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CLEONTE.'

Je veux contr'elle conferver mon reffentiment & rompre enfemble tout commerce.

siJ'y confens.

COVIELLE.

CLEON TE.

Ce Monfieur le Comte qui va chezelle, luy donne peut-être dans la veuë; & fon efprit, je le voy bien, fe laiffe éblouir à la qualité. Mais il me faut pour mon honneur, prevenir l'éclat de fon incontance. Je veux faire autant de pas qu'elle au changement où je la voy courir, & ne luy laiffer pas toute la gloire de me quitter.

COVIELLE. C'eft fort bien dit, &entre pour mon compte dans tous vos fentimens.

CLEONTE.

Donne la main à mon depit, & foûtien ma réfolution contre tous les restes d'amour qui me pour. roient parler pour elle. Dy-m'en, je t'en conjure, tout le mal que tu pourras. Fai-moi de fa perfonne une peinture qui me la rende méprifable; & marque moy bien, pour m'en dégoûter, tous les défauts que peux voir en elle.

COVIELLE.

Elle, Monfieur! Voilà une belle Mijaurée, une Pimpe-fouée bien bâtie, pour vous donner tant d'a mour. Je ne luy voy rien que de trés-médiocre & vous trouvérez cent perfonnes qui feront plus dignes de vous. Premiérement, elle ales yeux petits. CEEONT E.

du

Cela eft vray, elle a les yeux petits; mais elle les a pleins de feux, les plus brillans, les plus perçans monde, les plus touchans qu'on puiffe voir.

COVIELLE.

Elle a la bouche grande.

CLEON. TE.

Ouy;mais on y voit des graces qu'on ne voit point aux autres bouches; & cette bouche, en la voyant,infpire des défirs, eft la plus attrayante, & la plus amoureufe du monde.

COVIELLE
Pour fa taille, elle n'eft pas grande.

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CLEON

CLEONTE..

Non mais elle eft aifée, & bien prife..

:

COVIELLE.

Elle affecte une nonchalance dans fon parler, & dans fes actions.

CLEONTE.

11 eft vray; mais elle a grace à tout cela, & fes manieres font engageantes,

ont je ne fçay quel'

charme à s'infinuer dans les cours.

COVIELLE.

Pour de l'Esprit...

CLEONTE.

Ahelle en a, Covielle, du plus fin, du plus délicat.

COVIELLE.

Sa converfation ...

CLEONTE.

Sa converfation eft charmante.

COVIELLE

Elle est toujours férieuse.

CLEON TE.

Veux-tu de ces enjoûmens épanouis, de ces joyes toûjours ouvertes? & vois-tu rien de plus impertinent, que des femmes qui rient à tout propos ?.

COVIELLE.

Mais enfin elle eft capricieufe autant que personne

du monde.

CLEON TE.

Ouy, elle eft capricieufe, j'en demeure d'accord, mais tout fied bien aux belles, on fouffre tout des belles.

COVIEL L E.

Puis que cela va comme cela, je voy bien que vous avez envie de l'aimer toûjours.

CLEONT E.

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Moy, j'aimerois mieux mourir; & je vay la haïr. autant que je l'ay aimée,

je l'ay aimée 1 ELLE.

Le moyen, fi vous la trouvez fi parfaite.
CLEONTE.

C'eft en quoy ma vangeance fera plus éclatante: en quoy je veux faire mieux voir la force de mon cœur, à la haïr, à la quiter, toute belle,toute pleine d'attraits, toure aimable que je la trouve, La voici

SCE

SCENE X.

CLEONTE, LUCILE, COVIELLE, NICOLE.

NICOLE.

Pour moy, j'en ay été toute fcandalifée.

LUCIL E.

Ce ne peut être, Nicole, que ce que je te dis. Mais

le voilà.

CLEON TE.

Je ne veux pas feulement luy parler.

COVIELLE.

Je veux vous imiter.

LUCILE.

Qu'eft-ce donc, Cléonte, qu'avez-vous ?

NICOLE.

Qu'as-tu donc, Covielle?

LUCIL E.

Quel chagrin vous poffede?

NICOLE.

Quelle mauvaise humeur te tient?

LUCILE.

Eftes-vous muet, Cléonte?

NICOL E.

As-tu perdu la parole, Covielle?

CLEON TE.

Que voilà qui eft fcelerat!

COVIELLE.

Que cela eft Judas!

LUCIL E.

Je voy bien que la rencontre de tantôt a troublé

vôtre efprit.

CLE ON TE.

Ah, ah, on voit ce qu'on a fait.

NICOL E.

Nôtre accueil de ce matin t'a fait prendre laché

vre.

On a deviné l'encloueure.

COVIELLE.

LUCILE

N'eft-il pas vray, Cléonte, que c'eft-là le fujet de

vôtre dépit ?

CLEON

CLEON TE.

Ouy, perfide, ce l'eft, puis qu'il faut parlers & j'ay à vous dire que vous ne triompherez pas comme EL vous penfez de vôtre infidelité, que je veux être le premier à rompre avec vous, & que vous n'aurez pas l'avantage de me chaffer. J'auray de la peine, fans doute, vaincre l'amour qne j'ay pour vous; cela me caufera des chagrins; je fouffriray un temps; mais j'en viendray about, & je me peceray plûtôt le cœur, que d'avoir la foibleffe de retourner à vous.

COVIELLE..

Qucuffy, queumy.

LUCIL E.

Voilà bien du bruit pour un rien. Je veux vous dire, Cléonte, le fujet qui m'a fait ce matin éviter vôtre abord.

CLEONTE fait femblant de s'en aller &
tourne autour du Théatre.,

Non, je ne veux rien écouter.

NICOLE.

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Je te veux apprendre la caufe qui nous a fait paffer

fi vite.

COVIELLE

Je ne veux rien entendre.

LUCILE fuit Cléonte.

Scachez que ce matin....

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Hé bien, puis que vous ne voulez pas m'écouter, demeurez dans votre pentée, & faites ce qu'il vous plaira.

NICOLE.

Puis que tu fais comme cela, pren-le tout comme tu voudras.

CLEON TE.

Scachons donc le sujet d'un fi bel accueil.]

LUCIL. E.

Il ne me plaft plus de le dire.

COVIELLE.

Apprens-nous un peu cette hiftoire.

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