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auroit point ici de fûreté pour moi. Laiffez-le moy conduire, & ne bougez d'ici.

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SBRIGANI.

Je vous prie donc d'en avoir un grand foin.

L'EXEMPT.

Je vous promets de ne le point quitter, que je ne l'aye mis en lieu de fûreté.

M. DE POURCEAUGNAC à Strigani. Adieu. Voilà le feul honnête homme que j'aye trouvé en cette ville.

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! SBRIGAN I.

Ne perdez point de temps; je vous aime tant, que je voudrois que vous fuffiez déja bien loin. Que le Ciel te conduife! Par ma foy, voilà une grande dupe. Mais voici ...

SCENE VI.

ORONTE, S BRIGAN I.

A

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SBRIGA NI.

H quelle étrange avanture! quelle fâcheufe nouvelle pour un Pere! Pauvre Oronte, que je te plains! Que diras-tu ? & de quelle façon pourrastu fupporter cette douleur mortelle ?

ORONTE.

Qu'eft-ce? quel malheur me prefages-tu ?

SBRIGANI.

Ah, Monfieur, ce perfide de Limofin, ce traître de Monfieur de Pourceaugnac, vous enleve vôtre Fille.

ORONT E.

Il m'enleve ma Fille?

SBRIGA NI.

Ouy; elle en eft devenue fi folle, qu'elle vous quitte pour le fuivre ; & l'on dit qu'il a un caractere pour fe faire aimer de toutes les femmes.

ORONT E.

Allons vite à la Justice. Des Archers aprés eux.

Tom. III.

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SCE

SCENE VII

ERASTE, JULIE, SBRIGANI,
ÖRONTE.

ERASTE.

Llons, vous viendrez malgré vous, & je veux

nez, Monfieur, voila vôtre Fille que j'ay tirée de force d'entre les mains de l'homme avec qui elle s'enfuyoit; non pas pour l'amour d'elle, mais pour votre feule confideration: car aprés l'action qu'elle a faite, je dois la méprifer, & me guerir absolumen de l'amour que j'avois pour elle.

ORONTE.

Ah infame que tu es!

ERASTE

Comment ? me traiter de la forte aprés toutes les marques d'amitié que je vous ay données! Je ne vous blâme point de vous être foûmife aux volontez de Monfieur votre Pere il eft fage & judicieux dans les chofes qu'il fait, & je ne me plains point de luy de

'avoir rejetté pour un autre. S'il a manqué à la parole qu'il m'avoit donnée, il a fes raifons pour cela. On lui a fait croire que cet autre eft plus riche que moi de quatre ou cinq mille écus; & quatre ou cinq mille écus eft un denier confiderable, & qui vaut bien la peine qu me manqué à fa parole: Mais oublier en un mome toute l'ardeur que je vous ay montrée, vous laiffer d'abord enflâmer d'amour pour un nouveau venu, & le fuivre honteufement fans le confentement de Monfieur vôtre Pere, après les crimes qu'on lui impute, c'eft une chofe condamnée de tout le monde, & dont mon cœur ne peut vous faire d'affez fanglans reproches.

JULIE

Hé bien ouy, jay conceu de l'amour pour l lui, & je Pay voula fuivre, puifque moh Pere me l'avoit choifi pour époux. Quoi que vous me difiez, c'est un fort honnête homme; & tous les crimes dont on l'accufe, font faufletez épouvantables.

ORON

C

,

ORONT E.

Taifez-vous vous étes une impertinente, & je fçay mieux que vous ce qui en eft,

JULIE,

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Ce font fans doute des pieces qu'on lui fait, & c'est peut être lui qui a trouvé cet artifice pour vous en degoûter.

ERTA ST E.O

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Moy, je ferais capable de cela betri á alla s foto

1 Ouy, vous.

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JULIE.

ГРАЯ..

SOR ON TIE.

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1 Taifez-vous, vous dis-je; vous étesune fotter ERASTE.

