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retournât, ne cherchoit, à l'exception de quelques zélés Montagnards qu'elle renfermoit dans son sein, qu'à se tirer des serres de ces vautours, ou à périr par un coup d'éclat.

Étoit-ce pour flatter Robespierre, dont le plan d'élévation lui étoit connu ? étoitce au contraire pour lui tracer un plan, que quelque tems avant le 9 thermidor, Payan écrivoit à l'incorruptible: qu'il falloit qu'il se dépêchât de renverser Bourdon et ses complices; qu'il falloit qu'il fit périr tous les journalistes qui avoient eu la malveillance ou la lâcheté, lors de la discussion sur la fameuse loi du 22 prairial, de ne pas prendre la défense du tribunal révolutionnaire, de ne pas parler contre Ruamps, Tallien et autres, dans la crainte, en combattant les membres de la convention, de paroître attaquer la représenta tion nationale?« Apprenez à tous les citoyens de la France, continuoit Payan, en écrivant au nouveau Cromwel , qu'une mort infâme attend tous ceux qui s'opposeront au gouvernement; qu'ils tremblent! que tes suggéreurs de rapports fassent des

réflexions

réflexions salutaires, et que le comité de salut public, acquierre, s'il est possible, et plus de force, et plus d'importance, et plus d'autorité; qu'il emploie toute la masse du pouvoir qu'on lui confie, au saJut de la république; augmentons, augmenmentons cette masse, pour qu'elle écrase plus facilement. Toute l'autorité que nous gardons est inutile à la patrie, qu'elle aille se vivifier, s'utiliser au centre du gouvernement. Vous ne pouvez pas choisir de moment plus favorable pour frapper tous les conspirateurs; on sait que toutes nos victoires sont le fruit de vos travaux. Voulez-vous atterrer en même tems tous les malveillans et les députés ? remportez de grandes victoires dans l'intérieur; faites un rapport qui frappe à-la-fois toutes les conspirations; décrétez des mesures salu taires pour les journaux ; que les fonctionnaires publics responsables, puisqu'ils sont Jes ministres de la morale, soient dirigés par vous qu'ils servent à centraliser, uniformiser l'opinion publique, c'est-àdire le gouvernement moral car vous n'avez encore centralisé que le

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gouverne

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à

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ment physique, il faut que tous vous aient en vue. Faites, je vous le répète, un rapè embrasse tous les conspirateurs, qui montre toutes les conspirations réunies en une seule que l'on y voie des Fayétistes, des Royalistes, des Fédéras listes, des Hébertistes, des Dantonistes et des Bourdons de l'Oise. Travaillez en grand».

Payan, en écrivant de la sorte à Ro bespierre, le prioit de brûler sa lettre soit, nous le répétons, qu'elle fût con forme au plan que ce dernier s'étoit tracé, soit qu'il voulût la méditer, au contraire Robespierre la trouva trop précieuse pour la livrer aux flammes. Depuis long-tems, en effet, Robespierre songeant à céntraliser l'autorité en lui seul, cherchant à abattre les comités, après avoir abattu la convention; depuis long-tems, disonsnous, Robespierre avoit proposé aux comités de salut public et de sûreté génétale réunis, de suspendre les séances de l'assemblée et de dissoudre insensiblement la représentation nationale; il avoie éprouvé de la résistance dans ce projet, de

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la part des comités de gouvernement, qui déjà ne soupçonnoient que trop ses vues ambitieuses. Les membres qui composoient çes comités de gouvernement, n'avoient une force si prépondérante, que par l'existence de la convention, qni paroissoit leur avoir délégué toute sa puissance, mais aucun d'eux n'étoit connu idolâtré adoré dans les départemens comme Robespierre, qui seul y avoit une influence terrible, qui paroissoit composer à lui seul tout le comité de salut publie, tout le comité de sûreté générale, en sorte que ces comités sentirent bien que la convention au nom de laquelle ils trouvoient bon de régner, une fois abattue, il ne seroit pas difficile à Robespierre, vu son immense popularité, de les abattre à leur tour,

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Robespierre ayant échoué de ce côté, essaya de lutter seul, et contre les comités, et contre la convention; il cessa de se rendre aux séances du comité de salut public, toute-fois en y laissant pour espions, Lebas, Couthon et Saint-Just, ses affidés, qui lui rendoient un compte exact de tour Ggz

ce qui s'y passoit. C'est ici le cas de remarquer que, si Robespierre, qui par goût, ou pour l'exécution de ses desseins, faisoit verser tant de sang, a été accusé dans un tems, d'avoir lui seul dressé les listes de proscription, er commandé à Fouquier tous les massacres du tribunal révolution naire, cette accusation n'est pas entièrement conforme à la vérité; car il est bon de dire, que, pendant le mois qu'il cessa d'aller au comité de salut public, ce comité fit mettre en jugement et exécuter plus de citoyens, dans cet intervallé, qu'on en avoit mis à mort dans les deux mois précédens.

Cependant, Robespierre, après cette rupture ouverte avec ses collègues du comité de salut public, n'en conservoit pas moins une portion majeure de l'autorité que s'étoit arrogée ce comité, et faisant passer, soit par lui-même ou par les siens, des projets de décret à la convention, ne daignoit pas les communiquer aux autres membres des comités de gouvernement; entouré de ses créatures, il travailloit à

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