1 nom de Samfon, que " St. Jérôme traduit le Saleil: on Pappella de cette maniere, parce qu'il devoit être la lumiere d'Ifraël. L'époque de fa naiffance n'eft pas marquée dans l'Hiftoire fainte, qui ne fixe pas le temps qui s'écoula depuis la promeffe faite par l'Ange, jufqu'à fon accompliffement. "Le favant Archevêque d'Armach place cet événement dans l'année du Monde deux mille huit cens quarante neuf. Voici fon calcul: Il paroit, dit-il, par le chap. y. des Juges, que Samfon fut conçu depuis le commencement de l'oppreffion des Philiftins qui devoit durer quarante années: il paroit d'ailleurs par le chap. xx. du même Livre, qu'il devoit vanger Ifraël pendant vingt années de cette oppreffion: de-là il fuit, ajoûte ce célèbre Chronologifte, qu'on ne doit pas placer la naiffance après ce temps-là, à moins qu'on ne veuille dire qu'il ait été Fuge d'Ifraël avant Page de dix-huit ans, ce qui n'est pas vraisemblable. Mais quand nous avouerions, que Samfon eft né dans le commencement de cette oppreffion, nous ne croirions pas en devoir conclurre, que fa naiflance doit être placée dans l'an du Monde deux mille huit cens quarante-neuf, parce que, comme nous l'avons dit, il eft incertain fi ce fut dans cette année-là que commença l'oppreffion des Philiftins. L'Hiftoire fainte après avoir rapporté la naiffance de Samfon, ne dit rien de fon éducation, ni du genre de vie qu'il mena jufqu'à-ce qu'il fut en âge de fe marier. Elle ne marque pas même le temps, dans lequel il voulut entrer dans 75. HIERONYM. tom. II. de Nominib. Hebr, in Jud Samfon fol eorum, vel folis fortitudo, pag. 35. 76. USSER. Annal, æt. 4. pag. 26. BS dans cet état: & c'eft ce me femble plus par la feule néceffité, que les Chronologiftes s'impofent de fixer à chaque événement fon époque précife, que par des raifons folides, " qu'on a placé fon mariage dans l'année vingt-deuxième de fon âge. Voici tout ce que l'Ecriture nous apprend fur cette matiére. Samfon alla à Timna, qui étoit une ville de fa Tribu, mais affervic aux Philiftins. "On a rélevé, à l'occafion de la maniere dont l'Ecriture parle de ce lieu, une faute d'un des Auteurs, à qui il arrive le moins d'en commettre fur des fujets de ce genre, je veux dire de BoGenèfe chart. Il eft dit dans le Livre de la Génèfe que XXXVIII. Juda étoit monté à Timna: & l'Hiftoire fainte dit ici, que Samfon y defcendit: & de-là ce grand Homine a conjecturé qu'il y avoit deux villes de ce nom, l'une dans la Tribu de Juda, & l'autre dans la Tribu de Dan, & qui feroit celle dont il s'agit ici. Mais fans avoir recours à cette fuppofition, ni aux autres folutions que les Interprètes ont propofées fur cette difficulté, il fuffit d'obferver que le même mot Hebrcu by fignifie tantôt defcendre, & tantôt monter. Voycz Cette obfervation eft de " Mr. le Clerc, qui Genèfe établit la diverfité des fens de ce terme, fur XXXVIII, des paffages de l'Ecriture, que je cite à la mar8. 10. 11. ge. r. Jug.xv. 2 Ce fut dans la ville de Timna qu'une fille dcs Philiftins s'offrit aux yeux de Samfon, & mit en mouvement la paffion, qui cut le plus d'empire fur fon cœur, & qui lui fit commettre les plus grandes fautes dans la fuite 77. Idem ibid. fuite de fa vie. Samfon voulut époufer cette fille: cela étoit contre la Loi, qui défendoit de s'allier avec des femmes Payennes. Il eft vrai que les paffages de l'Ecriture, où cette défense fe trouve, femblent ne porter que fur les Nations, que les Ifraëlites devoient mettre à l'interdit, & parmi lefquelles les Philiftins n'étoient point compris: mais la raison, fur laquelle Dieu fonde l'ordre, qu'il leur donne de ne point fe marier avec les filles de ces Nations-là, conclut contre tous les mariages contractez avec toutes fortes d'Idolatres; c'est que par-là ils feroient expofez à tomber eux-mêmes dans Pidolatrie. Vous ne prendrez point leurs filles Exod. en mariage, dit le Légiflateur, de peur que lors- Deut. XXXIV.IÓ, qu'elles commettront fornication avec leurs Dieux, VII. 3. c'est-à-dire, lorsqu'elles feront des actes d'idolatrie, vous n'en