Page images
PDF
EPUB

n'est autre que notre Almanus; mais de cette observation résulte ce fait, qu'Olmanus, c'est-à-dire Almanus a vécu au commencement du neuvième siècle en 812.

Alanus ou Almanus devint évêque sous le pontificat de saint Léon III. De son temps, Hoël, comte de Nantes, ayant été tué à Roncevaux, son corps fut apporté à Nantes et enseveli à Saint-Donatien. En l'an 812, Benoît, grec d'origine, né à Patras en Archaïe, d'une famille illustre, appartenant à l'ordre des sénateurs, aborda à Nantes avec sa sœur Avénie et neuf autres compagnons. Alain recueillit cette sainte émigration avec bienveillance. Avénie fut placée par son frère dans un monastère de vierges, près de Saint-Clément de Nantes, monastère probablement fondé par saint Colomban, lors de son passage en cette ville, en 610. Quant à Benoît, il vint s'établir avec quelques compagnons dans la solitude de Macérac (et non Marcerac, comme l'écrit l'abbé Tresvaux, t. VI, p. 61), située au confluent du Don et de la Vilaine dont il avait obtenu la concession de Gondebaud, comte de Nantes, à la recommandation de l'évêque'.

Alain dut mourir vers l'an 816.

[blocks in formation]

Trudtgarus, Trugarius, Trutarius, Drutcarius, Druacarius. Travers croit que ce prélat fut évêque à peine un an. Albertle-Grand, au contraire, le fait occuper le siège depuis 816, et ajoute que l'année suivante (817), il assista avec Auriscand II de Rennes, Hélicar d'Aleth, Libéralis de Léon, N. de Cornouailles et N. du Mans, à un grand synode convoqué à Redon par commandement de l'empereur Louis-leDébonnaire et présidé par l'archevêque de Tours. Cette date de 817, si elle est exacte, ce dont nous ne prenons

Voir saint Benoit de Macerac. Sa vie, sa légende, par le comte Régis de l'Estourbeillon. In-8° raisin avec planches, Nantes, imp. Emile Grimaud, 1885.

pas la responsabilité, s'oppose à l'intercalation entre Alain et Trudgard d'un certain Atto, dont parlent Travers et Tresvaux, qui donnent pourtant son existence comme certaine. Le Cartulaire de Redon fait mention de Trudgarus à l'an vingt-et-unième de l'empereur Louis (835). Richowen était alors comte de Nantes, comme le prouve l'extrait suivant d'une charte de ce même cartulaire :

« Fait et passé1 dans le lieu appelé Église d'Avizac (Avessac) «l'an vingt-et-unième de l'empire du vénéré seigneur Louis «Richowen, tenant le comté de Nantes, et Trutcaire l'é« vêché ! » — Actum est hoc in loco nuncupato Ecclesiæ Avizac, anno XXI, imperii domni ac venerabilis Ludovici, tenente Richowino comitatum Nanneticum, Drutcarios episcopatum.

Nous avons dit que Trudgarius mourut en l'an 835.

(La suite prochainement.)

J. DE KERSAUZON.

1

O Cartulaire de Redon, p. 17.

L'ENSEIGNEMENT

SECONDAIRE ECCLÉSIASTIQUE

DANS LE DIOCÈSE DE NANTES

APRÈS LA RÉVOLUTION

(1800-1815)1

PREMIÈRE PARTIE

LES COLLÈGES COMMUNAUX

En étudiant les efforts du clergé nantais pour la réorganisation de l'enseignement exclusivement ecclésiastique, nous comprendrons bientôt qu'il faut lui attribuer l'honneur d'avoir relevé les études classiques dans notre pays, après la Révolution.

Mais nous arriverons tout d'abord au même but, en montrant l'impuissance presque absolue des municipalités à constituer, en dehors de l'Eglise, des maisons sérieuses d'éducation; tant il est vrai que le soin de l'instruction revient naturellement à l'Eglise, et qu'elle possède, à un degré supérieur, avec la vocation divine, les aptitudes, le dévouement et, par là même, la confiance des familles.

