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et qui serviront à compléter ce qui a été rapporté dans le Recueil de mes observations astronomiques (T. I, p. xxxvп et 28). Don Josef Varela observa, le 50 août 1776, au port de la Gomera, l'émersion du troisième satellite de Jupiter, à 5h 40′ 8′′. Tofiño vit, à Cadix, celte même émersion, à 16h 25′ 28′′. Différence des méridiens, oh 43′ 20′′; le port de la Gomera étant situé, d'après les opérations de Borda, ob 3′ 28′′ à l'est de SainteCroix, on trouve, pour ce dernier endroit, ob 39' 52". Le 12 octobre, Varela observa l'immersion du troisième satellite à SainteCroix, à 12h 42' 11". Tofino fit la même observation à Cadix, à 13h 22' 26". Différence des méridiens, oh 40′ 15′′. Le même jour, émersion du troisième satellite à Sainte-Croix, à 15h 52′ 51′′; à Cadix, 16h 32′ 54′′. Différence, oh 40′ 3′′. La moyenne de ces trois observations de satellites, qui n'avoient point encore été publiées, donne Saint-Croix à l'ouest de Paris de 18° 56′ 45′′, en comptant, avec M. de Borda, pour Cadix, 8° 36′ 0′′, conformément à l'observation de l'éclipse annulaire du soleil de 1764, calculée par Duséjour. Mais la véritable longitude de

l'ancien observatoire de Cadix étant, d'après un grand nombre d'occultations d'étoiles', calculées par MM. Triesnecker et Oltmanns, de 8° 37' 37", il en résulte, pour SainteCroix, par les satellites, 18° 38′ 22′′. Varela et Tofino se servoient de deux télescopes de Dollond de 2; pieds de longueur, et avec lesquels ces deux observateurs avoient souvent obtenu à Cadix des résultats d'un accord parfait. Deux observations des premier et second satellites, faites par le père Feuillée, en 1724, à la Laguna et à la ville d'Orotava, et comparées aux observations de Maraldi, à Paris, donnent, pour Sainte-Croix de Ténériffe, 18° 36′ 36′′ et 18° 29′ 11′′, en supposant, avec Borda, la Laguna de 2' 50" et la ville de l'Orotava de 16′ 15′′ à l'ouest du môle de Sainte-Croix (Mém. de l'Acad., 1746, p. 123.) Ces données, réunies aux résultats chronométriques, concourent à prouver ce que j'ai développé ailleurs, que la longitude du môle n'est probablement ni plus petite que 18° 33' ni plus grande que 18° 36' ou 18° 38'. M. de

1 Rec. d'obs. astron., T. I. p. 25. Espinosa, Memorias de los Navegantes, T. I, p. 45.

Borda, en parlant, dans son Journal, du capitaine Cook, qu'il eut la satisfaction de rencontrer aux îles Canaries, ajoute : « Je ne conçois pas pourquoi ce célèbre navigateur, qui connoissoit les déterminations des voyageurs qui l'ont précédé, s'obstine à vouloir que le port de Sainte-Croix soit par les 18° 51′0′′. (Third Voyage, T. I, p. 19.) Avant l'expédition de la Boussole et de l'Espiégle, on croyoit généralement la latitude du Pic de Ténériffe de 28° 12′ 54′′. (Maskelyne, Brit. Mariner's Guide, p. 17.) Cook trouva le Pic, par des opérations faites à la voile, 12' 11" plus austral et 29′ 30′′ plus occidental que le môle de Sainte-Croix. Les opérations géométriques de Borda donnent, avec plus de précision, 11' 37" pour la différence en latitude, et 23′ 54′′ pour la différence en longitude. Au môle, le Pic a été relevé astronomiquement Quest 28° 55′ Sud. Angle de hauteur apparent, 4o 37'. Distance, 22740 toises, en supposant l'élévation du volcan de 1904 toises. Latitude du Pic, 28° 16′ 53′′. Longitude, 18° 59' 54". Je consigne ici tout ce qui a rapport à cette montagne célèbre pour engager les navigateurs à vérifier des résultats

aussi importans pour la géographie nautique.

M. de Borda est le seul voyageur qui ait comparé, d'une manière précise, l'inclinaison magnétique à Sainte-Croix et à la cime du Pic de Ténériffe. Il a trouvé la dernière de 1° 15′ plus grande. (Manuscrit du Dépôt, Cah. 4..) Cette augmentation d'inclinaison observée sur le sommet d'une haute montagne, est conforme à ce que j'ai remarqué plusieurs fois dans la chaîne des Andes: elle dépend probablement de quelque système d'attractions locales; mais, pour bien juger de ce phénomène, il faudroit connoître exactement l'inclinaison de l'aiguille aimantée au pied du volcan, par exemple, à la ville d'Orotava. La déclinaison, en 1776, étoit à Gomera de 15° 45', au môle de Sainte-Croix de 15o 50', et au bord du cratère du Pic, 19° 40′ vers le nord-ouest.

LIVRE II.

CHAPITRE IV.

Premier séjour à Cumana. Rives du Manzanares.

Nous étions arrivés au mouillage, vis-à-vis de l'embouchure du Rio Manzanares, le 16 juillet, à la pointe du jour; mais nous ne pûmes débarquer que très-tard dans la matinée, parce que nous fùmes obligés d'attendre la visite des officiers du port. Nos regards étoient fixés sur des groupes de cocotiers qui bordoient la rivière, et dont les troncs excédant soixante pieds de hauteur dominoient le paysage. La plaine étoit couverte de touffes de Casses, de Capparis et de ces Mimoses arborescentes qui, semblables au pin de l'Italie, étendent leurs branches en forme de parasol. Les feuilles pennées des palmiers se détachoient sur l'azur d'un ciel dont la pureté n'étoit troublée par aucune trace de

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