pendant qu'elle fe place? elle le voic de front, n'en perd pas une feule parole ny le moindre gefte ; il y a une brigue entre les Prêtres pour la confeffer, tous veulent l'abfoudre, & le Curé l'emporte. L'on porte Crefus au Cimetiere nelaye de toutes ces immenfes richeffes que lulek. Champagne au fortir d'un long di-mon ¶ Sylvain de fes deniers a acquis de 2 la naissance & un autre nom; il est Seigneur de la parroiffe où fes ayeuls payoient la taille: il n'auroit pû autrefois entrer Page chez Cleobule, & il eft m? Je Dorus paffe en litiere par la voye Appienne, précedé de fes affranchis & de fes efclaves qui détournent le peuple, & font faire place; il ne luy manque que des licteurs ; il entre à Rome avec ce cortege,où il femble triompher de la baffeffe & de la pauvreté de fon pere Sanga. On ne peut mieux user de fa fortune que fait Periande; elle luy donne du rang, du credit, de l'autotité; déja on ne le prie plus d'accorder fon amitié, on implore fa protection : il a commencé par dire de foy-même, un homme de ma forte, il paffe à dire, un homme de ina qualité, il fe donne pour tel, & il n'y a perfonne de ceux à qui il prête de l'argent; ou qu'il reçoit à fa table, qui est délicate, qu'il veuille s'y oppofer: fa demeure eft fuperbe, un dorique regne dans tous fes dehors, ce n'eft pas une porte, c'eft un portique ; eft - ce la maifon d'un particulier eft-ce un Temple, le peuple s'y trompe: il eft le Seigneur dominant de tout le quartier; c'est lui que l'on envie & dont on voudroit voir la chûte, c'eft lui dont la femme par fon collier de perles s'eft fait des ennemies de toutes les Dames du voifinage: tout fer foûtient dans cet homme rien encore ne fe dément de cette grandeur qu'il a acquife, dont il ne doit rien, me de qu'il a payée : que fon pere fi vieux fangle & fi caduc n'eft-il mort il y a vingt Combien d'hommes reffemblent à ces arbres déja forts & avancez que l'on tranfplante dans les jardins, oùr ils furprennent les yeux de ceux qui les voyent placez dans de beaux endroits où ils ne les ont point veu croître, & qui ne connoiffent ny leurs commencemens, ny leurs progrés. Si certains morts revenoient au lovoid di monde, & s'ils voyoient leurs grands bercourt Noms portez, & leurs Terres les mieux titrées, avec leurs Châteaux & leurs maisons antiques poffedées par des gens dont les peres étoient peut être leurs metayers; quelle opinion pourroient-ils avoir de nôtre fiecle. Rien ne fait mieux comprendre le peu de chofe que Dieu croît donner aux homines en leur abandonnant les richeffes, l'argent, les grands. établiffemens & les autres biens, que la difpenfation qu'il en fait, & le genre d'hommes qui en font le mieux pourvûs. Si vous entrez dans les cuifines où l'on voit reduit en art & en methode, le fecret de flater vôtre goût & de vous faire manger au delà du neceffaire; fi vous examinez en détail tous les apprêts des viandes qui. doivent compofer le feftin que l'on vous prepare ; & vous regardez par quelles mains elles paffent, & toutes les formes differentes qu'elles prenent avant de devenir un mets exquis, & d'arriver à cette propreté & à cette élegance qui charment vos yeux, vous font hefiter fur le choix & prendre le parti d'eflayer de tout; fi vous voyez tout le repas ailleurs que fur une table bien fervie, quelles faletez quel dégoût ! Si vous allez derriere un Theatre, & fi vous nombrez les poids, les rouës, les corda ges qui font les vols & les machines: fi vous confiderez combien de gens entrent dans l'execution de ces mouvemens, quelle force de bras,& quelle extenfion de nerfs ils y employent vous direz, font-ce là les principes & les refforts de ce fpectacle fi beau, fi naturel, qui paroît animé & agir de foy même vous vous récrierez, quels efforts, quelle violence de méme: n'approfondiffez pas la fortune des, Partifans.. ¶ Ce garçon fi frais, fi fleuri,& d'une ne fi belle fanté eft Seigneur d'une Abbaye & de dix autres benefices ;: tous enfemble lui rapportent fix vingt mille livres de revenu, dont il net |