[blocks in formation]

I

MACHECOUL

L'ancienne capitale du duché de Retz, Machecoul, possédait, avant la Révolution, un collège florissant, qui compla jusqu'à quatre-vingts élèves'. Cette ville, si maltraitée pendant la guerre civile, ne fut pas épargnée au point de vue de l'instruction comme tous les autres, son collège sombra dans la tourmente.

La guerre, à peine terminée, Machecoul sortit de ses ruines, et voulut relever cet utile établissement.

Dès 1802, une maison d'instruction fut ouverte par un sieur Dubuisson. Celui-ci désira bientôt transformer sa pension en école secondaire; mais l'approbation du gouvernement était nécessaire. Elle fut sollicitée dans le cours de l'an XIII.

Le directeur portait plus loin encore ses prétentions i demandait pour son école la concession du couvent du Calvaire.

On ne fit droit qu'à la première demande. Un décret de Napoléon, daté des Tuileries, érigea l'institution Dubuisson. à Machecoul en école secondaire.

Fourcroy avait exigé un certificat constatant que les bâtiments du Calvaire n'étaient point réservés à un service public. Ce certificat ne put sans doute lui être fourni, et l'école. n'entra point en jouissance du Calvaire.

M. Dubuisson ne désespéra point cependant, et l'année

1 L. Maitre, l'Instruction publique.., pag. 152.

2 Le principal, M. Etienne Gaschignard, bien qu'il eût élevé plusieurs aspirants au sacerdoce, et qu'il eût des ecclésiastiques parmi ses professeurs, se tourna du côté de la Révolution. Il fut mis à mort pendant l'occupation vendéenne. (Alfred Lallié. District de Machecoul, passim).

3 Décret du XI prairial an X (1 mai 1802).

30 janvier 1806.

suivante il insistait auprès de la ville pour qu'elle achetât le vieux couvent

Le bureau d'administration n'entra pas dans ses vues et demanda seulement l'achat de la maison occupée déjà par l'institution'.

L'érection solennelle du petit collège en école secondaire eut lieu le 30 avril 1806. Il est à croire qu'au début, le succès de cet établissement répondit aux espérances de ceux qui l'avaient protégé. C'est du moins ce qui résulte d'une lettre du maire de Machecoul au préfet, lettre dans laquelle les qualités du directeur et les progrès de sa maison sont exaltés avec enthousiasme : « L'école secondaire que Sa Majesté l'Empereur et Roi a eu la bonté d'établir à Machecoul prend un accroissement qui fait espérer un résultat plus avantageux encore pour un temps qui paraît peu éloigné; car je sais que beaucoup de pères de famille se proposent d'envoyer leurs enfants à cette école, sans parler des communes de Bourgneuf, Pornic, Paimboeuf, Nantes et autres communes de ce déparment; déjà celle de Challans (en le département de la Vendée) y a envoyé six élèves. Cette même commune et beaucoup d'autres des environs, pour qui est ouverte gratuitement l'école de Saint-Jean-de-Mont, préfèrent cependant celle de Machecoul.

«Je me permettrais, Monsieur le préfet, quelques réflexions sur cette préférence, si vous ne connaissiez vous-même et l'école de Machecoul et le sieur Dubuisson, qui en est le directeur; vous savez aussi bien que moi que la confiance dont il jouit, il la doit à ses lumières, à sa manière douce et ferme tout à la fois de contenir la jeunesse, et surtout à sa moralité.

"On ne peut se dissimuler d'ailleurs que depuis quatre ans qu'il a ouvert une école à Machecoul, il n'ait fait beaucoup de sacrifices pour mettre cet établissement sur le pied où il est

Délibération du 28 octobre 1807, Arch. dép.

« PreviousContinue »