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phyres trapéens des provinces de Quito et de Popayan. Dans ces lieux divers, le sol est fréquemment ébranlé par les secousses les plus violentes; mais quelquefois, dans une même roche, les couches supérieures opposent des obstacles invincibles à la propagation du mouvement. C'est ainsi que, dans les mines de la Saxe, on a vu sortir les ouvriers effrayés par des oscillations qui n'étoient point ressenties à la surface du sol.

Si, dans les régions les plus éloignées les unes des autres, les roches primitives, secondaires ou volcaniques participent également aux mouvemens convulsifs du globe, on ne peut disconvenir aussi que, dans un terrain peu étendu, certaines classes de roches s'opposent à la propagation des secousses. A Cumana, par exemple, avant la grande catastrophe de 1797, les tremblemens de terre ne se faisoient sentir que le long de la

exemple, celui de Montmartre, placé au-dessus d'un calcaire marin qui est postérieur à la craie. Voyez, sur le tremblement de terre ressenti à Paris et dans ses environs, en 1681, les Mém. de l'Académie, T. I, p. 341.

2 A Marienberg dans l'Erzgebirge.

côte méridionale et calcaire du golfe de Cariaco jusqu'à la ville de ce nom, tandis qu'à la péninsule d'Araya et au village de Maniquarez le sol ne participoit pas aux mêmes agitations. Les habitans de cette côte septentrionale qui est composée de schiste micacé, élevoient leurs cabanes sur un terrain immobile; un golfe de trois à quatre mille toises de largeur les séparoit d'une plaine couverte de ruines et bouleversée par des tremblemens de terre. Cette sécurité, fondée sur l'expérience de plusieurs siècles, a disparu depuis le 14 décembre 1797, de nouvelles communications paroissent s'être ouvertes dans l'intérieur du globe. Aujourd'hui on n'éprouve pas seulement à la péninsule d'Araya les agitations du sol de Cumana; le promontoire de schiste micacé est devenu à son tour un centre particulier de mouvemens. Déjà la terre est quelquefois fortement ébranlée au village de Maniquarez, quand à la côte de Cumana on jouit de la plus parfaite tranquillité. Le golfe de Cariaco n'a cependant que soixante ou quatre-vingts brasses de profondeur.

On a cru observer que, soit dans les con

tinens, soit dans les îles, les côtes otcidentales et méridionales sont les plus exposées aux secousses'. Cette observation est liée aux idées que les géologues se sont formées depuis long-temps de la position des hautes chaînes de montagnes et de la direction de leurs pentes les plus rapides; l'existence de la Cordillère de Caracas et la fréquence des oscillations sur les côtes orientales et septentrionales de la Terre - Ferme, dans le golfe de Paria, à Carupano, à Cariaco et à Cumana, prouvent l'incertitude de cette opinion.

Dans la Nouvelle-Andalousie, de même qu'au Chili et au Pérou, les secousses suivent le littoral, et s'étendent peu dans l'intérieur des terres. Cette circonstance, comme nous le verrons bientôt, indique un rapport intime entre les causes qui produisent les tremblemens de terre et les éruptions volcaniques. Si le sol étoit le plus agité sur les côtes, parce qu'elles sont les parties les plus basses de la terre, pourquoi les oscillations ne

Courrejolles, dans le Journ. de Phys., T. LIV,

p. 104.

seroient-elles pas également fortes et fréquentes dans ces vastes savanes ou prairies' qui s'élèvent à peine huit ou dix toises audessus du niveau de l'Océan?

Les tremblemens de terre de Cumana 2 sont liés à ceux des Petites Antilles, et l'on a même soupçonné qu'ils ont quelques rapports avec les phénomènes volcaniques de la Cordillère des Andes. Le 4 février 1797, le sol de la province de Quito éprouva un tel bouleversement que, malgré l'extrême foiblesse de la population de ces contrées, près de 40,000 indigènes périrent, ensevelis sous les ruines de leurs maisons, engloutis par des crevasses, et noyés dans des lacs qui se formèrent instantanément. A la même époque, les habitans des îles Antilles orientales furent alarmés des secousses qui ne cessèrent qu'après huit mois, lorsque le volcan de la Guadeloupe vomit de la pierre ponce, des cendres et des bouffées de vapeurs sulfureuses. Cette éruption du 27 septembre, pendant laquelle on

par

Les Llanos de Cumana, de la Nouvelle-Barcelone, de Calabozo, de l'Apure et du Meta.

2.

2 Voyez mon Tableau géologique de l'Amérique méridionale, Journ, de Phys., T. LIII, p. 58.

entendit des mugissemens souterrains très-prolongés 1, fut suivie, le 14 décembre, du grand tremblement de terre de Cumana. Un autre volcan des îles Antilles, celui de Saint-Vincent', a offert depuis peu un nouvel exemple de ces rapports extraordinaires. Il n'avoit pas jeté des flammes depuis 1718, lorsqu'il en lança de nouveau en 1812. La ruine totale de la ville de Caracas précéda cette explosion de trente-quatre jours, et de violentes oscillations du sol furent ressenties à la fois aux îles et sur les côtes de la Terre-Ferme.

On a remarqué depuis long-temps que les effets des grands tremblemens de terre s'éten

1

Rapport fait aux généraux Victor Hugues et Lebas, par Amic, Peyre, Hapel, Fontelliau et Codé, chargés d'examiner la situation du volcan de la Basse-Terre, et les effets qui ont eu lieu dans la nuit du 7 au 8 vendémiaire an 6, p. 46. Cette relation d'un voyage fait à la cime du volcan, renferme beaucoup d'observations curieuses; elle a été imprimée à la Guadeloupe en 1798.

2

Letter of M. Hamilton to Sir Joseph Banks, 1813. L'éruption commença le 30 avril 1812; elle fut précédée de tremblemens de terre qui se répétèrent pendant enze mois. (Phil. Trans., 1785, p. 16.)

3 Le 26 mars 1
1812.

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