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folie; elle avait tout épuisé; et n'avait plus que l'agitation malade de l'incertitude et de la confusion. Elle n'existait plus que par sa révolution, toujours sans terme ; maintenant sans but, depuis qu'il avait été dépassé par cette fausse république; dont la grande majorité n'avait jamais voulu ; sa révolution même lui était à charge et odieuse; sa révolution n'était plus sous la garde de l'esprit national; elle se balançait entre une faction, qui voulait la ruiner de fond en comble, et celle qui ne savait que recourir à des horreurs abominées, pour la maintenir. Les factions elles-mêmes, usées, décriées, toujours plus près d'un nouveau désastre, que d'un plein triomphe; ne demandaient, chacune, que leur impunité, ou si on veut, leur sécurité ; qu'un abri où elles pussent aller désarmer, fût-ce à côté l'une de l'autre. Plus de révolution; point de contre-révolution; une autorité qui brise tout et prédonime; une autorité unique telle était le cri, non de l'opinion publique; (il n'y avait, ni ne pouvait y avoir d'opinion publique;) mais le soupir impatient d'une lassitude universelle.

Cette position n'était point nouvelle :

toutes les histoirés la retracent comme l'effet accoutumé des violentes commotions; c'est celle qui avait donné un généralat monarchique à Auguste, un protectorat royal à Cromwel; elle donnait à Bonaparte le pouvoir suprême, sous le titre de consul.

Que cette autorité voulût tout replacer par l'ordre ; tout raffermir par les lois; tout épurer par de nobles principes; tout féconder par de généreuses impulsions; tirer le comble des biens de l'excès des maux : tout s'y prêtait; et cela s'accomplissait comme le résultat de la secousse même, comme une direction simple à un but fixe.

Que cette autorité ne voulût aller qu'à une domination bizarre, qui ne serait ni l'ancien ni le nouveau régime; qu'elle voulût s'approprier la France, comme un don des circonstances; cela n'était pas impossible non plus. La révolution, une fois livrée, n'avait plus de quoi se défendre ; et la contre-révolution gagnait, à cette double usurpation, toutes les chances d'un vague avenir.

On se trompe, quand on croit que ces hommes, qui étonnent de tout ce qu'ils ont fait, opèrent, par un vaste système, conçu à

l'avance, auquel se rapportent et duquel découlent tous leurs actes; cela n'appartient qu'à des philosophes, hommes d'état. On peut croire cela d'un Turgot, revêtu de la domination d'un Richelieu, et non d'un Bonaparte. Mais les Bonaparte sont menés par un instinct plus puissant, peut-être, dans F'action, qu'un plan combiné. Cependant les ressorts de leur marche, observés et étudiés, fournissent réellement les élémens d'un système.

Nous pouvons aujourd'hui démêler celui qu'il suivit, avec toute l'intensité de son unique passion. C'est nous révéler à nousmêmes le secret de la tyrannie, dont nousavons été les jouets et les victimes; encore plus que les complices.

Ici, ce n'est plus seulement un homme d'une destinée à part, que j'ai à expliquer ; c'est encore cette subite et déplorable transformation, qu'ont subie la France et l'Europe; un des plus hideux phénomènes, qu'ait offerts le cours social. Ici, le portrait d'un personnage se fond dans le tableau d'une époque.

FIN DE LA SECONDE PARTIE.

DE LA SECONDE PARTIE.

PENSÉES et Réflexions politiques et littéraires.

Observations littéraires.

LIVRE Ier.

Morceaux insérés dans les pensées détachées.
Sur l'aptitude de notre talent.

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LIVRE. II. Observations morales et politiques.

Morceaux insérés dans les pensées détachées.

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Sur le cours de la justice sous Bonaparte.
Aspect moral et dramatique d'une cause cé-

lèbre.

LIVRE III. Sur les femmes.

Fragment de morale. De la générosité.

Portraits historiques anciens et modernes.
Lycurgue.

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