PRINCIPES DE LA LITTÉRATURE TXXXXXXXXXXXXXXI IX. TRAITÉ. DES GENRES EN PROSE. Obfervation préliminaire. L feroit aifé, s'il en étoit befoin, de faire voir qu'on peut étendre fur toute la Littérature le principe de l'imitation que nous avons établi & développé dans les volumes précédens qui ont pour objet la Poéfie. Les Genres en profe ne doivent, ne peuvent être autre chofe que la Nature bien exprimée : & la Poéfie n'eft que l'imitation de cette expreffion. Elles font donc l'une à l'autre ce que l'original eft à fon portrait, ou le Tome IV. A portrait à fon original. Ce font dans l'un & dans l'autre, les mêmes traits, les mêmes couleurs, les mêmes caracteres. Et comme les Arts ne font jamais plus beaux que quand ils reffemblent parfaitement à la nature originale; de même celle-ci n'eft jamais plus parfaite & plus belle que quand elle reffemble à la nature choisie & embellie par les Arts -Tout ce qui fe trouve là doit fe trouver ici, & par les mêmes raifons. Si cela eft ainfi, me dira-t-on, pourquoi n'avoir pas commencé la fuite de vos Traités par l'Eloquence & le Récit, qui font, fans contredit, plus près de la nature que tous les autres Genres, & qui femblent même en quelque forte avoir été les modeles de la Poéfie? ll étoit naturel d'aller du fimple au compofé, & de présenter d'abord les procédés ordinaires de l'efprit humain avant que d'étudier les rufes & les fineffes de l'art. D'ailleurs le langage de la Profe a certainement précédé celui de la Poéfie; celle-ci a toujours bâti avec les matériaux de celle-là. C'est donc renverfer l'ordre, & commencer par le faîte de l'édifice, que d'offrir d'abord à ceux qu'on veut introduire dans le commerce des Mufes, les livres de poéfie, par où il femble qu'on auroit dû finir. |