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Des fepulchres animés.] Hermogene va plus loin, & trouve celui qui a dit cette pensée digue des fepulchres dont il parle. Cependant je doute qu'elle déplût aux Poëtes de noftre fiecle, & elle ne feroit pas en effet fi condamnable dans les vers.

Ouvre une grande bouche pour foufler dans une petite fluffe.]J'ai traduit ainfi popbesãs d'aTEP, afin de rendre la chofe intelligible. Pour expliquer ce que veut dire Popes, il faut fçavoir que la flute chez les Anciens étoit fort differête de la flûte d'aujourd'hui. Car comme el le étoit compofée de plufieurs tuyaux inégaux, on en tiroit un fon bien plus éclatant,& pareil au fon de la trompette,tubaque amula, dit Hòrace. Il faloit donc pour en jouer emploier une bien plus grande force d'haleine, & par confequent s'enfler extrémement les jouës,qui étoit une chofe defagreable à la vue. Ce fut en effet ce qui en dégoûta Minerve & Alcibiade. Pour obvier à cette difformité,ils imaginerent une espece de laniere ou courroye qui s'appli quoit fur la bouche, & fe lioit derriere la tefte, aiant au milieu un petit trou par où l'on embouchoit la fiûte. Plutarque pretend que Marfias en fut l'inventeur. Ils appelloient cette laniere, popedy:& elle faifoit deux differens effets: car outre qu'en ferrant les jouës elle les empêchoit de s'enfler, elle donnoit bien plus dé force à l'haleine, qui étant repouffée fortoit avec beaucoup plus d'impetuofité & d'agrément. L'Auteur donc pour exprimer un Poëte enflé ,qui foufle &fe démene fans faire de bruit, le compare à un Homme qui jouë de là. Blûte fans cette faniere. Mais comme cela n'a point de rapport à la flûte d'aujourd'hui: puifqu'à peine on ferre less lévres quand on en› jouës, j'ai crû qu'il valòit mieux mettre une

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penfée équivalente, pourvû qu'elle ne s'éloignaft point trop de la chofe,afin que le Lecteur qui ne fe foucie pas tant des antiquailles, puiffe paffer, fans eftre obligé pour m'entendre d'avoir recours aux remarques.

Il dit les chofes d'affez bon fens. ] imworking's veut dire un homme qui imagine, qui penfe fur toutes chofes ce qu'il faut penfer, & c'est propremét ce qu'on apelle un homme.de bonfens..

A compofer fon Panegyrique. JLe Grec porte à compofer fon Panegyrique pour la guerre contre les Perfes.Mais fi je l'avois traduit de la forte; on croiroit qu'il s'agiroit ici d'un autre Panegyrique que du Panegyrique d'Ifocrate, qui eft un mot confacré en noftre langue.

Voilà fans mentir,une comparaison admirable d'Alexandre le Grand avec un Rheteur.] Ily a dans le Grec du Macedonien avec un Sophifte.A l'égard du Macedonien il faloit que ce mot euft quelque grace en Grec, & qu'on appellât ainfi Alexandre par excellence, comme nous appellons Ciceron l'Orateur Romain. Mais le Mace donien en François pour Alexandre feroit ridicule. Pour le mot de Sophifte, il fignifie bien plûtôt en Grec un Rheteur qu'un Sophifte, qui en François ne peut jamais eftre pris en bonne part, & fignifie toûjours un homme qui trompe par de fauffes raifons, qui fait des Sophifmes, Cavillatorem: au lieu qu'en Grec c'eft fouvent un nom honorable.

Qui tiroit fon nom d'Hermés.]LeGrec porte, qui tiroit fon nom du Dieu qu'on avoit offenfe, mais j'ai mis d'Hermés, afin qu'on vid mieux le jeu de mots. Quoique puiffe dire Monfieur Dacier, je fuis de l'avis de Langbaine, & ne crois point que, os do & Savounter] Li, veuille dire autre chofe que, qui tiroit son nom de pere en fils du Dieu qu'on avoit offenfe.

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Que ces parties de l'œil, &c.] Cepaffage eft corrompu dans tous les exemplaires que nous avons de Xenophon, où l'on a mis a pour ois; faute d'avoir entendu l'équivoque de gen. Cela fait voir qu'il ne faut pas aifément changer le texte d'un Auteur. Sans la revendiquer comme un vol. ] C'est ainli qu'il faut entendre ὡς φωρίς τιν ἐφαπε To, & non pas, fans lui en faire une espeee de vol.Tamquam furtum quoddam attingens. Car cela auroit bien moins de fel.

Le mal des Jeux.] Ce font des Ambaffadeurs Perfans qui le difent dans Herodote chez lé Roi de Macedoine Amyntas. Cependant Plutarque l'attribuë à Alexandre le Grand; & lë met au rang des Apophtegmes de ce Prince. Si cela eft, il faloit qu'Alexandre l'euft pris à Herodote. Je fuis pourtant du fentiment de Longin, & je trouve le mot froid dans la bou che mefme d'Alexandre.

