14. Je ne fais s'il eft permis de juger des hommes par une faute qui eft unique; & fi un befoin extrême, ou une violente paffion, ou un premier mouvement, tirent à conféquence. 15. Sans une grande roideur & une continuelle attention à toutes fes paroles, on eft expofé à dire en moins d'une heure le oui & le non fur une même chofe, ou fur une même personne; déterminé feulement par un efprit de fociété & dè commerce, qui entraîne naturellement à ne pas contredire celui-ci & celui-là, qui en parlent différemment. 16. Du même fond dont on néglige un homme de mérite, l'on fait encore admirer un fot. 17. Un fot eft celui qui n'a pas même ce qu'il faut d'efprit pour être fat. 18. Un fat eft celui que les fots croient un homme de mérite. 19. L'impertinent eft un fat outré. Le fat laffe, ennuie, dégoûte, rebute l'impertinent rebute, aigrit, irrite, offense; il commence où l'autre finit. 20. Le fat eft entre l'impertinent & le fot il eft compofé de l'un & de l'autre. 21. Les vices partent d'une déprava tion du cœur; les défauts, d'un vice de tempérament; le ridicule, d'un défaut d'efprit. 22. L'homme ridicule eft celui qui, tant qu'il demeure tel, a les apparences du fot. 23. Le fot ne fe tire jamais du ridicule; c'eft fon caractère : l'on y entre quelquefois avec de l'efprit, mais l'on en fort. 24. La même chofe eft fouvent, dans la bouche d'un homme d'efprit, une naïveté ou un bon mot, & dans celle du fot, une fottife.. 25. L'une des marques de la médiocrité de l'efprit eft de toujours con ter. 26. Le fuffifant eft celui en qui la pratique de certains détails que l'on honore du nom d'affaires, fe trouve jointe à une très-grande médiocrité d'efprit. 27. Un grain d'efprit & ane once S d'affaires, plus qu'il n'en entre dans la compofition du fuffifant, fent l'important. 28. Pendant qu'on ne fait que rire de l'important, il n'a pas un autre nom dès qu'on s'en plaint, c'est l'arrogant. 29. La diftance qu'il y a de l'honnête homme à l'habile homme s'affoiblit de jour à autre, & eft fur le point de difparoître. 30. L'habile homme eft celui qui cache fes paffions, qui entend fes in térêts, qui y facrifie beaucoup de chofes, qui a fu acquérir du bien, ou en conferver. |