Non, non, ne vous imaginez pas que j'aye aucune envie de detourner ce mariage, & que ce foit ma paffion qui m'ait forcé à courir aprés vous. Jer Vous l'ay deja dit, ce n'eft que la feule confideration que j'ay pour Monheur votre Pere, & je n'ay pû fouffrir qu'un honnête homme comme luy fût expofé à la honte de tous les bruits qui pourroient fuivre une action comme la vôtre. und ob sup dA

ORONT E.

Je vous fuis, Seigneur Erafte infiniment obligé.

ERAST E. OD SK Adicu, Monfieur, j'avois toutes les ardeurs du monde d'entrer dans votre alliances j'ay faic, tout ce que j'ay pu pour obtenir un tel honneur, mais g'ayį été malheureux, & vous ne m'avez pas jugé digne de cette grace. Cela n'empefchera pas que je ne conferve pour vous les fentimens d'eftime & de veneration où vôtre perfonnem'oblige; & fi je n'ay pû être vô tre gendre au moins feray-je éternellement vôtre

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ferviteur.17 07

ORONTE.

Arrêtez, Seigneur Erafte, vôtre procedé me tou che l'ame, & je vous donne ma Fille en mariage.osg JULIE.

Je ne veux point d'autre mari que Monfieur de Pourceaugnac.

ORONTE.

Et je veux moi, tout à l'heure, que tu prennes le Seigneur Erafte, çà, la main.

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JULIE.

Non, je n'en ferai rien.

ORONT E.

Je te donnerai fur les oreilles.

ERASTE.

Non, non, Monfieur, ne lui faites point de violence, je vous en prie.

ORONTE.

C'eft à elle à m'obeïr, & je fçay me montrer le Maître.

ERASTE.

Ne voyez-vous pas l'amour qu'elle a pour ce! homme-la? & voulez-vous que je poffede un corps, dont un autre poffede le cœur ?

ORONTE.

Ceft un fortilege qu'il luy a donné, & vous verrez qu'elle changera de fentiment avant qu'il foit peu. Donnez-moy vôtre main.: Allons. JULIE

-Je ne....

الر

ORONTE.

Ah que de bruit! ça, vôtre main, vous dis-je. Ah, ah, ah.

ERASTE.

Ne croyez pas que ce foit pour l'amour de vous que je vous donne la main; ce n'eft que Monfieur vôtre Pere dont je fuis amoureux, & c'eft lui que j'épouse.

ORONTE.

Je vous fuis beaucoup obligé, & j'augmente de dix mille écus le mariage de ma Fille. Allons, qu'on faffe venirle Notaire pour dreffer le contract.

ER ASTE.

En attendant qu'il vienne, nous pouvons jouir du divertiffement de la faifon, & faire entrer les mafques que le bruit des nopces de M. de Pourceaugnac a attirez ici de tous les endroits de la ville.

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PLUSIEURS MASQUES, de toutes les manieres, dont les uns occupent plufieurs Balcons, & les autres font dans la Plate, qui par plufieurs chansons &diverses danfes & jeux, cherchent à fe donner des plaifirs innocens.

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UNE EGYPTIENNE.

Ortez,

fortez de ces lieux,

Soucis, chagrins & triftesse,
Venez, venez, ris & jeux,
Plaifirs, amour & tendreffe,
Ne fongeons qu'à nous rejoüír,
La grande affaire eft le plaifir.

Choeur des Muficiens.
Ne fongeons qu'à nous réjouir,
La grande affaire eft le plaifir.
L'EYPTIENNE.

A me fuivre tous ici

Votre ardeur eft non commune
Et vous étes en fouci

De vôtre bonne fortune:

Soyez toujours amoureux,

C'est le moyen d'être heureux.

UN EGYPTIEN.

Aimons jufques au trepas
La raifon nous y convie.
Helas! fi l'on n'aimoit pas,
Que feroit-ce de la vie?
Ah! perdons plûtôt le jour,
Que de perdre notre amour.
Tous deux en dialogue.
L'EGYPTIEN.

Les biens,

L'EGYPTIENNE.
La gloire,

L'EGYPTIEN.
Les grandeurs,

L'E GYPTIENNE.

Les fceptres qui font tant d'envie,

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L'E

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