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Qui nous laiffe beaucoup à penfer. ] } ava Jewpnors, dont la contemplation eft fort é tendue, qui nous remplit d'une grande idée. A l'égard de vágyors, il'eft vrai que ce mot ne fe rencontre nulle part dans les Auteurs Grecs: mais le fens que je lui donne eft celui à mon avis qui lui convient le mieux, & lorf que je puis trouver un fens au mot d'un Auteur, je n'aime point à corriger le texte.

De quelque endroit d'un difcours.] xózgu Ev 2, c'eft ainfi que tous les interpretes de Longin ont joint ces mots. Monfieur Dacier les arran ge d'une autre forte; mais je doute qu'il ait raifon.

En parlant des Aloides.] Aloüs eftoit fils de Titan & de la Terre. Sa femme s'appelloit Iphimedie, elle fut violée par Neptune dont elle cut deux enfans, Otus, & Ephialte, qui fu

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rent appellés Aloides; à caufe qu'ils furent nourris & élevés chés Alous, comme les enfans. Virgile en a parlé dans le 6. de l'Eneide ::. Hic Aloidas geminos immania vidi

Corpora.

Voyez par exemple, c.] Tout ceci jufqu'à cette grandeur qu'il lui donne, &c. eft fuppléé au texte Grec qui eft defectueux en cet endroit.

Fremit fous le Dieu qui lui donne la loi. ] Ily a dans le Grec, que l'eau en voiant Neptune je ridoit fembloit fourire de joie. Mais cela feroit trop fort en noftre langue. Au refte j'ai crû que l'eau reconnoift fon Roi, feroit quelque chofe de plus fublime que de mettre, comme il y a dans le Grec, que les Baleines reconnoif-fent leur Roi. J'ai tâché dans les paffages qui font rapportez d'Homere, à encherir fur lui, plûtoft que de le fuivre trop fcrupuleufement à la piste.

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Et combats contre nous, &c. JIl ya dans Homere: Et aprés cela fais nous périr fi tu veux à la clarté des Cieux. Mais cela auroit efté foible en noftre Langue, & n'auroit pas fi bien. mis en jour la remarque de Longin, que, Et combats contre nous, &c. Ajoûtes que de dire à Jupiter, Combats contre nous: c'eft prefque la mefme chofe que fais nous perir: puifque dans un combat contre Jupiter, on ne fçauroit éviter de perit

Ajoutez que les malheurs, &c.] La remarque de Monfieur Dacier fur cet endroit eft fort: fçavante & fort fubtile: mais je m'en tiens pourtant toûjours à mon sens.

A tous propos il s'égare dans des imagina tions, c.] Voilà à mon avis le veritable fens de av. Car pour ce qui eft de dire qu'il n'y a pas d'apparence que Longin ait accufé

Ho

Homere de tant d'abfurditez, cela n'eft pas vrai, puis qu'à quelques lignes de là il entre mefmes dans le détail de ces abfurditez. Au refte quand il dit, des fables incrorables, il n'entend pas des fables qui ne font point vraifemblables; mais des fables qui ne font point vrai-semblablement contées, comme la difette d'Ulyffe qui fut dix jours fans manger, &c.

Et pafle. Le Grec ajoûte, comme l'herbe mais cela ne fe dit point en François.

Unfriffon me faifit, &c.] Il y a dans le Grec une fueur froide; mais le mot de fueur en François ne peut jamais eftre agreable; & laisse une vilaine idée à l'efprit.

Où elle eft entierement hors d'elle. ] C'eft ainsi que j'ai traduit pɔ¤¤), & c'est ainsi qu'il le faut entendre, comme je le prouverai aifément s'il est neceflaire. Horace qui eft amou reux des Hellenifmes emploie le mot de Metus, en ce mefme fens dans l'Ode Bacchum in remotis: quand il dit, Evoë recenti mens trepidat metu; car cela veut dire: Je Suis encore plein de la fainte borreur du Dieu qui m'a transporté.

Il'imprime jufques dans fes mots.] Il y a dans le Grec, joignant par force enfemble des prépofitions qui naturellement n'entrent point dans une mefme compofition, in Juvário:par cette violence qu'il leur fait, il donne à fon vers le mouvement mefme de la tempefte, exprime admirablement la paffion. Car par la rudesse de ces syllabes qui fe beurtent l'une l'autre, il imprime jufques dans fes mots l'image du peril, ὑπ ἐκ θανάτοιο φέρον). Mais j'ai paffe tout ce la, parce qu'il eft entierement attaché à la Langue Grecque..

Il efloit déja fort tard. ] L'Auteur n'a pas rap porté tout le paffage, parce qu'il est un gea

long.

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