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Noms de

tités de la

plus travaillé à l'aftrologie judiciaire, qu'à la connoiffance du ciel. Hygin, lans fon aftronomie poëtique, n'a pref que été occupé, que de la fable. Il raconte, par exemple, que Cécrops prémier roi d'Athénes [g] fut metamor phofé au figne du verfeau: qu'Erich ton inventeur des chars le fut en la conf. tellation du cocher; Erigone en celle de la vierge; & il ne traite des cieux, que par rapport aux fictions des poëtes. Le fentiment d'un auteur moderne figes du [b] eft que les figres du zodiaque ont aque été nommés par les enfants de Jacob. prophétie Cet auteur montre le rapport de leurs noms, & de la prophetie du patriarche mourant, avec les noms des conftellations. Il trouve aifément le verfeau dans Ruben [i], Tu t'es précipité comme l'eau: les jumeaux, dans Simeon, & Levi: le lion, dans Juda [k], Juda eft un faon de lion : les poiffons, dans Zabulon [7], Zabulon habitera dans les rivages des mers, & les ports des riviéres: le taureau, dans Iffachar [m], Iffachar eft couché entre les barres de l'étable: le fagittaire, dans Jofeph [n], fon arc eft demeuré dans fa force; la vierge dans Dina fille de Jacob.

de Jacob.

Les autres explications font plus tirées; comme lorfqu'il prétend, que de Benjamin on a fait le cancer, parce que la prophétie de Jacob dit de lui (0), qu'il dévorera la proie le matin, & que le foir il partagera le butin: ce qui eft renverser l'ordre des chofes, & marcher à reculon comme l'écreviffe, puifqu'il eft naturel de partager le butin, avant que de le manger.

[g] Hygin poët. Aftron, lib. 2. [b] Acad. des bell, lettv.t. 5.p. 31. [i] Effufus es ficut aqua. Gen. c. 49.v.4. [k] Catulus leonis Juda.Gen. c. 49. v.9. [1]Zabulon in littore maris habitabit, & in ftatione navium. Gen.c. 49. v. 13. [m] Iffacharafinus fortis accubans in

L'ancienne aftronomie fut une four

ce de fictions poëtiques. Lucien (p) rapporte que Phaeton fut un fçavant aftronome, qui par fa mort laiffa cette fcience imparfaite, & qu'Endymion y fit de grands progrès. On lit dans Diodore de Sicile (9), qu'Hercule aiant délivré les Hefpérides de leurs ravif. feurs, Atlas pere de ces nymphes fic préfent à Hercule d'une fphére: & que de là les poëtes prirent occafion d'imaginer qu'Hercule avoit relevé Atlas dans l'emploi pénible de foutenir le ciel fur fes épaules. La fable de Prome. thée a auffi fon fondement allégorique, fur ce que ce prince étoit un trés fçavant aftronome qu'il faifoit les obfervations au haut du mont Caucase, & qu'une ardeur infatiable d'apprendre lui rongeoit le cœur. Le plus célébre des anciens aftronomes, a été Claude De PtoléPtolémée, natif de Pélufe,en Egypte, mie. qui vivoit dans le fecond fiécle de l'ére Chrétienne, fous l'empire de Mare Aurele. Ses ouvrages, jufqu'au dernier fiécle, ont été la fource tant de l'astronomie, que de l'astrologie judiciaire, non feulement parmi les Grecs, & les Latins, mais parmi les Syriens, Arabes, Perfes & autres Orientaux. Saint Ifidore (r) s'eft trompé groffiérement, en prenant Ptolémée l'aftronome pour un roi d'Egypte.

Les auteurs, qui ont traité de l'aftronomie, depuis Conftantin jufqu'à Charlemagne, réduifoient toute leur étude au calendrier. On connoît néanmoins, que leur capacité n'étoit pas médiocre, particuliérement celle de Bé,

ter terminos. Gen. c. 49. v. 14. [n]Sedit in forti arcus ejus.Gen.c.49.0.24. [] Mane comedet prædam, & vefpe re dividet fpolia. Gen. c. 49. v, 27. [p] Lucien de l'aftrologie. [q] Diod. Sic. lib. 4.

