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il eft dit, qu'on donna Hebron à Caleb, qui en dépoffeda les enfans de Hanak. Nous répondons Jug. ta par l'une ou l'autre de ces fuppofitions. Ou 20. Îes ennemis avoient repris fur Jofué cette même ville qu'il avoit prife fur eux, comme cela arrivoit quelquefois, ainfi que nous l'avons déjà remarqué; ou bien Josué n'avoit d'abord pris que la ville, pendant que les Cananéens en occupoient encore les dépendances, du moins il est très certain que le mot d'Hebron fe prend en deux fens dans l'Hiftoire fainte: quelquefois il fignifie fimplement la ville qui portoit ce nom; dans ce fens il eft dit, qu'Hebron fut donné aux facrificateurs. Quelquefois il fignifie tout Jof. xxr. fon territoire; dans ce fens il eft dit qu'Hebron 11. 12. 13. fut donné à Caleb. C'eft affez fur cet article. Jug. 1.

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Les filles de Tfelophcad furent les troifiémes 20. perfonnes, qu'on diftingua dans le partage de la Terre fainte. Elles virent que Moyfe n'avoit Nombr compris dans le dénombrement de ceux, aux-xxvII. 1. quels étoit deftinée une portion dans la Terre &c. Promife, que les mâles de vingt ans & audeflus. Leur famille alloit être éteinte, & elles étoient menacées d'être fans partage en Ifraël. Elles rapportérent leur cas à Moyfe, à Eléazar aux principaux & à toute l'affemblée, devant le Tabernacle. C'eft ainfi que l'Hiftoire fainte défigne le grand Confeil des Ifraëlites. Il tenoit fes affifes près du Tabernacle, afin que s'il furvenoit quelqu'un de ces cas extraordinaires, que a Jofué la prudence humaine ne fauroit éclaircir, on XVIII. i. b Jug. fût plus à portée d'aller à la fource de la lumière, XXI. 8. & de confulter l'Oracle. Auffi trouvons-nous c r. Sam. que ce Confeil te tint, tantôt à a Schilo, tan- x1. 15. tôt à Mitfpa, tantôt à Guilgal, tantôt d 1. Sam. d Nob, tantôt à Gabaon, felon les lieux e 1. Chr.

c

XXI. I.

XVI. 39.

où étoit le Tabernacle, marchant toûjours à la fuite de cette Tente de Dieu, jufques à ce qu'il fe fixât enfin avec elle à Jérufalem.

Ces filles représentèrent à cette Aflemblée, que Telophcad leur père avoit été coupable véritablement, mais non d'aucun de ces crimes, 'dans la peine defquels on envelope les enfans avec les pères, qu'il avoit toûjours reconnu l'autorité de Moyfe; qu'il n'étoit jamais entré dans le complot de ces factieux, qui avoient eu l'audace de s'y fouftraire; que s'il étoit mort fans avoir vû la Terre promife, c'avoit été en exécution de la Sentence, qui en excluoit tous ceux qui avoient murmuré dans le Defert. C'eft ce que nous entendons par ces paroles, il eft mort dans fon péché: & cela même réfute fuffifamment la penfée de 7 ceux qui ont prétendu, que Tfelophcad étoit l'homme, qui fut lapidé pour avoir remaffé du bois un jour de Sabat.

Quelque grande que fût l'autorité de ceux en la présence defquels la cause, dont nous parlons, fut rapportée, ils n'oférent prononcer fans avoir recours à l'Oracle. Il fut favorable aux filles de Tielophcad. Il leur adjugea la portion qu'elles avoient demandée. Ce cas particulier donna même occafion à une Loi générale, qui devoit être obfervée dans tous les cas pareils. Elle portoit, que quand quelqu'un Nombr. mouroit fans avoir des fils, fon héritage devoit XXVII. 8. paffer à fes filles: que s'il mouroit fans enfans, fon héritage devoit pafler à fes frères: que s'il mouroit fans frères, fon héritage devoit pafler à fon oncle: & que s'il mouroit fans oncle,

c'é

17 Voi. SELDEN. Synedr. lib. II. cap. 1. fect. 9. pag. 506. Gemara Babyl. ad titul. Sabbat. cap. 11. fol. 96. pag. 2

c'étoit au plus proche parent à en hériter. Sur
quoi 18 Grotius remarque, que les oncles héri
toient, parmi les Hébreux, avant les neveux;
& il croit que cette Loi paffa des Juifs aux
Phéniciens
& des Phéniciens dans toute
l'Afrique.