commettiez à leur exemple. Cependant quoique Samfon paroiffe avoir ici agi contre une Loi écrite, on ne doit pas le condamner: peut-être fut-il difpenfé de l'obferver: du moins c'eft une règle générale, que quand nous yoyons certains hommes extraordinaires violer des Loix cérémoniéles, ou bien des Loix qui n'étoient morales qu'à caufe de quelques circonftances particulieres, nous devons fufpendre notre jugememt fur la nature de leur action: nous pouvons préfuppofer alors, que Dieu les avoit affranchis de ces Loix cérémonie les, ou qu'il avoit pourvû à la circonftance particuliére, qui fefoit qu'il y auroit eu du crime à les violer. Celle qui défendoit d'épouser des femmes Payennes étoit de ce genre. Elle 753. CLERICUs in Jud. 14. pag. 1296 79. CLERICUS ibid. étoit Jug.XIV. étoit morale à caufe de cette circonftance particuliere, c'eft que celui qui contracteroit un de ces mariages feroit tenté de tomber dans l'idolatrie. Mais Dieu peut avoir prevenu cet inconvenient à l'égard de Samfon, foit en portant la femme qu'il prennoit en mariage à embraffer la véritable Religion, c'eft ce qu'ont affirmé les Juifs, foit en le préfervant du péril qu'il y avoit à l'époufer. 80 Les circonstances, que l'Hiftoire fainte raconte de ce mariage, nous donnent affez lieu de conjecturer qu'il y fut porté par le St. Efprit, du moins que la paffion, que nous lui avons reprochée, ne fut pas le feul motif qui le porta à rechercher cette fille. Il eft dit expreffément, que cela venoit de l'Eternel, & que Samfon cherchoit que les Philiftins lui donnaffent quel que occafion: c'est-à-dire, qu'il crût qu'en aiant des rélations étroites avec eux, ils commettroient envers lui quelque acte d'oppreffion, qui lui fourniroit l'occafion de les fubjuguer, fans violer les conditions, fous lefquelles on peut préfumer que les Ifraëlites s'étoient foûmis à leur domination. Ce fut probablement auffi l'idée, que Manoah & fa femme fe formerent de l'infpiration de Samfon, qui les porta à ne pas faire des efforts pour prévenir un mariage, auquel ils auroient dû s'oppofer de tout leur pouvoir, s'ils avoient été dans une autre penfée. Il eft vrai qu'ils firent d'abord des difficultez contre une 80. SELDEN. de Jure Nat. & Gent, cap. XV. lib. V. BUXTORF. de Sponfal. & Divort fect 31. pag. 40. ubi plura. 81. Voi. PATRIC. fur Juges XIV. 2 pag. 528. Il eft vrai pourtant que les enfans n'avoient pas befoin une union fi mal affortie: mais foit que Samfon, qui leur avoit d'abord demandé leur confentement," comme le devoit un fils bien né, cût fecoué depuis ce tems-là le joug de ceux qui l'avoient mis au Monde, foit qu'ils euffent euxmêmes cedé à l'efprit, dont ils le croioient animé, il fe maria avec la fille qu'il avoit vûe à Timna. Pendant qu'il étoit en chemin pour y aller, il fit un exploit, qui étoit comme le prélude de ceux qu'il devoit opérer dans la fuite, & qui lui fournit une des occafions, qu'il avoit cherchées & prévues, de tirer vangeance des Philiftins. Il rencontra un Lion. On en trouvoit beaucoup dans la Judée. Il y avoit même une ville, qui s'appelloit Lebaoth, c'est-à-dire, Jofué xv. des Lions, probablement, comme l'ont con- 32. & xix. jecturé de favans Hommes, parce qu'elle 6. étoit fituée dans un lieu, où il y avoit beaucoup de ces animaux. Celui, dont parle ici Jug. xiv. l'Hiftoire fainte, rugiffoit, & il étoit jeune, c'est ce qu'emportent les termes Hébreux 15, kephir arajoth, & c'est dans les années de leur jeuneffe que les Lions font les plus redoutables. Ce fpectacle anima le courage de Samfon, & fut le coup d'effai de cette force furnaturelle dont Dieu avoit récompenfé fon Nazarcath: il n'avoit point d'armes dans la main: cependant il fe jetta fur le Lion, & il le mit en pieces, comme fi ç'avoit été un fimple chrevreau. 13 Jo du confentement de leur père pour fe marier, & que les filles étoient majeures après 12. ans, & les garçons après 13. Voi. MAIMONIDES halacha Ifoth SEL DEN. uxor Hebr. lib. II. cap. III. pag. 1co. 101. &c. 82. Voi. PATRIC, fur Juges XIV. 5. pag. 530. 5. Voyez |
