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Poffre qu'Antinous lui fit de fa vie. Adrien fit paffer cette mort [e] pour Cun accident comme fi Antinous fe fût noié dans le Nil. Spartien [f]fans chercher tant de myftére dans la mort d'Antinoüis, croit qu'il mourut de débauche.

Héliogabale choififfoit [g] pour fes facrifices magiques les enfants les plus nobles & les plus beaux, & qui avoient pére & mére, afin d'augmenter les regrets & la douleur de leur perte.

Hérodote [b] rapporte qu'Amafis roi d'Egypte ne put confommer fon mariage avec fa femme Laodice, jufqu'à ce qu'on eût pratiqué des expiations. Saint Thomas [i]ne doute point - qu'il n'y ait des fortiléges pour nouer l'éguillette.

Plutarque [k] a remarqué dans la vie de Périclés, que ce grand homme montra un jour à un de fes amis qui l'étoit venu voir, un préfervatif que des femmes lui avoient pendu au col; -foit qu'il le portât par complaifance, ou par foibleffe..

Il étoit défendu [?]parmi les anciens Romains, de tenir les jambes croifées - lorfqu'on affiftoit à un confeil, à un facrifice, ou à des couches. Et dans la plupart des païs d'Italie les fem. mes n'avoient pas la permiffion de filer en chemin, de peur qu'en tournant leurs fufeaux, elles ne fiffent tort aux fruits.

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Lorfque Rome fut affiégée la prémiére fois par Alaric en l'année 408.des enchanteurs Tofcans convinrent avec Pompeianus préfet de Rome, que par les fecrets des Arufpices ils mettroient les Goths en fuite. Si l'on en croit Zofyme, non feulement le préfet & les fénateurs Romains permirent ces enchantements, mais le pape Innocent I. y confentit ; & fi les enchantements ne furent pas achevés, ce fut parce que les Tofcans voulurent faire renouveller les anciens facrifices, qu'on faifoit autrefois au Capitole & à la porte de la ville; & que le peuple Romain n'y voulant pas affifter, aima mieux fe délivrer d'Alaric, en lui donnant de groffes fommes. Zofyme fe trompe fans doute au fujet du confentement du pape Innocent; & après les obfervations de Baronius, Godefroi [m] prouve que ce faint pape au contraire, fe joignant à la députation du fénat de Rome vers l'empereur qui étoit à Ravenne, expofa à Honorius l'abus des pratiques fuperf stitieufes, & fut le principal auteur de cette loi [n], que l'empereur donna le 25, Janvier 409. par laquelle il bannit de Rome & de toutes les villes les Mathematiciens,qui ne feroient pas profeffion de la foi Catholique, & qui ne bruleroient pas leurs écrits erronés en préfence des évêques 973

On lit dans Grégoire de Tours que Sigebert roi des François fut vaincu rum concrematis,Catholicæ religionis cul. tui fidem tradere, numquam ad errorem præteritum redituri, non folùm urbe Româ, fed etiàm omnibus civitatibus pelli decernimus: quod fi hoc non fecerint, & contra clementiæ noftræ falubre conftitutum in civitatibus fuerint deprehenfi, vel fecreta erroris fui & profeffionis infinuaverint, deportationis pœnam excipiant, datum 8.Kalend. Februar. Ravennæ Honorio VIII. & Theod. III. AA. Coff. In Cod. Theodof, tit, 16, de malefic. & mathemat leg.12,

par les illufions magiques [o] des Huns, qui taillérent fon armée en piéces, & l'aïant invefti l'obligérent à demander la paix.

Les anciens romanciers rapportent que Charlemagne devint amoureux d'une femme, jufqu'à oublier le foin de toute affaire, & même de fa propre perfonne. Cette femme étant morte peu après, l'empereur eut la même paffion pour fon cadavre, & ne pouvoit le quitter. L'archevêque Turpin, épiant l'occafion que Charlemagne étoit obligé par quelque befoin de s'éloigner de ce corps, le vifita exacte-, le vifita exacte-, ment, & trouva enfin dans la bou che au-deffous de la langue, un an neau qu'il lui ôta. Le monarque retournant fur fes prémiéres brifées, fut fort étonné de fe trouver auprès d'une carcaffe fi puante, & ordonna qu'on l'enterrât promptement. Mais en échange de cette folie, il tourna tou tes fes pensées vers l'archevêque porteur de l'anneau, le fuivant par tout. Ce que le fage prélat aiant remarqué, & craignant que cet anneau ne tombât au pouvoir de quelque autre, il le jetta dans un lac prochain. Alors Charlemagne fe trouva fi épris de l'amour du lieu, qu'il ne quitta plus. ce féjour, & qu'il y fit bâtir un palais & un monaftére l'un pour y achever fes jours, & voulant être enterré dans l'autre ; ordonnant de plus par fon teftament , que touts les empereurs fes fucceffeurs fuffent prémiérement facrés [p] en ce lieu. Cette hiftoire eft un des meilleurs titres, fur lefquels fe fonde l'opinion de ceux qui foutiennent que les ma

