

J'irai, Seigneur, dans vos Temples.

Réchauffer par mes exemples

جو

Na

Les mortels les plus glacés,

Et vous offrant mon hommage,
Leur montrer l'unique ufage

Des jours que vous me laiffez.

NOBLESSE.

Roufeau

Qu'il faut foutenir par de bonnnes qualités l'honneur d'être d'un Sang Noble; que c'eft par là qu'on peut mériter de la confidé

ration.

On ne m'éblouit point d'une apparence vaine, La vertu d'un cœur noble eft la marque certaine;

Si vous êtes fortis de ces Héros fameux, Montrez nous cette ardeur qu'on vit briller en

eux,

Ce zéle pour l'honneur, cette horreur pour le

vice.

Refpectez-vous les loix, fuyez-vous l'injuftice! Savez-vous fur un mur repouffer des affauts, Et dormir en plein champ le harnois fur le dos? Je vous connois pour Noble à ces illustres matques,

Alors foyez iffu des plus fameux Monarques, Venez de mille ayeux, & fi ce n'eft affez, Feuilletez à loifir daus les fécles paffés,

Voyez de quel Guerrier il vous plaît de defcen

dre;

Choififfez de Céfar, d'Achille ou d'Alexandre. En vain un lâche efprit voudroit vous démen

tir,

Et fi vous n'en fortez, vous en devez fortir. Mais fuffiez-vous iffu d'Hercule en droite li

gne,

Si vous ne faites voir qu'une baffeffe indigne,
Ce long amas d'ayeux que vous diffamez tous
Sont autant de témoins qui parlent contre vous.
Et tout ce grand éclat de leur gloire ternie
Ne fert plus que de jour à votre ignominie.
En vain tout fier d'un Sang que vous deshono-

rez,

Vous dormez à l'abri de ces noms révérés, En vain vous vous couvrez des vertus de vos peres,

Ce ne font à mes yeux que de vaines chimeres. Je ne vois rien en vous qu'an lâche, un impof

teur.

Un traitre, un fcélérat, un perfide, un men

teur,

Un fou dont les accès vont jusqu'à la furie,
Et d'un tronc fort illuftre une branche

rie.

pour

Boileau.

OPINION OF PREVENTION.

Les effets de l'opinion ou de la prévention.

C'eft fouvent du hazard que naît l'opinion, Et c'eft l'opinion qui fait toujours la vogue. Je pourrois fonder ce Prologue

Sur gens de tous états; tour eft prévention, Cabale, entêtement, point ou peu de justice, C'est un torrent, qu'y faire? il faut qu'il ait fon

cours.

Cela fut & fera toujours....
L'enseigne fait la chalandise.

J'ai vu daus le Palais une robe mal mife
Gagner gros, les gens l'avoient prife
Pour Maître tel qui trainoit après foi
Force écoutans: demandez moi pourquoi?

PARIS.

Defcription burlefque de la Ville de Paris par Scarron,

Un amas confus de maisons,
Des crottes dans toutes les rues
Portes, Temples, Palais, Prisons,
Boutiques bien ou mal pourvûes.

Force gens noirs, blancs, roux, grifons,
Des prudes, des filles perdues,
Des meurtres & des trahisons,

Des gens de plume aux mains crochues.

Maint poudré qui n'a point d'argent,
Maint homme qui craint le Sergent,
Maint fanfaron qui toujours tremble,
Pages, Laquais, Voleurs de nuit,
Voilà Paris; que vous en semble?

PEINTURE.

Eloge de la Peinture.

Le Poëte fait parler la Peinture ellemême.

A de fimples couleurs mon art plein de magie
Sait donner du relief, de l'ame & de la vie.
Ce n'est rien qu'une toile, on penfe voir des

corps.

J'évoque quand je veux les abfens & les morts, Je transporte les yeux aux confins de la Terre. Il n'eft d'évenement ni d'amour ni de guerre Que mon art n'ait enfin appris à tous les yeux. Les Myfteres profonds des Enfers & des Cieux Sont par moi révélés; pár moi l'œil les découvre,

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