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grace dont vous m'honorés ? Seroit ce un foible recueil de Pocfies qu'une temerité heureuse,& quel que adroite imitation des Anciens ont fait valoir, plûtoft que la beauté des pensées ni la richeffe des expreffions? Seroit-ce une traduction fi éloignée de ces grands chef-d'œuvres que vous nous donnés tous les jours, & où vous faites fi glorieusement revivre les Thucydides, les Xenophons, les Tacites, & tous ces autres celebres Heros de la fçavante antiquité? Non, MESSIEURS, Vous connoiffés trop bien la jufte valeur des chofes, pour payer d'un fi grand prix des ouvrages auffi mediocres que les miens, & pour m'offrir de vous-mêmes, s'il faut ainfi dire, fur un fi leger fondement, un honneur que la connoiffance de mon peu de merite ne m'a pas laiffé feulement la hardieffe de demander.

Quelle est donc la raifon qui vous a pû inspirer fi heureusement pour moi en cette rencontre? Je commence à l'entrevoir, & j'ofe me flater que je ne vous ferai point fouffrir en la publiant. La bonté qu'a eu le plus grand Prince du monde en voulant bien que je m'emploiafle avec un de vos plus illuftres Ecrivains à ramaffer en un corps le nombre infini de fes actions immortelles, cette permillion, dis-je, qu'il m'a donnée m'a tenu lieu auprés de vous de toutes les qualités qui me manquent. Elle vous a entierement déterminés en ma faveur. Oui, MESSIEURS, quelque jufte fujet qui dûft pour jamais m'interdire l'entrée de voftre Academie, vous n'aves pas creû qu'il fuft de vostre équité, de fouffrir qu'un Homme deftiné à parler de fi gran

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aujourd'hui entrer dans ce Corps fi celebre, l'objet de leurs foins & de leur eftime, & ou par les loix qu'ils ont établies, par les maximes qu'ils ont main tenues, perfonne ne doit eftre receu qui ne foit d'un merite fans reproche, d'un efprit hors du commun, en un mot, femblable à vous? Mais à qui eft ce encore que je fuccede dans la place que vous m'y donnez? N'eft-ce pas à un Homme également confiderable, & par fes grands emplois, & par fa profonde capacité dans les affaires, qui tenoit une des premieres places dans le Confeil, & qui en tant d'importantes occafions a efté honoré de la plus étroite confiance de fon Prince, à un Magiftrat non moins fage, qu'éclairé, vigilant, laborieux, & avec lequel, plus je m'examine, moins je me trouve de proportion.

Je fçai bien, MESSIEURS, & perfonne ne l'ignore, que dans le choix que vous faites des Hommes propres à remplir les places vacantes de voftre fçavante Alfemblée, vous n'avés égard ni au rang ni à la dignité: que la politeffe, le fçavoir, la connoiffance des belles lettres ouvrent chés vous l'entrée aux honneftes gens, & que vous ne croies point remplacer indignement un Magiftrat du premier ordre, un Miniftre de la plus haute élevations en lui fubftituant un Pocte celebre, un Berivain illuftre par les ouvrages, & qui n'a fouvent d'autre dignité que celle que fon merite lui donne fur le Parnaffe. Mais en qualité mefme d'Homme de lettres, que puis-je vous offrir, qui foit digne de la Spjah ozmolisgrace

Monfieur de Bezons; Confeiller d'Eftat,

grace dont vous m'honorés ? Seroit ce un foible. recueil de Poefies qu'une temerité heureuse,& quelque adroite imitation des Anciens ont fait valoir, plûtoft que la beauté des pensées ni la richeffe des expreffions? Seroit-ce une traduction si éloignée de ces grands chef-d'œuvres que vous nous donnés tous les jours, & où vous faites fi-glorieufement revivre les Thucydides, les Xenophons les Tacites, & tous ces autres celebres Heros de la fçavante antiquité? Non, MESSIEURS, vous connoiffés trop bien la jufte valeur des chofes, pour payer d'un fi grand prix des ouvrages auffi mediocres que les miens, & pour m'offrir de vous-mêmes, s'il faut ainfi dire, fur un fi leger fondement, un honneur que la connoiffance de mon peu de merite ne m'a pas laiffé feulement la hardieffe de demander.