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[o] Gregor. Turon, l. 4. c. 20.. [p] A Aix, la-Chapelle,

21 Centum ter denos cum magus ab

lins efprits peuvent être enfermés dans des anneaux.

Les habitants d'Hamelen fur le Wefer, dans la baffe Saxe, étant fort incommodés des rats, en 1284. il fe préfenta un étranger, qui fit marché avec eux pour les en délivrer. Il tira de fa gibeciére une flute, dont le fon entraîna touts les rats qui le fuivirent, & étant entré dans le Wefer, il les noya touts. Les habitants firent difficulté de le païer comptant, & fe mocquérent de fes menaces, mais ils s'en repen tirent bientôt. Le magicien revint couvert d'un chapeau de couleur pourpre ; & jouant d'une autre flute, touts les enfants depuis quatre ans jufqu'à douze le fuivirent, fans qu'il fût poffibile de les retenir. Il les emmena dans une caverne qui eft au bas d'une montagne nommée Koppen, & l'on n'en eut aucune nouvelle depuis. Cette hiftoire, qui a été racontée par qui a été racontée par wierus, par Erichius, & par d'autres auteurs,fut peinte en 1571. fur une vitre de l'églife d'Hamelen. Sur une porte de cette ville appellée la porte neuve, on a écrit un dyftique [9] dont le fens eft, que cette porte fut bâtie, deux cents foixante & douze ans,après l'enlèvement de 130. enfants de la ville, par un magicien . Un troifiéme monument de cette hiftoire a été gravé en vers dans un couvent de faint Boniface; & il a été marqué dans fes vers, que les 1 30. enfants furent perdus, le jour de faint Jean & de faint Paul..

On voit par un petit traité que faint Agobard évêque de Lyon com-. pofa l'an 833. que c'étoit une opinion. commune en ces temps là, que cer-. Xx 2

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tains enchanteurs avoient le pouvoir d'exciter la foudre, la grêle, & la tempête, pour gater & détruire les biens de la terre, & qu'ils les vendoient enfuite à certains habitants des nuës, quiamenoient touts les ans par les airs des navires, pour charger ces provifions: que cet évêque eut beaucoup de peine un jour à délivrer quelques perfonnes, que le peuple traînoit au fupplice, comme étant tombées de ces navires.

Dans les capitulaires de Charlemagne[r] de l'année 80s. il eft parlé des forciers, qui excitoient des tempêtes.

On lifoit dans Timée [s], qu'Empédocle avoit eu le pouvoir d'appaifer les vents [t] Etéfiens, & de les [] renfermer dans des outres de peaux d'ânes.

Il y avoit à Corinthe une race d'hommes, qui fe vantoit de commander aux vents [x], & d'avoir fur eux l'autori té de calmer, ou d'exciter leur violence. Dans Hérodote [y], les chefs des Perfes appaifent une tempête par le fecours des magiciens.

Eric roi de Suéde furnommé Chapeau-venteux, faifoit accroire que les vents [z] foufloient de touts les côtés, vers lefquels il tournoit fon chapeau. Et l'hiftoire de Danemarc porte que Haquin roi de Norvége, étant prêt de livrer bataille aux Danois, fit tomber fur leur armée une grêle terrible, qui leur fouettant les yeux & les aveuglant devenit un genre de combat plus difficile à foutenir, que les efforts des armes de leurs ennemis.

[r] Deincantatoribus & tempeftariis,cacapitular.reg.Francor.Baluz.t.1.p 438. [] Tim.ap.Diog.Laërt.in Emped. Suid. in voce aus.

[] Les vents Etéfiens étoient ceux qui revenoient réguliérement dans certaines faifons de l'année.

[x] Ce pouvoir d'Empedocle le fit furnom

Les Lappons vendent les vents aux pilotes [ a ]leur donnant des cuirs noués de trois nœuds, dont ils difent que le dénouement donne aux vents la liberté de fe répandre fur les flots.

que

Il s'étoit répandu dans l'Amérique une prédiction des idoles fous le régne de Montezuma des étrangers feroient la conquete du Mexique.