[7] S. Ifidor, orig, dib, 3.c.25.

de, & d'Alcuin, précepteur de Charlemagne. Ce grand monarque, fuivant le témoignage d'Eginhard, & des autres hiftoriens, fut lui-même fçavant dans l'aftronomie. Les Arabes, & les Perfes ont beaucoup travaillé à perfec tionner cette fcience, mais ce n'a été, qu'en faifant des obfervations affez exactes, fur le fyftéme de Ptolémée, fans y rien ajouter.

Le Calife Almamon, feptiéme de la famille des Abaffides, & dont le regne commença en 813. fit traduire en Arabe, les meilleurs livres Grecs, & dépenfa beaucoup, pour la compofition de fes tables aftronomiques. Il étoit fils du Calife Aaron, qui envoïa une cé lébre ambalade à Charlemagne.

Albatégni aftronome Arabe de Méfopotamie a laiffé des obfervations, fur le foleil, la lune, les étoilles fixes, & l'o bliquité du zodiaque. Il fit ces obfervations vers l'an 91 2. de l'ére Chrétien ne, & 300. de l'Hegyre.

Alfragan originaire de la Sogdiane (s), a été contemporain du Calife Almamon, qui décéda en 833. Alfragan a écrit avec beaucoup de netteté, un abrégé des éléments aftronomiques, qui contient la defcription de la fphére, & les opinions des anciens, fur les proportions des cercles excentriques, & des épicycles, & les diftances, & groffeurs des globes céleftes.

Olugbeg, prince de la maison des Chams Tartares Mogols, a pouffé fort loin l'étude de l'aftronomie, il fit bâtir un Collège à Samarkand, avec un obfervatoire, & il fit faire des inftruments d'une grandeur extraordinaire, pour rendre les obfervations plus juftes.

[s] Golius, not, in Alfrag, in init.
[] Lep. Souciet, obfervat, Mathématiq.

Cette fcience n'a pas ceffé d'être cultivée, parmi les Orientaux, Jean Gravius, fçavant Anglois, qui joignoit à une profonde connoiffance des mathématiques, l'intelligence des langues Orientales, a témoigné qu'il avoit trouvé en Orient des aftronomes très habiles. Les relations de la Chine nous apprennent que dans ce grand roïaume, aucune fcience n'eft tant en honneur que l'aftronomie.

Il eft cependant certain [] que juf qu'à l'arrivée des miffionaires Européans à la Chine, les aftronomes y étoient fort ignorants. Ils croioient que les actions bonnes ou mauvaises des rois changeoient fouvent les mouvements des aftres, fur-tout par rap port aux éclipfes du foleil. Ce principe leur fervoit à juftifier leurs erreurs & leurs calculs défectueux, ils l'emploïoient auffi à flatter leurs princes. Les Chinois malgré leur vanité & leur mépris pour les étrangers, ont abandonné leur aftronomie pour fe conformer à la nôtre, & ils rendent à l'Europe en ce point un hommage qu'ils lui refufent en tout le refte.

Mais pour revenir à ce qui nous eft plus connu, Jean de Sacrobofco Mathurin, qu'on croit avoir été Anglois, a compofé un traité de la fphére, quia cu plufieurs commentateurs. Il mourut en 1256.

Alphonfe X. roi de Caftille, furnonmé le Sage, après avoir été élu empereur, perdit l'empire par fa négligence, fut dépouillé de fes états par fon fils Sanche, implora vainement l'affiftance du roi de Maroc, & fe retira à Seville, où après avoir maudit fon fils ingrat, il mourut de chagrin deux ans après Pan

Aftronomiq. &c. tirées des livres Chinois, t. 3.

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Durétablif

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l'an 1282. C'eft à quoi Mariana [] fait allufion, lorfqu'il dit qu'Alphonfe perdit la terre à force de contempler le ciel.

Alphonse fit dreffer en 1270. lestables nommées Alphonfines, pour lefquelles il fit de grandes dépenfes.

