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tous les vaillants chefs de cette magnifique armée française qui va enfin reprendre le dessus, après quatre ans de luttes et de combats inouïs, se portent vers le but que les calculs du généralissime lui 5 ont assigné, accrochent l'ennemi, le mordent, le battent, le retournent, le roulent sanglant, éperdu et décimé dans la poussière et la boue des champs de bataille où il laisse des montagnes de morts. Et ce sont coup sur coup, presque chaque jour, 10 ces retentissantes victoires qui ne cessent plus depuis, qui ont rempli la France de noble orgueil et le monde d'allégresse, qui constituent à elles seules une inégalable épopée, une épopée unique dans les fastes militaires du monde ancien et 15 moderne.

Tour à tour c'est la deuxième victoire de la Marne, aussi belle par l'héroïsme qui y est déployé, aussi grande par ses conséquences que la première, de cette Marne contre laquelle, à toutes les épo20 ques, sont venues se briser les invasions germaniques, et que de nouveau les Allemands repassent dans un désordre qui ressemble à une déroute. C'est Château-Thierry, Soissons, Montdidier, Noyon, Lassigny, Bapaume, Roye, enlevés de 25 haute lutte; Quéant, Ham, Chauny, Saint-Quentin, Lens, Armentières, Cambrai, reconquis; c'est Lens, Douai, Laon, Thouraut, Lille, Roubaix, Tourcoing, Zeebruge, Ostende, Denain, Bruges, délivrées, toute la côte belge libérée du joug odieux; c'est 30 Saint-Mihiel repris par les Américains: c'est la résistance de l'ennemi partout brisée, la poursuite sans merci des hordes du kaiser, les villages délivrés

par centaines, les canons pris par milliers, les prisonniers expédiés à l'arrière par centaines de mille. En Orient, suivant le même plan d'offensive implacable, ce sont les Austro-Bulgares partout 5 repoussés, les victoires s'ajoutant aux victoires, la Serbie dégagée, les alliés touchant Belgrade où le vieux roi Pierre pourra faire bientôt son entrée solennelle, comme le roi-chevalier Albert de Belgique et sa noble épouse l'ont faite à Bruges. Et 10 c'est aussi le désarroi, l'épouvante, la consternation, la démoralisation dans le camp de nos ennemis. Ce sont les empires centraux tombant à genoux et demandant grâce. C'est la Bulgarie, habile à sauver sa situation, se retirant la première de la 15 guerre; c'est l'Allemagne effondrée mendiant un armistice et une paix dont elle a besoin, pour ne pas sombrer à jamais, et déjà répudiant le kaiser, auteur responsable de tant de forfaits, qui l'a conduite à l'abîme; c'est l'Autriche désagrégée et 20 démembrée se séparant à son tour de ses complices et obligée de reconnaître l'indépendance des races opprimées pour avoir la paix; c'est la Turquie désemparée cherchant à sauver les débris de sa puissance. C'est un grand vent de justice, de droit, 25 de liberté soufflant sur le monde et ouvrant à son avenir de magnifiques horizons.

Voilà l'œuvre du maréchal Foch!

Voilà l'œuvre de ses longues méditations, de sa patience, de sa vigilance jamais démentie, de son 30 génie militaire! Voilà le résultat de la mise en pratique d'une de ses maximes favorites...: «Quand vient l'heure des décisions à prendre, des

responsabilités à encourir, des sacrifices à consommer, il faut prendre ces décisions avant qu'elles soient imposées, aller au-devant des responsabilités, s'assurer partout l'initiative, déchaîner l'offen5 sive en tous points...» En trois mots, grâce à cette doctrine, Foch a gagné une guerre de quatre ans, la plus formidable qui se soit vue par l'étendue du terrain, par les quantités d'hommes en présence, par l'énormité des intérêts en jeu. CONTAMINE DE LATOUR

Foch. Picart, Paris, 1918.

ans de douleurs et d'efforts, voici la rosée de la paix qui vient te rafraîchir. Puisse-t-elle faire sortir de toi, dans un heureux enfantement, les fleurs et les fruits, la force et le nombre, la foi et l'union!...»

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