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actuel de l'Espagne. Au moyen de ces sacrifices, qui coûtent tant à un auteur, il espère que son ouvrage, réduit à moitié environ cessera d'être la terreur des libraires et des imprimeurs, et qu'il pourra paraître enfin, Dieu aidant, la semaine prochaine.

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LITTÉRATURE.

MAGASIN ENCYCLOPÉDIQUE.
8me année, t. II, 1802.

Article sur une nouvelle édition d'Athénée, donnée par M. Schweighouser.

Voici un ouvrage attendu et demandé depuis long-temps. Athénée est un auteur que ceux qui cultivent la littérature ancienne ont sans cesse entre les mains; et les éditions en usage, qu'on peut réduire toutes à une seule, étaient tellement incorrectes et défectueuses, qu'il fallait la plupart du temps deviner plutôt que lire le texte qu'elles présentaient; ce qui, joint aux difficultés particulières à cet auteur, en rendait la lecture pénible aux hommes mêmes les plus versés dans l'étude de sa langue et de l'antiquité grecque. Cependant depuis plus de deux siècles, personne n'avait voulu se charger d'en donner au public une nouvelle édition purgée de toutes les fautes qui défigurent celles dont on se sert, et accompagnée des éclair

cissements nécessaires pour faciliter aux lecseurs l'intelligence du texte. Ce n'est pas qu'après Casaubon, l'Europe n'ait eu d'habiles gens, capables de suivre ses traces, et de suppléer, autant que faire se pouvait, tout ce qui manque au commentaire de ce savant sur Athénée; mais il est à croire que ce travail a effrayé jusqu'à présent ceux qui auraient pu l'entreprendre, et il était tel en effet, qu'on peut dire qu'il ne s'en offre point de plus grand ni de plus difficile dans la carrière de l'érudition: car cette science (quelque nom qu'on veuille lui donner), qui a pour objet d'expliquer et de rétablir les textes anciens, se partage, comme toutes les autres, en différentes branches, dont chacune veut une étude toute particulière. L'explication d'un poète demande d'autres connaissances que celles d'un historien; et les recherches nécessaires pour bien entendre celui-ci, seraient de peu d'utilité pour l'intelligence du premier. Les phiiosophes, les orateurs, les grammairiens, ceux qui ont écrit des sciences et des arts, forment des classes séparées ; et l'expérience a démontré qu'il n'était donné à personne de les connaître tous à fond, ni d'exceller également dans toutes les parties de la critique : c'était pourtant ce qu'il eût fallu pour interpréter Athénée, qui n'est pas un seul auteur, mais

un composé de mille auteurs aussi différents
le style
pour
le fonds de leurs ou-
que pour
vrages, dont il a extrait tout le sien. Mais si
l'on ne devait pas s'attendre qu'il parût jamais
un critique en état de satisfaire à tout ce que
les lecteurs peuvent exiger rigoureusement
d'un éditeur d'Athénée, cependant le public
connaissait parmi ceux qui ont cultivé avec
le plus de succès ce genre de littérature,
des
hommes dont l'érudition laissait peu de choses
à désirer pour cette grande entreprise, et sou-
haitait que quelqu'un d'eux eût la hardiesse de
s'en charger. C'est ce que fait aujourd'hui le
C. Schweighouser. Son nom est assez connu
pour n'avoir pas besoin d'éloge; et ce qui
paraît de son ouvrage est digne de la ré-
putation dont il jouit parmi les savants.

Dans une préface remplie de recherches intéressantes, il instruit le lecteur de tout ce que les anciens nous apprennent sur son auteur, des secours qu'il a eus pour son propre travail et de celui des éditeurs qui l'on précédé. On sait peu de chose d'Athénée. Il paraît que de son temps même, ses écrits furent plus connus que lui, puisque les plus anciens auteurs qui aient fait mention de son ouvrage, ne nous disent rien de sa vie. On ne peut même fixer que d'une manière assez vague le temps où il a écrit, et ce n'est que

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sur une conjecture un peu hasardée que C. Schweighouser se croit fondé à nous dire qu'Athénée a fini son livre vers l'an 128 de l'ère vulgaire. Au reste, dans le jugement qu'il porte de son auteur, le C. Schweighæuser est fort éloigné de la partialité ordinaire aux commentateurs. Il avoue de bonne foi que l'ouvrage d'Athénée lui paraît en soi assez mal conçu, et que cette immense compilation, où tant de matières hétérogènes se trouvent entassées sans ordre ni mesure, tire aujourd'hui tout son prix de la perte des auteurs dont on y retrouve les débris. Du reste, peu d'anciens ont parlé d'Athénée. Quelquesuns, comme Elien et Macrobe, l'ont pillé sans le nommer. Le plus ancien qui l'ait cité paraît être Harpocration ou bien Étienne de Bysance. Hésychius, et tous les autres glossateurs ou lexicographes s'en sont servis nécessairement; mais tous n'ont pas eu sous les yeux l'ouvrage même d'Athénée. Quelquesuns, et entre autres Eustache, n'en ont connu que l'abrégé. On ne sait quel est l'auteur de cet abrégé, ni en quel temps il a vécu, c'est sans aucun fondement que quelques-uns l'ont attribué à Hermolasu de Bysance. Mais quel qu'ait été cet auteur, le nouvel éditeur en pense assez favorablement. Il lui trouve du jugement (tout en le blâmant d'avoir sup

et

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