Roger Bacon, cordelier Anglois, célébre par la fcience des mathémati ques, vivoit en même temps. Pierre d'A, pon de Padouë, floriffoit peu après,dans le commencement du quatorziéme fiécle. Il a excellé dans l'aftronomie, & dans la médecine. Les connoiflances rares de ces deux feavants, les ont fait regarder comme des magiciens dans des temps de groffiéreté & d'ignorance. Touts deux ont été juftifiés de cette accufation[x]par Naudé.

Les cardinaux Pierre d'Ailli Franment de çois, & Nicolas Cufa Alemand, ont Patrono relevé l'aftronomie. George Purbach eft un de ceux qui ont le plus contribué à la rétablir. Il s'appliqua à la lecture des ouvrages de Ptolémée dans l'original grec, au lieu qu'auparavant ces ouvrages n'étoient guéres connus, que par des traductions latines trés imparfaites, qui avoient été faites, non fur l'original grec de l'auteur, mais fur d'autres traductions Arabes.

Purbach eut pour difciple George Muller, connu fous le nom de Regiomontan [y], parce qu'il étoit né à Konigfberg en Pruffe. Régiomontan fut le prémier, qui compofa des Ephémérides, pour plufieurs années.

Tom. I.

IS. Des aftro

Le plus célébre des aftronomes mo. dernes, a été Nicolas Coppernic [z], nomes monatif de Thorn en Pruffe, & chanoine dernes. de Warmie, né le 19. Février 1473. décédé en 1543. Il avoit dédié fon fyftéme au pape Paul III. en 1540.

Tycho-Brahé, de l'illuftre maifon de Brahé, en Danemarc, nâquit le 19 Décembre 1546. il perdit le nez dans un duel, & s'en fit un fi artistement, compofé d'or, d'argent, & de cire, qu'il paroiffoit naturel. Il mourut le 24. Octobre 1601. d'une retention d'urine, que le respect lui avoit fait souffrir dans le caroffe de l'empereur.

Chrétien Longomontan Danois passa huit années prés de Tycho-Brahé: il a compofé un quatriéme fyftéme de l'univers mêlé des trois de Ptolémée, de Coppernic, & de Tycho-Brahé. J'en donnerai une explication fuccincte, dans le chapitre où il fera traité de l'aftronomie ancienne & moderne.

Jean Kepler nâquit au païs de Virtemberg le 27. Décembre 1571. L'empereur Rodolphe le chargea de mettre la derniére main aux tables de Tycho-Brahé, qui devoient être nommées Rodolphines. Képler mourut à Ratisbonne, au mois de Novembre 1630.

Au commencement du dix-feptiéme ou dernier fiécle, Galileo Galilei, dont il a été parlé dans le chapitre de la philofophie moderne, obferva les mouvements des fatellites de Jupiter; il découvrit plufieurs nouvelles étoilBb

[u] Erat Alphonfo fublime ingenium fed incautum,fuperbæ aures,lingua petulans,litteris potius quàm civilibus actibus inftructus: dumque cœlum confiderat, obfervatque aftra, terram amifit, Mariana, de reb. Hifpanic, lib. 13.c.20.

[x] Naudé, Apolog.

[y] Le mot Allemand Konigsberg revient au mot latin Regiomontanus, & au mor françois Roiaumont.

[z] Gaffendi a écrit les vies de Coppernic & de Tycho-Brahé.

16.

fyftéme de

tion de Galilée.

les; & il remarqua des taches dans le foleil, & des montagnes & des vallées

dans la lune.

Galilée fe déclara hautement pour Cenfure du le fyftéme de Coppernic, & il donna Coppernic, licu à la congrégation du faint office, & retracta d'en cenfurer les deux propofitions capitales [a]. Voici la traduction de cette cenfure. Dire que le foleil eft au centre, & abfolument immobile, & fans mouvement local, eft une propofition abfurde, & fauffe en bonne philofophic, & même hérétique, en tant qu'elle eft expreffément contraire à la fainte écriture.Dire, que la terre n'eft pas le centre du monde, ni immobile, mais qu'elle fe meut d'un mouvement, même journalier, eft auffi une propofition abfurde, & fauffe en bonne philofophie; & confidérée théologiquement, elle eft au moins erronée dans la foi. Joignons l'abjuration folemnelle que Galilée en fit en ces termes: Moi Galilée, à la foixante-dixiéme année de mon âge, conftitué perfonnel lement en justice, étant à genoux, & aïant devant les yeux les faints évangiles, que je touche de mes propres mains, d'un cœur & d'une foi fincère, j'abjure, je maudis, & je détefte les fufdites erreurs & héréfies &c. La congrégation du faint office avoit fait publier en 1620. une efpéce d'avertiffement fur l'ouvrage de Coppernic, des révolutions du monde, où elle marque en particulier touts les endroits, qu'elle veut qu'on corrige, & elle y permet de foutenir le fyftéme de Cop

