Recueillirent leurs droits, tandis que la Fortune Ce qu'il voulut, sa porcelaine encor : Bref, il plut dans son escarcelle. Ses jours de jeûne étaient des noces. . Son imprudence en fut la cause : Fut enlevé par les corsaires ; Un troisième au port arrivant, N'étaient plus tels qu'auparavant. Enfin , ses facteurs le trompant, 11 devint pauvre tout d'un coup. Je ne sais s'il crut ce conseil; (1) Chère succulente et joyeuse. Mais je sais que chacun impute, en cas pareil, Son bonheur à son industrie; Nous disons injures au Sort. Chose n'est ici plus commune. C'est souvent du hasard que naît l'opinion; Je pourrais fonder ce prologue Cela fut et sera toujours. Une femme, à Paris, faisait la pythonisse : Chez la devineuse on courait Son fait consistait en adresse : (1) Cette fable a trait à l'histoire d'une prétendue sorcière qui fit courir tout Paris à ses consultations, Par allusion au même fait, Vizé et Thomas Corneille ont donné, en 18.07, une comédie intitulée la Devineresse, ou les faux Enchan. tements. (2) Les Parisiens du xixe siècle ne sont point guéris complétement de la crédulité sotte dont se moque ici La Fontaine. On se souvient de mademoiselle Lenormand ; et l'on peut lire chaque jour, à la quatrième page des journau's sérieux, les annonces des somnambules, des pythonisses et des cartomanciennes. L'esprit humain a des maladies incurables. Du hasard quelquefois, tout cela concourait, Elle passait pour un oracle. Là, cette femme emplit sa bourse, Et, sans avoir d'autre ressource, Voilà le galetas rempli Dieu. Mettre à part force bons ducats, Quand cette femme aurait dit vrai Dans une chambre tapissée, Au galetas; il avait le crédit. L'enseigne fait la chalandise. (1) Féminin de devin. Ne s'emploie plus. (2) Un manche de balai, parce que dans la croyance populaire les sorcières se rendaient au sabbat en traversant les airs sur un manche de balai. (3) Et sa métamorphose, c'est-à-dire la pratique ténébreuse de ceux qui se rendent à cette réunion diabolique, et qui s'y transforment en divers ani maux. J'ai vu dans le palais une robe mal mise Gagner gros : les gens l'avaient prise Pour maître tel, qui traînait après soi Force écoutants. Demandez-moi pourquoi. XVI. - Le Chat, la Belette, et le petit Lapin ("). Du palais d'un jeune lapin (1) Doni, Filosofia morale, 1594, in-8°, fol. 121, réimprimé dans Guillaume, Recherches sur les auteurs dans lesquels La Fontaine a pu trouver les sujets de ses Fables. Besançon, 1822, in-80, p. 34; il Topo, la Lepre, il Gallo. - Contes et Fables indiennes de Bidpaï et de Lokman, traduils d'Ali Tchélébi-ben-Saleh; ouvrage commencé par feu M. Galland, continué et fini par Cardonne, 1778, in-12, t. II, p. 342. Le Chat et la Perdrix. Bidpaï, que La Fontaine appelle, comme on l'a vu, Pilpay, est un philosophe indien auquel les Persans et les Arabes ont attribué un recueil d'apologues intitulé par eux Calila et Dimna, des noms de deux chacals qui sont les personnages les plus importants d'une partie considérable du livre. C'est en 1644, pour la première fois, que parut une version française des Apologues de Bidpaï, faite directement d'après une langue orientale. Le Livre des lumières de David Sahid est la traduction de la version persane du Livre de Calila et Dimna; et cet ouvrage doit être signalé parce qu'il a fourni à La Fontaine plusieurs de ses belles fables. Voici le titre de cette traduction française : Le Livre des Lumières, ou la Conduite des roys, composé par le sage Pilpay, Indien; traduit en françois par David Sahid d'Ispahan, ville capitale de la Perse. A Paris, chez Siméon Piget, 1644, petit in-80,- Plus de vingt ans après, en 1666, le P. Poussines, savant jésuite, donna, sous le titre d'Exemples de la sagesse des anciens Indiens, une traduction latine du Calila et Dimna, composée sur la version grecque de Siméon Seth. Le grand volume in-folio qui recèle ce travail n'a point échappé à la curiosité de La Fontaine, et on trouve dans son recueil plusieurs fables qu'il n'a pu puiser qu'à cette source. Le Directorium humanæ vitæ, de Jean de Capoue, est un livre beaucoup trop rare pour que l'on puisse croire que La Fontaine l'ait consulté. (LOISELBUR-DESLONCHAMPS, Essai sur les Fables indiennes, 1838, in-8°, p. 23 et suiv.) Voir: Calila et Dimna, ou Fables de Bidpaï, en arabe, précédées d'un Mémoire sur l'origine de ce livre et sur les diverses traductions qui en ont été faites en Orient, par M. Sylvestre de Sacy. – Voir également : Essai sur les Fables indiennes, par LoiseleurDeslonchamps. Paris, Techener, 1838, in-80. Quant aux fables de Lokman, M. de Sacy les considère comme modernes et empruntées à la rédaction grecque des fables ésopiques. Le maître étant absent, ce lui fut chose aisée. Parmi le thym et la rosée. Dit l'animal chassé du paternel logis. Que l'on déloge sans trompette, Était au premier occupant. C'était un beau sujet de guerre Et quand ce serait un royaume, En a pour toujours fait l'octroi (1) Plutôt qu'à Paul, plutôt qu'à moi. Or bien, sans crier davantage, Un chat faisant la chattemite (3), (1) Encore de l'actualité. Les modernes théoriciens de la propriété se seraient-ils inspirés, par hasard, des théories de la belette? (2) Nom tiré de Rabelais. « Nous avons ici, près la Villaumère, un vieux poëte; c'est Raminagrobis, lequel en seconde nopce espousa la grande gourre, dont naquit la belle Bazoche, » Pantagruel, liv. III, ch. XXI. (3) Calta mitis, la chatte caressante. |