Selon la réponse de l'oracle, les filles de Tfelophcad ne devoient naturellement avoir que la portion de leur père. Il étoit de la Tribu de Manaffé, dont il y avoit cinq branches à pourvoir, outre celles qui avoient eu leur partage au-delà du Jourdain. Ces cinq branches étoient celle d'Abihefer, celle d'Helek, celle d'Afriel, celle de Schekem, celle de Schemidah. Les defcendans de Chepher, père de Telophcad, fefoient la fixiéme. Les filles de ce dernier devoient avoir par cela même une fixiéme portion. Jofué Cependant il eft dit, qu'outre le païs de Galaad XVII. 2. & de Balan, qui avoit été donné à une moitié de la Tribu de Manaflé, cette Tribu eut dix portions au lieu de fix. La réponse à cette difficulté eft naturelle. 11 Il y eut fix portions pour chacune des fix branches de Manaffé; Jofué mais la fixiéme fut partagée en cinq, parce que XVII. 5. Tfelophcad avoit laiffé cinq filles. Les Juifs font d'autres calculs, dont on peut voir la lifte dans un endroit des Ouvrages de '9 Selden, que nous n'aurions pû extraire ici, fans donner un trop grand exercice à la patience de nos Lecteurs comme nous avouons ingenûment qu'il en a donné à la notre. Nous placerons auffi dans un autre lieu nos remarques fur les villes de refuge.

DIS

18 GROTIUs in Numer. XXVII. to. 19 SELDEN. de fucceffion, in bon. Defunct, cap. 13. pag. 72.

222

030600

DISCOURS VIII.

Jofué renvoie les Rubenites, les Gadites, ceux de la demi-Tribu de Manasé. JOSUE XXII.

L

Es quarante mille hommes de la Tribu de Gad, de celle de Ruben, & de la moitié de celle de Manaffé, avoient rempli leurs engagemens. Ils avoient laiffé leurs biens, leurs familles au-delà du Jourdain; ils avoient paffé ce fleuve avec leurs frères; ils avoient courageufement combattu pour eux contre l'ennemi commun; & contribué de tout leur pouvoir à les rendre maitres de la Terre de Canaan. Jolué, fatisfait de leurs travaux & de leurs fervices, les congédia.

Il n'eft pas facile de marquer bien précifément l'époque de leur départ. C'eft ce qu'on peut conclurre des réflexions, que nous avons faites dans le Difcours précédent. Ufferius croit que ce fut l'An du Monde 2560. la feptiéme année de l'entrée des Ifraelites dans le païs de Canaan, laquelle fut felon lui la ́première

année

IUSSERIUS Atas M. IV. in ann, 2560. pag. 23.

année Sabbatique. • Mafius prétend que ces quarante mille hommes furent quatorze années entieres dans la Terre promife. Il prouve démonstrativement que la plupart des Juifs font dans cette pensée. Nous voudrions, qu'il nous eût fourni d'auffi grands fecours pour déterminer fi elle eft fondée fur des raifons folides.

Nous pourrions facilement rapporter les penfées des autres Chronologiftes fur ce fujet : mais il n'y en a aucune qui nous ait paru exempte de difficultez. J'avoue que c'eft une chose peu agréable, & qui probablement rebutera fouvent nos Lecteurs, que cette incertitude perpétuelle, dans laquelle nous demeurons fur certains fujets. Si c'eft parce que nous manquons de pénétration; ce n'eft pas du moins faute de travail. Nous avons fait tous nos efforts pour trouver dans les Ouvrages des grands Hommes des fecours pour ne rien laiffer d'indécis dans celuici. Mais c'étoit là une chofe impraticable, fur tout dans ce qui concerne la Chronologie. Les Chronologiftes, qui marquent année par année, mois par mois, & en quelque forte jour par jour, chaque événement raconté dans l'Histoire fainte, font voir dequoi leur imagination eft capable, mais non ce que les Auteurs facrez ont raconté. Et s'il m'eft permis de parler avec franchise fur cette matière, il n'eft pas difficile de faire fuppléer des conjectures à des preuves Chronologiques. Il n'y a perfonne, qui trouvant dans une narration un certain nombre de faits arrivez dans l'efpace de 20. ou de 30. années, ne puifle ranger une partie de ces faits

2 MASIUS in Jofuam XXII. 1. pag. 1923, dans le II. volume des gr. Critiques,

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