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Quelle est donc la raifon qui vous a pû infpirer fi heureusement pour moi en cette rencontre ? Je commence à l'entrevoir, & j'ofe me flater que je ne vous ferai point fouffrir en la publiant. La bonté qu'a eu le plus grand Prince du monde en voulant bien que je m'emploialle avec un de vos plus illuftres Ecrivains à ramaffer en un corps le nombre infini de fes actions immortelles, cette permillion, dis-je, qu'il m'a donnée m'a tenu lieu auprés de vous de toutes les qualités qui me manquent. Elle vous a entierement déterminés en ma faveur. Oui, MESSIEURS, quelque jufte fujet qui dûft pour jamais m'interdire l'entrée de voftre Academie, vous n'avés pas creû qu'il fuft de voftre équité, de fouffrir qu'un Homme deftiné à parler de fi gran

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pline: Quand ils compteront bien toutes les Provinces que dans les guerres fuivantes il a ajoutées à fon Royaume, toutes les villes qu'il a conquifes, tous les avantages qu'il a eus, toutes les victoires qu'il a remportées fur fes ennemis, l'Espagne, la Hollande, l'Allemagne, l'Europe entiere trop for ble contre lui feul, une guerre toûjours féconde en profperités, une paix encore plus glorieufe. Quand, dis-je,des plumes finceres, & plus foigneufes de direi vrai que de fe faire admirer, articuleront bien tous? ces faits difpofés dans l'ordre des temps, & accom pagnés de leurs veritables circonftances; Qui eft-ce qui en pourra difconvenir, je ne dis pas de nos Voifins, je ne dis pas de nos Alliés, je dis de nos Ennemis inefmes? Et quand ils n'en voudroient pas tomber d'accord; leurs puiffances diminuées, leuts Eftats refferrés dans des bornes plus étroites, leurs plaintes, leurs jaloufies, leurs fureurs, leurs invectives mefmes ne les en convaincront-ils pas malgré eux ? Pourront-ils nier que, l'année mefme où je parle, ce Prince voulant les contraindre d'accepter la paix qu'il leur offroit pour le bien de la Chrêtienté, ila tout à coup, & lorsqu'ils le publioient entie rement épuifé d'argent & de forces, ila, dis-je, toutà-coup fair fortir comme de terre dans les Païs-bas deux armées de quarante mille hommes chacune, & les y'a fait fubfifter abondamment malgré la difette des fourages, & la fecherelle de la faifon. Pourront-ils nier que tandis qu'avec une de ces armées il falloit aflieger Luxembourg, fui mefine avec l'autre tenant toutes les villes du Haynaut & du Brabant!

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comme bloquées; par cette conduite toute mer- veilleufe, ou plutoft par une espece d'enchantement Efemblable à celui de cette Teite fi celebre dans les fables dont l'afpect, convertiffoit les hommes en Lochers, ila rendu les Efpagnols immobiles fpectateurs de la prife de cette place fr importante où ils avoient mis leur derniere reffource: Que par un effet non, moins admirable d'un enchantement fi prodigieux, cét opiniâtre Ennemi de fa gloire, cet induftrieux Artifan de ligues & de querelles, qui travailloir depuis fi long-temps à remuet contre lui toute l'Europe, s'eft trouvé lui-mefme dans l'impuillance, pour ainfi dire, de fe mouvoir, lié de tous coftés, & reduit pourtoute vangeance à femer des libelles, à pouffer des crist& des injutes? Nos Ennemis, jede repetes pourront-ils njertoutes ces chofes Pourront ils ne pas avouer qu'au meline temps que ces merveilles s'executoient dairs les Pais-bas, noftre armée navale fur la mer Mediterranée, aprés avoir forcé Alger à demander la paix, faifoit fentir à Genes, par un exemple à jamais terrible, la jufte punition de fes infolences & de fes perfidies, enfevelifloit fous les ruines de fes Palais & de ses Maisons cette fuperbe ville plus ailée à détruire qu'à humilier. Non fans doute, nos Ennemis n'oferoient démentir des verités i reconnues; fur tout lorfqu'ils les verront écrites avec cet air fimple & naïf, & dans ce caractere de fincerité & de vraifemblance, qu'au défaut des autres chofes, je ne defefpere pas abfolument de pouvoir, au moins en partie, fournir à l'Hiftoire.

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