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Le 20 juin, Jallet assiste à la séance du Jeu-de-Paume; quelques jours plus tard, à celle de l'église Saint-Louis ; le 4 août, il prouve son désintéressement en abandonnant ses dimes; enfin, il déclare que la nation, comme souveraine, a le droit indiscutable de disposer des biens ecclésiastiques, l'Etat se chargeant, dans cette hypothèse, de pourvoir au traitement des prêtres.

A propos du droit de faire la paix et la guerre, il croit qu'avant de déléguer ce pouvoir, la nation doit se demander si elle l'a elle-même, et il pose cette maxime remarquable, que toute agression injuste est contraire au droit naturel, et qu'une nation n'a pas plus le droit d'attaquer une autre nation qu'un individu d'attaquer un autre individu.

Nous trouvons ensuite un exposé de cette fameuse Constitution civile du clergé que l'on connaît trop peu et dont, suivant l'auteur, le but principal était de modifier les traitements des évêques et des curés et de les proportionner aux charges réelles de leurs offices. Avant la Révolution, certains curés possédaient à peine 700 livres de portion congrue, c'est-à-dire de traitement assuré, tandis que des évêques jouissaient de 100, 200, 500 et même 800 mille livres de revenu. La nouvelle Constitution proportionnait le traitement à la population, forçait les évêques, curés et vicaires à exercer gratuitement leur ministère, obligeait les premiers, sous des peines sévères, à la loi de résidence. Les prêtres de tous rangs devaient désormais prêter le serment solennel « de veiller avec soin sur les fidèles » qui leur étaient confiés; d'être fidèles à la nation, à la >> loi et au roi ; et de maintenir de tout leur pouvoir la >> Constitution décrétée par l'assemblée nationale et ac»ceptée par le roi. »

L'adoption de la Constitution civile du clergé divisa les

prêtres en assermentés et en insermentés ou réfractaires.

Jallet fut le premier évêque constitutionnel; il fut élu, à une imposante majorité, évêque du département des Deux-Sèvres, par les électeurs réunis en l'église de Niort. Il refusa d'accepter le poste auquel l'appelait le vote de ses compatriotes, sous prétexte que le mauvais état de sa santé lui interdisait la prédication, le premier devoir d'un évêque à ses yeux. Ce refus eut des conséquences fâcheuses, parce qu'il induisit en erreur un grand nombre d'ecclésiastiques qui crurent à un revirement chez Jallet. Il s'en défendit vivement, déclarant que ses opinions n'avaient pas varié et qu'il était, comme par le passé, attaché à la Révolution et à la Constitution civile du clergé. Il prit même à parti Mercy, évêque réfractaire de Luçon. Il ne comprenait pas que cet évêque ne voulût pas prêter un seul serment à la nation, lui qui en avait autrefois prêté deux, l'un au roi, l'autre au pape.

Parmi les travaux de Jallet, l'historien cite encore une brochure et un discours dans lesquels il s'élève avec force contre la peine de mort, qui fut maintenue malgré ses efforts.

Usée par tant de travaux et par une prodigieuse activité de corps et d'esprit, sa santé avait, depuis plusieurs années, commencé à s'altérer. Frappé, le 13 août 1791, d'une attaque d'apoplexie, il meurt subitement à Paris, ne laissant d'autre héritage que sa bibliothèque.

Les conclusions de la notice sont celles-ci : Jallet, trente ans prêtre, montra toutes les vertus d'un ministre de l'Evangile; député, il lutta avec succès contre l'égoïsme et le machiavélisme du haut clergé; et s'il embrassa les principes de la Révolution française, c'est qu'ils sont ceux du christianisme social. Enfin (et ici je laisse parler

l'auteur): « Il meurt pauvre et le silence se fait bientôt » sur lui comme sur tous ceux qui, animés du pur amour » du bien, ne songent qu'à remplir leur devoir et n'al» tendent pas en ce monde leur récompense. »>

Je me résume, Messieurs. La forme de l'ouvrage... le style, veux-je dire, est le style de l'histoire, sobre et concis avec clarté ; le fond est le récit épisodique de faits qui intéressent notre histoire nationale; le but enfin, je vous l'ai dit en commençant, est de léguer à la postérité le nom d'un homme qui donna à ses contemporains l'exemple de toutes les vertus civiques.

Un ouvrage, dans ces conditions, mérite mieux qu'un encouragement banal. Il est plus qu'une bonne œuvre littéraire dans la forme, il est une action méritoire dans son but. Nous devons nous faire pour ainsi dire, Messieurs, les complices de cette bonne action. C'est ce qu'a pensé votre commission en vous proposant de décerner à l'auteur une médaille d'argent.

J'ai fini, Messieurs. Je n'ai pas été, je l'avoue, aussi bref que je l'aurais voulu. J'ai pensé qu'il était du devoir d'une Société savante d'accueillir, sinon par des éloges, au moins par une critique sérieuse, les ouvrages soumis à son examen. J'espère, au reste, que votre indulgence ne me fera pas défaut, et vous remercie de la bienveillante attention que vous m'avez prêtée.

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Les monuments antiques et particulièrement les vestiges de nos premiers âges tendent à disparaître. L'Académie accueillerait avec empressement les mémoires destinés à en conserver le souvenir.

* QUESTION.

Etudes historiques sur l'une des institutions de Nantes.

4 QUESTION.

Etudes complémentaires sur la faune et la flore du département.

Nous possédons déjà les catalogues des oiseaux, des mollusques et des coléoptères de notre région; ainsi que la flore phanérogamique et un catalogue des cryptogames.

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La Société Académique ne voulant pas limiter son concours à des questions purement spéciales, décernera une récompense au meilleur ouvrage

De morale,

De littérature,
D'histoire,

D'économie politique,
De législation,

De sciences.

Les mémoires manuscrits devront être adressés, avant le 1er août 1869, à M. le Sécrétaire général, rue du Calvaire, 7. Chaque mémoire portera une devise reproduite sur un paquet cacheté mentionnant le nom de son

auteur.

Tout candidat qui se sera fait connaître sera de plein droit hors de concours.

Néanmoins une récompense pourra être accordée, par exception, aux ouvrages imprimés, traitant de travaux intéressant le département de la Loire-Inférieure.

Les prix consisteront en médailles de bronze, d'argent

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