Tremblez, humains! faites des vœux: L'artisan (1) exprima si bien Qu'on trouva qu'il ne manquait rien Même l'on dit que l'ouvrier Le poëte autrefois n'en dut guère (2), Il était enfant en ceci ; Les enfants n'ont l'âme occupée Qu'on ne fâche point leur poupée. Le cœur suit aisément l'esprit : Ils embrassaient violemment Chacun tourne en réalités, Autant qu'il peut, ses propres songes: (1) Dans le sens moderne d'artiste. Nous avons déjà vu ce mot dans cette acception. (2) Ne le céda en rien. VII. La Souris métamorphosée en Fille (1). Une souris tomba du bec d'un chat-huant: Je ne l'eusse pas ramassée; Mais un bramin le fit: je le crois aisément; La souris était fort froissée. Nous nous soucions peu; mais le peuple bramin Que notre âme, au sortir d'un roi, Entre dans un ciron, ou dans telle autre bête Sur un tel fondement, le bramin crut bien faire De prier un sorcier qu'il logeât la souris Dans un corps qu'elle eût eu pour hôte au temps jadis. De l'âge de quinze ans, et telle et si gentille, Vous n'avez qu'à choisir; car chacun est jaloux En ce cas je donne, dit-elle, Ma voix au plus puissant de tous. (1) Livre des lumières, ou la Conduite des roys, p. 279. Les Conles indiens et Fables indiennes de Bidpaï et de Lokman, t. II, p. 385, la Souris changée en Fille. Dans le Pantcha-tantra (l'original, écrit en langue sanscrite, des Fables de Bidpaï), la souris changée en fille par un brahmane, trouve des objections à tous les partis qu'on lui propose, jusqu'au moment où elle aperçoit un rat; alors le naturel la porte à prie son pèrɛ adoptif de le lui donner en mariage. (2) C'est-à-dire pour Hélène. Soleil, s'écrie alors le bramin à genoux, C'est toi qui seras notre gendre. Non, dit-il, ce nuage épais Est plus puissant que moi, puisqu'il cache mes traits: Je vous conseille de le prendre. Hé bien, dit le bramin au nuage volant, Es-tu né pour ma fille? Hélas! non; car le vent O vent donc, puisque vent y a, Viens dans les bras de notre belle! Il le renvoie, et dit : J'aurais une querelle Ce serait être fou, lui qui peut me percer. Ouvrit l'oreille: il fut l'époux. Un rat! un rat: c'est de ces coups On tient toujours du lieu dont on vient. Cette fable La belle au chat, le chat au chien, De cet argument circulaire, (1) La balle. On nomme éteuf la balle du jeu de longue paume. Le Soleil eût joui de la jeune beauté. Revenons, s'il se peut, à la métempsycose: Le sorcier du bramin fit sans doute une chose Que l'homme, la souris, le ver, enfin chacun Selon l'organe seulement, L'une s'élève, et l'autre rampe. De s'unir au Soleil? Un rat eut sa tendresse. Tout débattu, tout bien pesé, Les âmes des souris et les âmes des belles Parlez au diable, employez la magie, Jamais auprès des fous ne te mets à portée: A celui-là de fuir une tête éventée. On en voit souvent dans les cours: Le prince y prend plaisir; car ils donnent toujours Quelque trait aux fripons, aux sots, aux ridicules. (1) Abstemius, 184, de Insano sapientiam vendente. Un fol allait criant par tous les carrefours Puis on avait pour son argent, Avec un bon soufflet, un fil long de deux brasses. De chercher du sens à la chose, On se fût fait siffler ainsi qu'un ignorant. De ce que fait un fou? Le hasard est la cause Lui dit: Ce sont ici hiéroglyphes tout purs. De quelque semblable caresse. Vous n'êtes point trompé; ce fou vend la sagesse IX.-L'Huitre et les Plaideurs. Un jour deux pèlerins sur le sable rencontrent L'un se baissait déjà pour amasser (1) la proie; (1) L'Académie française, dans la remière édition de son Dictionnaire, dé |