Sennert a décrit les charactéres; les paroles, ou les images, dont la vertu eft de rendre invulnérables. Il croit que cet art tire fon origine de l'armée qui s'étant affemblée à Passau en 1611. fit une irruption en Bohé me, & s'empara de la ville de Prague; & que c'eft de là qu'on l'ap pelle l'art de Paffau. Ileft indetermi né fi un bruit fi général a quelque fondement réel. Cet auteur ajoute que quelques-uns rapportent la vertu de ces préfervatifs aux influences des altres: que pour lui il ne fçait si la caufe de cet effet eft naturelle ou magique. Sennert eût été moins embarraffé, s'il eût pris le parti de rejetter entiérement une opinion aufli abfurde. On trouve affez de gens qui font des contes de ces fortes de fecrets, on en trouve auffi qui fe vantent de les avoir eux-mêmes; mais il ne fe préfente perfonne qui veuille enfaire une épreuve férieufe.

Eneas Sylvius Picolomini, qui a été pape fous le nom de Pie II. a écrit, dans fon hiftoire de Bohéme,` qu'une femme prédit à un foldat de

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l'armée d'Uratiflas, que l'armée de ce prince feroit taillée en piéces par le duc de Bohéme, que fi le foldar vouloit éviter la deftinée générale, il faloit qu'il tuât la prémiére perfonne qu'il rencontreroit en fon chemin, qu'il lui coupât les oreilles, & les mît dans fa poche; & que de l'épée dont il auroit commis co meurtre, il traçât dans la terre une croix entre les jambes de fon cheval, qu'il la baifat, & que montant fur ce cheval il prît la fuite. Le jeune homme éxécuta ce qui lui avoit été prefcrit. La bataille se donna, Uratiflas fut tué, Je jeune foldat fe fauva; mais en arrivant dans fa maifon, il trouva que c'étoit fa femme, qu'il avoit percée de fon épée, & à qui il avoit coupé les

oreilles.

Le comte de Savoye accompagnant le duc d'Anjou [b] au voïage de Naples, fit trancher la tête à un magicien qui offroit de rendre les François maîtres du château de l'Oeuf par fes enchantements.

Il n'y a guéres de grands ouvrages d'architecture, qui n'aïent paffé dans l'opinion du peuple,pour avoir été achevés en un inftant par les démons. C'étoit le bruit qui couroit autrefois en Proven ce, fur la conftruction du pont d'Avignon. Baronius [c] en a fait un véritable miracle, qu'il attribue à un petit berger de douze ans, nommé Benezet, & il l'appuie fur une bulle du pape In nocent IV.A

Dans le procès d'Enguerrand de Ma

[b] Froiffard,vol.z.ch.39.

[c] Baron. annal, ad ann. 1177. in fine. [d] Mézerai, abregé chronol, ann. 1574. [e] Cofmus Rugierius tunc facris addictus ad regem delatus fuerat, quafi ipfius vitæ deteftandis magiæ artibus perniciem molitus effet. Nam in arce Nannetenfi, fpecie pingendi, cellam peculiarem ha

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rigni, on produifit un magicien, qu'on avoit furpris, difoit-on, faifant des images de cire, qui repréfentoient le roi Louis Hutin, & Charles de Valois, afinde les faire mourir, en piquant ou faifant fondre leurs images..

On trouva chez la Mole une image: de cire que Côme Ruggier, Florentin & grand charlatan, lui avoit accom-. modée pour charmer une demoiselle, dont la Mole étoit amoureux. La rei ne Catherine de Médicis [ d ] vouloit. qu'on crût que cette image avoit été. faite pout charmer le roi. La Mole le nia toujours fortement.

On avoit rapporté au roi, dit de Thou [e], que Côme Ruggier, qui étoit alors dans l'état eccléfiaftique, attentoit à la vie par des arts diaboliques: qu'il avoit une chambre où il fe retiroit. fecrettement dans la citadelle de Nantes, & qu'aux heures qu'il s'y enfermoit fous prétexte de peindre il perçoit d'une éguille une image de cire qui repréfentoit le roi, après l'avoir chargée de malédictions & d'enchantements. horribles, & qu'il efpéroit faire ainsi mourir le roi de langueur.

On lit dans le même auteur que Louis Farnéfe, averti par le pape Paul III. fon pére d'une conjuration, découvrit au moïen de la magie les noms des conju rés [f]; il ne put cependant fe ga rantir de leurs embuches ni fauver fa vie.

