cret d'arrestation, et de le conduire aussitôt au comité de sûreté générale. Ces gendarmes obéissent, se saisissent du traître et le conduisent au comité. La nouvelle s'en répand bientôt à la commune ; Cof finhal se détache du comité d'exécution, se fait suivre de deux ou trois cents sicaires armés, qui étoient dans les cours de la maison commune, marche droit au comité de sûreté générale, et délivre son camarade Henrior, qui, plus audacieux que jamais, vient jusqu'aux portes de la convention, le sabre à la main, harangue des troupes et des canonniers qui étoient accourus pour défendre les députés, leur monte la tête contre l'assemblée qu'il leur peint comme un amas de brigands qui veulent anéantir les patriotes, fait faire volte face à ces soldats, et les emmène avec lui à la com mune, pour diriger ensuite leur artillerie contre la représentation nationale. Le danger étoit imminent. Collot qui, quoique président de l'assemblée, restoit dans ces instans périlleux au comité de salut public pour conjurer l'orage, arrive tout effrayé à la convention court au il fauteuil, et se couvre en signe de détresse ; tous les autres chapeaux sont en bas, se fait un silence profond. « Les comités de gouvernement sont forcés, dit-il, leurs membres dispersés les rebelles sont en force, la chose publique est perdue, il ne nous reste plus qu'à mourir sur nos chaires curules, Pères Conscrits; jurons tous d'y mourir sans lâcheté ». O dévouement superbe, séance à jamais mémorable! tous les députés se lèvent à-la-fois, jettent leur chapeau en l'air, jurent d'un concert unanime de mourir à leur poste, et prêts à péir, s'écrient unanimement: vive la république. « Ce n'est point assez que de mourir s'écrie un membre, sauvons la chose publique, s'il en est tems encore, et du moins mourons utilement pour la patrie ». Oui, s'écrie-t-on. Henriot est en insurrection? mettons Henriot hors la loi. Aux voix, s'écrie-t-on, et Henriot est bors la loi. La commune est en insurrection? trettons tous les membres de la commune hors la loi. Aux voix, et tous les membres de la commune sont hors la loi. - Robespierre et ses complices, réfugiés dans le sein de la commune, partagent la rébellion de cette dernière? mettons Robespierre et ses complices hors la loi.- Aux voix, s'écrie-t-on encore et Robespierre et ses complices sont aussi hors la loi. Mais cela ne suffit point encore, ce n'est pas avec un décret simplement que l'on riposte à de la mousqueterie, à des canons; Barras est nommé commandant de la force armée. Barras accepte avec transport, et s'écrie: Je ne jure pas de mourir pour la patrie, je jure de revenir vainqueur. A Barras, sont adjoints d'autres commissaires pour se trànsporter dans les sections, éclairer le peuple, et ramener les citoyens égarés à leurs devoirs ; de ce nombre sont: Fréron, Ferrand, Rovère, Delmas, Boletti, Léonard Bourdon et Bourdon de l'Oise. Un homme courageux ose pénétrer jusque dans la maison commune, et remet à Payan le décret qui met le conseil général de la commune hors la loi, Payan le fait jeter dans un cachot; mais il faiz plus, il lit ce décret aux citoyens qui étoient dans les tribunes, et par une insigne faus seté, et dans l'intention d'exaspérer davantage encore ces citoyens contre la conyention, après avoir lu que la commune est hors la loi, il ajoute, comme si cela étoit dans le décret, que la convention par ce même décret, met aussi hors la loi tous les citoyens qui sont dans les tribunes de la commune: ce trait n'étoit pas celui d'un homme qui perdît facilement la tête ; mais la ruse eut un tout autre effet que celui que Payan s'en étoit promis. Le peu ple des tribunes, au lieu de vociférer contre la représentation nationale, et de demander qu'on marchât contre elle, crut voir la foudre tomber sur lui, et dans la crainte d'être frappé de mort, se dispersa sur le-champ. Barras, dans cet instant, marche droit dont les soldats sectionnaires étoient venus 1 cher contre la représentation nationale, les uns fuient à pas précipités, les autres unissent leurs armes aux citoyens fidèles qui se sont dévoués à la cause de la liberté, et qui obéissent à Barras; l'artillerie même, dont la commune s'étoit fait investir, est en an clin-d'œil tournée et dirigée contre elle; les conspirateurs qui sont renfermés dans la maison commune, sont instruits de cet événement; le cri mille fois répété, de vive la république ! vive la représentation nationale! retentir jusqu'à eux. Ces scélérats ne doutent plus du supplice qui leur est réservé, et bientôt on a pénétré jusqu'à eux. Le lâche Robespierre ne se tire un coup de pistolet qu'a la dernière extrémité, et se fracasse seulement la mâchoire (1) ; il respire encore pour éprouver à son tour toutes (1) On a prétendu, et Bourdon lui-même avoit dit à la convention que c'étoit un gendarme qui avoit blessé Robespierte; ce fait s'est trouvé faux ; il est démontré par le témoignage de Bochard,concierge alors de la Maison commune, que c'est Robespierre lui-même qui avoit attente à sa vie, et non le gendarme en question. |