Envoyant un songe lui dire Courut au trésor comme au feu. Qu'un écu pour toute ressource, Bien comptés, et d'un tel trésor: Porter tes cent talents en don. Le chat et le renard, comme beaux petits saints, S'en allaient en pèlerinage. S'indemnisaient à qui mieux mieux. Pour l'accourcir ils disputèrent. Nos pèlerins s'égosillèrent. Le renard au chat dit enfin: Tu prétends être fort habile; (1) REGNERII Apologi Phædrii, pars I, fab. XXVIII, p. 34 : Catus agrestis et Vulpes. (3) Au lieu de tartufes. L'e est retranché pour la mesure du vers, et par licence poétique. (3) Patespelues, dans Rabelais. Ce mot avait le sens de trompeur. Non, dit l'autre: je n'ai qu'un tour dans mon bissac; Mais je soutiens qu'il en vaut mille. Une meute apaisa la noise. Cherche en ta cervelle matoise L'autre fit cent tours inutiles, Tous les confrères de Brifaut. Et ce fut partout sans succès; L'étranglèrent du premier bond. N'en avons qu'un, mais qu'il soit bon. (1) C'est-à-dire : on enfume le terrier du renard pour le forcer à sortir. XV. Le Mari, la Femme, et le Voleur (1). Fort amoureux de sa femme, Jamais villade de la dame, (1) Contes indiens et Fables indiennes de Bidpaï et de Lokman, t. II, p. 355 : le Marchand, la Femme et le Voleur. Camerarius, fab. cclv, p. 287. Déifiant le pauvre sire, Je le crois; c'était un mari. Je ne vois pas qu'on en soit mieux. Interrompit la doléance. Entre les bras de son époux. Gens honteux, ni fort délicats : J'infère de ce conte J'en ai pour preuve cet amant L'emportant à travers la flamme. J'aime assez cet emportement; Il est bien d'une âme espagnole, (1) C'est-à-dire, quelquefois c'est l'amour qui dompte la peur. (2) Allusion à l'aventure du comte de Villa-Medina avec Élisabeth de France 6lle de Henri IV, et femme de Philippe IV, roi d'Espagne. Pour attirer Élisabeth chez lui, le comte de Villa-Medina imagina de donner à toute la cour un spectacle à machines, qu'il fit monterà grands frais. Pendant la représentation, il fit mettre le feu à son propre palais : puis, profitant du désordre et de la frayeur causés par les flammes qui s'élevaient de toutes parts, il s'empara de la reine, et satisfit ainsi, par la perte de la moitié de sa fortune, et au risque de sa vie, le désir qu'il avait d'embrasser celle qu'il aimait, e de l'enlever dans ses bras. Voyez le Voyage d'Espagne, par Aarsen de Sommerdick, Cologne, 1666, in-18, p. 49. (WALCK.) XVI. — Le Trésor et les deux Hommes (0). Et logeant le diable en sa bourse (3), S'imagina qu'il ferait bien Genre de mort qui ne duit (3) pas (1) Auson., épigr. XXI et XXIII. Les deux épigrammes d’Ausone sont ellesmêmes la traduction de deux distiques sur le même sujet, tirés de l'Anthologie grecque. Voyez Ausonii Opera, édit. 1730, in-40, p. 20. (2) Cette expression proverbiale a fourni à Mellin de Saint-Gelais le petit conte que voici : Un charlatan disoit en plein marché Non, » dit quelqu'un des plus près regardans. m) Qui ne convient pas. Duis filleste, Au haut d'un certain mur attacher le licou. La muraille, vieille et peu forte, Absent. ! Ce qui le consolapeut-être, Fut qu'un autre eût, pour lui, fait les frais du cordeau. Aussi bien que l'argent le licou trouva maître. L'avare rarement finit ses jours sans pleurs; Il a le moins de part au trésor qu'il enserre, Thésaurisant pour les voleurs, Pour ses parents, ou pour la terre. Cette déesse inconstante |