26. Hiftoire la médaille

Bayle [g] parle , comme d'une hiftoire fort fufpecte, de la médaille fufjecte de Xx 3.

buiffe, in quâ cercam imaginem quæ regis fpeciem referebat, diris epodis excantatam quotidie acu figebat, eâque re fore fpem fecerat, ut rex mox mortifero languore abfumeretur.Thuan.lib.6.de vitâ fuâ, [f] Thuan. hift. lib.4.

[g] Bayle rép, aux questions d'un Provin cial, ch. 54.

ne de Médicis.

de Catheri- de Catherine de Médicis, confiée par cette reine à De Melmes, où elle étoit repréfentée avec les trois fils qui lui reftoient, le roi Charles IX. & les ducs d'Anjou & d'Alençon; & on lifoit cet te divife: Soit pourvu que je régne. La reine avoit très expreffément défendu à De Mefmes, d'ouvrir la boëte où étoit cette médaille. Et ce ne fut que longtemps après la mort de Catherine, que les héritiers de DeMesmes l'aïant ouver. te, virent ce qui y étoit contenu. Bayle rapporte toutes les raifons qui donnent lieu de croire, que c'eft une calomnie inventée par les ennemis de cet

27.

Les démons

confultent.

te reine.

On lit dans le P. Delrio, que le forcier Trois-Echelles détachoit par fes enchantements en préfence de Charles IX. les chaînons d'un collier de l'ordre porté par quelque chevalier de l'ordre du roi, qui étoit fort éloigné de lui [b]; qu'il les faifoit venir dans fa main, & les renvoïoit à leur place, fans que le collier fût endommagé.

Un des principaux magiciens [i] fous Charles IX,, déclara qu'il y en avoit trente mille dans Paris. Oneft maintenant fort défabufé de ces impoftures,

L'efprit de menfonge ne connoît pas trompent l'avenir. Il trompe le plus qu'il peut, Ceux qui les ceux qui le confultent, en leur rendant des réponfes ambiguës. Les démons confultés fur la bataille de Bouvine, répondirent [k] que le roi feroit renversé par terre, foulé aux piés des chevaux,qu'il demeureroit fans fepulture, & que le comte de Flandres feroit reçu par les Parifiens en grande pompe. L'événe

[b] Delrius, difquifit, magicar, l.1.c.4.. $ 1.

[i] Journal. d'Henri III. -[k] Rigordus, de geftis Philippi.

[1] Suet. in Calig. c.57..

ment fit connoître la malignité de cet te prédiction équivoque. Le roi Philippe Augufte fut à la vérité renversé de cheval pendant la bataille, mais en étant forti victorieux, il n'eut pas befoin de fépulture. Le comte de Flan dres fut reçu par les Parifiens en grande pompe, comme prifonnier.

Les forts d'Antium [/]avertirent Ca ligula de fe défier de Cans. Le tyran fit mourir Caffius Longinus, proconfut d'Afie, qui étoit fon beaufrére, & n'eut aucune défiance de Caffius Chæreas qui l'affaffina. Martinus Polonus, & Platine ont [m]rapporté, que le diable aïant prédit au pape Sylveftre II. qu'il ne mourroit point qu'il n'eût été à Jérufalem, ce pape reconnut l'équi voque de cette prédiction, lorfque, fans y fonger, il eut célébré la messe. dans l'églife de fainte Croix de Jérufalem, qui eft à Rome. Il ordonna que fon corps feroit rompu en pièces, & mis fur un chariot que des chevaux traîneroient à l'avanture, afin d'être enterré

au lieu où ils s'arrêteroient. Ce chariot s'arrêta à la bafilique de faint Jean de Latran, Dieu aiant voulu faire connoître qu'il lui avoit fait miféricorde, à caufe de la fincérité de fa pénitence. On ajoute à cette hiftoire que le bruit de fes os dans ce tombeau, & la fueur où l'humidité qui y furviennent, avertissent de la mort des papes..

Cambyfe [], à qui il avoit été prédit qu'il mourroit à Ecbatane, évita inutilement cette capitale dela Médie, il mourut à Ecbatane de Syrie, après s'être percé la cuiffe par un accident. Henri IV. roi d'Angleterre.

[m] Martin. Polon.chronol, Romaner.pon. tific. Platin. de vitis Romaner, pontific. in. Sylveft. II.

[n] Prideaux hift. des Juifs, part. 1. liu. 3.P.313.

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