Page images
PDF
EPUB

Robespierre et ses complices, réfugiés dans le sein de la commune, partagent la rébellion de cette dernière? mettons Robespierre et ses complices hors la loi.- Aux voix, s'écrie-t-on encore et Robespierre et ses complices sont aussi hors la loi.

[ocr errors]

Mais cela ne suffit point encore, ce n'est pas avec un décret simplement que l'on riposte à de la mousqueterie, à des canons; Barras est nommé commandant de la force armée. Barras accepte avec transport, et s'écrie: Je ne jure pas de mourir pour la patrie, je jure de revenir vainqueur. A Barras, sont adjoints d'autres commissaires pour se trànsporter dans les sections, éclairer le peuple, et ramener les citoyens égarés à leurs devoirs ; de ce nombre sont: Fréron, Ferrand, Rovère, Delmas, Boletti, Léonard Bourdon et Bourdon de l'Oise.

Un homme courageux ose pénétrer jusque dans la maison commune, et remet à Payan le décret qui met le conseil général de la commune hors la loi, Payan le fait jeter dans un cachot; mais il faiz plus, il lit ce décret aux citoyens qui étoient

dans les tribunes, et par une insigne faus seté, et dans l'intention d'exaspérer davantage encore ces citoyens contre la conyention, après avoir lu que la commune est hors la loi, il ajoute, comme si cela étoit dans le décret, que la convention, par ce même décret, met aussi hors la loi tous les citoyens qui sont dans les tribunes de la commune: ce trait n'étoit pas celui d'un homme qui perdît facilement la tête ; mais la ruse eut un tout autre effet que celui que Payan s'en étoit promis. Le peuple des tribunes, au lieu de vociférer contre la représentation nationale, et de demander qu'on marchât contre elle, crut voir la foudre tomber sur lui, et dans la crainte d'être frappé de mort, se dispersa sur le-champ.

Barras, dans cet instant, marche droit à la commune, à la tête de deux colonnes dont les soldats sectionnaires étoient venus entourer la convention pour la protéger; le décret de mise hors la loi précéde cette force armée, la lecture que l'on en fait terrifie les citoyens égarés qui, groupés sur la place de la Commune, alloient maş:

cher contre la représentation nationale, les uns fuient à pas précipités, les autres unissent leurs armes aux citoyens fidèles qui se sont dévoués à la cause de la liberté, et qui obéissent à Barras; l'artillerie même, dont la commune s'étoit fait investir, est en an clin-d'œil tournée et dirigée contre elle; les conspirateurs qui sont renfermés dans la maison commune, sont instruits de cet événement; le cri mille fois répété, de vive la république ! vive la représentation nationale! retentir jusqu'à eux. Ces scélé rats ne doutent plus du supplice qui leur est réservé, et bientôt on a pénétré jusqu'à eux.

Le lâche Robespierre ne se tire un coup de pistolet qu'a la dernière extrémité, er sę fracasse seulement la mâchoire (1) ; il respire encore pour éprouver à son tour toutes

(1) On a prétendu, et Bourdon lui-même avoit dit à la convention que c'étoit un gendarme qui avoit blessé Robespierte; ce fait s'est trouvé faux ; il est démontré par le témoignage de Bochard,concierge alors de la Maison commune, que c'est Robespierre lui-même qui avoit attente sa vie et non le gendarme en question.

les horreurs du dernier supplice; son frère se brise, se fracasse le corps, en se précipitant d'une des croisées de la maison commune, et vit aussi, pour accompagner le tyran à l'échafaud, et par sa chûte se préparer des souffrances que le supplice de la guillotine, trop doux pour de semblables criminels, lui eût épargnées. Saint-Just, trop pusillanime pour se frapper lui-même, conjure Lebas de lui donner la mort. -Lâche, lui réplique Lebas, j'ai bien autre chose à faire, et en même tems il se brûle à lui-même la cervelle d'un coup de pistolet ; Coffinhal au désespoir, et furieux contre Henriot qui lui avoit répondu des troupes en faveur de la commune, saisit ce général d'un bras vigoureux, et le jette à travers une croisée dans un égoût, d'où il fut déterré encore vivant, mais couvert d'ordure, de sang et de boue ; et Couthon ne pouvant se remuer par lui-même, à cause de son infirmité, fut trouvé sous une des tables de la maison commune, agitant contre son sein un couteau dont il feignoit de vouloir se tuer: Fleuriot Lescot, Payan et tous les autres conspirateurs furent aussitôt in

vestis et arrêtés. La convention, en apprenant ce succès, fit éclater des transports de joie et décréta que les sections de Paris avoient bien mérité de la patrie.

On releva Robespierre baigné dans son sang, et après l'avoir placé dans un fauteuil, on rapprocha, avec un mouchoir passé sous son menton et noué sur sa tête, sa mâchoire inférieure de la supérieure, et il fut conduit en cet état au comité de sûreté générale, où on l'étendit sur une table, après lui avoir mis une boîte de sapin sous la tête, en place d'oreiller. Là, il fut outragé de toutes les manières ; les uns lui crachoient à la figure, pendant que d'autres, moins exaspérés, essuyoient, avec des morceaux de papiers, les ordures dont on lui couvroit le visage et la salive qui s'arrêtoit à sa bouche ensanglantée. Insensible aux malédictions dont on l'accabloit, sourd aux questions qu'on lui faisoit, il paroissoit plongé dans une léthargie absolue et tenoit machinalement dans sa main le sac de son pistolet.

Il n'y avoit pas de jugement à prononcer; la mise hors la loi n'exigeoit que la

« PreviousContinue »