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J. V.

De la caufe des différens degrés de la force du Feu.

I'

Ly a des Feux compactes, il y en a de legers. Les prémiers font des Feux dont les parties ne font pas entièrement féparées. Les feconds au contraire font des Feux dont les parties font tout à fait féparées, & s'élancent librement de toutes parts. Le charbon ardent est plus violent que la flamme, parce qu'il contient plus de parties groffières qui confpirent au même effet. D'ailleurs la force & la quantité du mouvement fe mefure également & par la viteffe & par la maffe; & s'il y a quelque excès de viteffe dans les parties de la flamme de plus que dans celles du charbon, l'excès de maffe l'emporte dans les parties du charbon.

LES parties groffières ayant plus de force que les fubtiles & déliées, la flamme eft plus ou mois forte, felon qu'elle contient plus ou moins de parties groffières. La flamme de l'efprit de vin roule fur le papier fans le bruller. Elle fe

fait à peine fentir à la main, parce que les parties de cette liqueur enflammée font très déliées, & que leur excès de vi̟teffe ne produit que peu de mouvement fur les corps qu'elles heurtent, à cause de la petiteffe de leur maffe.

§. VI.

De la communication & de la propagation

du Feu.

A propagation du Feu n'eft qu'une fermentation. Le Feu agit fur les corps auxquels il fe communique, comme le ferment fur les Mixtes auxquels on lé mêle. La caufe occafionnelle de la fermentation est un mouvement caufé par la matière étherée, par lequel ébranlant & defuniffant les parties des Mixtes ana logues, le ferment les convertit en un ferment femblable. Ainfi le levain chan, ge la pâte en levain.

UN nombre infini d'expériences proùve que la fermentation eft la caufe de la propagation du feu. Si l'on enferme du foin encore humide, il vient fouvent à fermenter, il prend feu tout à coup. Si l'on verfe de l'eau fur de la chaux, elle s'é

chau.

chaufe & s'enflamme par la fermentation. M. le Mery fit une pâte de parties égales de foufre pulvérifé, de limaille de fer détrampée dans un peu d'eau. Il enterra environ cinquante livres de ce mêlange. Au bout de huit jours, la terre qui le couvroit fe gonfla & s'ouvrit. Il en fortit d'abord des vapeurs fulfureufes & chaudes qui furent fuivies de flammes.

LE Feu ne fe répand pas avec la méme viteffe dans toutes les matières combuftibles; parce que les quatre fubftances qui le forment n'y font pas dans la même proportion. Elles y font auffi plus ou moins mêlées de parties hétérogènes, qui les tiennent fortement liées, & les empêchent de fe mettre en liberté. La propagation eft plus lente dans le bois verd que dans le fec; parce que les parties aqueufes tiennent refferrées les fubftances ignées. Plus les corps combustibles ont de foufre, plus ils s'allument aisément. S'ils manquent de parties fulfureufes, comme l'eau, la cendre, à peine brulent-ils.

§. VII.

S. VII.

De la confervation du Feu, & de fa diffi pation.

L

E Feu eft entretenu par tous les corps

qui peuventlui fournir de la nouriture, & reparer la perte qu'il fait continuellement par la diffipation de fes parties. Il eft auffi confervé quelque tems par la cendre & par l'air, qui l'environnant, empêchent & diminuent la diffipation de fes parties. Une bougie s'éteint dans la Machine du vuide, dès que l'air ne s'oppofe plus à la diffipation de la flamme.

LA flamme ne peut fubfifter fans l'air qui la preffe de tous côtés, & qui lui fert pour ainfi dire de vafe. Lorfque cet air eft ôté, elle fe répend dans l'inftant, & l'expenfion qu'elle effuye eft fi confidérable, que la diffipation totale s'enfuit. On voit par cette raifon d'où vient que le Feu eft plus vif pendant l'Hyver que pendant l'Eté. Lorfqu'il fait froid, il eft environné d'un air plus épais, il fe diffipe moins, il eft plus compacte, & par conféquent il échaufe plus.

C'EST

1

C'EST encore l'air qui donne à la flamme la figure pyramidale. La flamme vio lemment agitée tâche à fe diffiper par les côtés; mais étant arêtée, & comme contenuë par l'air latéral, le poids de cet air l'emporte fur le fien, & elle monte. Dans fon élévation, fes particules s'éloignant du foyer donnent plus de force à l'air à mesure qu'elles perdent de la leur, & fe diffipent enfin. La flamme fe termine en pyramide, parce que cette figure eft plus propre à fendre l'air, & qu'il lui faut moins de mouvement pour réfifter à l'air fupérieur.

LES changemens qu'on apperçoit dans la flamme, qui tout-à-coup bondit, augmente, diminue, viennent des différentes impulfions de l'air, & de l'inégalité de la nouriture qu'elle reçoit. Une bougie ou une lampe, prêtes à s'éteindre, pouffent une flamme qui s'élève, & dont la lueur eft plus éclatante qu'auparavant. L'air, en foulevant & détachant cette foible flamme qui n'eft plus nourie par la cire ou par l'huile, lui communique une agitation qui ranime pour un inftant fes parties languiffantes, & leur donne cette vivacité qui produit cette clarté.

LE

Le Feu ne fubfiftant que par la nouri-
Tome I.

R

ture

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