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Jos Pourquoi donc s'égarer en des projets fi vagues?
Ce que j'avance, ici, croi-moi, cher Guilleragues,
Ton Ami dés l'enfance ainfi l'a pratiqué.

Mon Pere foixante ans au travail appliqué,

En mourant me laiffa pour rouler & pour vivre, 110 Un revenu leger, & fon exemple à fuivre.

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Mais bien-tost amoureux d'un plus noble métier
Fils, frere, oncle, coufin, beau-frere de Greffier,
Pouvant charger mon bras d'une utile liaffe,
J'allay loin du Palais errer fur le Parnaffe.
15 La Famille en pâlit, & vit en frémissant,
Dans la Poudre du Greffe un Poëte naissant.
On vit avec horreur une Mufe effrenée
Dormir chez un Greffier la graffe matinée.

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REMARQUES,

:

VERS 108. Mon Pere. ] GILLES confin, beau-frere de Greffier. ] FRE BOILEAU Greffier du Confeil de la Grand'Chambre également recommandable par fa probité, & par fon expérience dans les affaires. Il mourut en 1617. âgé de 73 ans.

VERS 109. En mourant me lail fa, &c.] Environ douze mille écus de Patrimoine, dont nôtre Auteur mit environ le tiers à fonds perdu fur l'Hôtel de Ville de Lyon, qui lui fit une rente de quinze cens livres pendant fa vie. Mais fon bien s'augmenta confidérablement dans la fuite, par des fucceffions & par des pensions que le Roi lui donna.

VERS 112.

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frere, oncle,

RE de Jerôme Boileau fon aîné qui a poffedé la Charge du Père. Il mourut au mois de Juillet 1679. ONCLE de M. Dongois Greffier de l'Audience à la Grand Chambre ; Fils d'une Soeur de l'Auteur. COUSIN du même M. Dongois, qui avoit épousé une coufine germaine de nôtre Poëte. BEAUFRERE de M. Sirmond, qui a eu la même Charge de Greffier du Confeil de la Grand'Chambre.

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IMIT. Ibid. Fils, frere, oncle coufin, beau-frere de Greffier. ] Ce Vers eft imité de ce qu' Agrippine dit dans la feconde Scène du fecond Acte du Britannicus de M. RACINE.

Moi, fille, femme, fœur, & mere de vos Maîtres.

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la graffe mati. née. ] Il êtoit grand dormeur,

Deflors à la richeffe il fallut renoncer.

120 Ne pouvant l'acquerir, j'appris à m'en paffer, Et fur tout redoutant la baffe fervitude,

La libre verité fut toute mon étude.

Dans ce métier funefte à qui veut s'enrichir,

Qui l'euft creu, que pour moy le Sort dust se fléchir ? 125 Mais du plus grand des Rois la bonté fans limite, Toujours prefte à courir au devant du merite, Creut voir dans ma franchise un merite inconnu, Et d'abord de fes dons enfla mon revenu.

La brigue, ni l'envie à mon bonheur contraires, 130 Ni les cris douloureux de mes vains Adversaires, Ne pûrent dans leur course arrefter fes bien-faits. C'en eft trop : mon bonheur a paffé mes souhaits. Qu'à fon gré deformais la Fortune me jouë,

On me verra dormir au branle de fa rouë.

135 Si quelque foin encore agite mon repos, C'est l'ardeur de louer un fi fameux Heros,

Ce foin ambitieux me tirant par l'oreille, La nuit, lorsque je dors, en furfaut me reveille; que ces bienfaits, dont j'ose me vanter, 140 Par des Vers immortels ont dû fe meriter.

Me dit

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C'est là le feul chagrin qui trouble encor mon ame.
Mais fi dans le beau feu du zele qui m'enflame,
Par un ouvrage enfin des Critiques vainqueur,
Je puis, fur ce fujet, fatisfaire mon cœur ;
145 Guilleragues, plain-toi de mon humeur legere,
Si jamais entraîné d'une ardeur étrangere,
Ou d'un vil intereft reconnoiffant la loi,
Je cherche mon bonheur autre-part que chez moi.

REMARQUES.

On me verra dormir au branle de
fa roue.] Ces deux Vers paroif-
fent être une Imitation de ces

deux Vers de Corneille dans la
Scene V. du II. Acte de l'Illufion
Comique.

Ainfi de notre espoir la Fortune fe jonë:
Tout s'éleve on s'abaisse au branle de fa rouë.

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L

A fixiéme Epître fut composée après la septié

me, en l'année 1677. M. Defpréaux étoit allé paffer une partie de l'Eté à la Campagne. Il y reçut une Lettre de M. l'Avocat Général de Lamoignon, qui lui reprochoit fa trop longue abfence de Paris, & l'exhortoit d'y revenir promptement. M. Defpréaux lui répondit par cette Epître, dans la quelle il décrit les douceurs, dont il joüit à la Campagne, &les chagrins qui l'attendent à la Ville. Horace a traité le même fujet dans une partie de la fixiéme Satire du fecond Livre.

EPISTRE VÌ.

A M. DE LAMOIGNON,

AVOCAT GÉNÉRAL.

OUI, Lamoignon, je fuis les chagrins de la ville,
Et contre eux la Campagne eft mon unique azile.
Du lieu qui m'y retient veux-tu voir le tableau ?
C'eft un petit Village, ou plûtoft un Hameau:

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