pernic, par maniére d'hypothéfe feulement.Il eft donc libre, fuivant cette décifion, de donner la préférance au fyftéme de Coppernic, tout fyftéme aftronomique n'étant au fond qu'une hypothéfe.

Des lur

tes & te

Galilée a perfectionné les télescopes, ou lunettes de longue vûë. Le pére Mabillon [b] a rapporté dans fon voïage cop cs. d'Allemagne, qu'il avoit vû à l'abbaïe de Sche ir, diocéfe de Freifinge, une hiftoire eccléfiaftique de Petrus Comeftor, à la tête de laquelle étoient les figures des arts libéraux & que pour fignifier l'aftronomie, Ptolémée y étoit représenté obfervant les étoilles, avec une lunette femblable à nos lunettes d'approche. Celui qui a écrit ce manufcrit, nommé Chonradus, étoit mort au commencement du XIII. fiécle, comme le fçavant Bénédictin l'a prouvé par la chronique de ce mo. nakére, que Chonrad avoit continuée jufqu'à ce temps-là. Cette date eft d'autant plus remarquable, que les fimples lunettes qui femblent devoir être inventées les prémiéres, ne l'ont été que plus de cent ans aprés. On n'a trouvé aucune trace d'ufage de télefcopes, chez les anciens. Quoique les lunettes paffent pour une invention, qui n'a pas plus de quatre fiécles d'ancienneté, on peut juger,qu'elles n'ont pas été inconnues aux anciens,par un paffage de Plaute [], qui dit: Produifez-moi un homme, j'aurois befoin de lunettes pour en appercevoir un. A la vérité, on ignore quelle for

[a] Mémoir. de Trév. Décemb. 1631. Mercure François ann. 1633. p. 696. Cette fentence de l'inquifition & Tabjuration de Galilée font du 22. Juin 1693.

[b] Mémoir. de l'acad. des bell. lettr. T. 1. p. 25.

[c] Virum cedo, neceffe eft confpicilio uti.

me avoient ces lunettes, du temps de Plaute.

Si l'on ajoutoit foi [d] aux récits de Roger Bacon, & de Jean-Baptifte Porta, on fe perfuaderoit que les anciens fçavoient la compofition de certains miroirs, qui faifoient bien plus d'effet que nos lunettes d'approche, pour rapprocher, & groffir les objets. Mais ces récits font incroïables, & on peut affurer, que ces deux auteurs fe font trompés. Le prémier avance qu'on peut faire des miroirs, qui rapprochent les objets les plus éloignés, & qui faffent paroître les plus proches comme éloignés. Que ces miroirs font lire les charactéres les plus menus, & diftinguer les plus petits objets, à des diftances extraordinaires. C'est ainsi, ajoute Bacon, que l'on croit, que Jules Céfar, fans quitter les Gaules, découvroit la fituation des villes d'Angleterre, & y reconnoifloit les campements. Jean-Baptifte Porta exaggere [e] encore davantage, lorfqu'il rap porte, que Ptolémée roi d'Egypte avoit un miroir, ou plûtôt une lunette, qui lui faifoit appercevoir & diftinguer des vaiffeaux éloignés de fix cents milles, ou d'environ deux cents Lieuës.

L'aftronomie a fait plus de progrés depuis cent ans, qu'elle n'en avoit fait, depuis le commencement du monde. On a obfervé dans ces derniers temps, le cours des aftres, avec tant de jufteffe, qu'on a découvert dans les corps céleftes, des irrégularités, qui font aujourd'hui trés connuës. Ileft permis de dire, fans prévention, & fans flaterie, que l'académie roïale des fciences établie à Paris, a pouffé les découvertes aftronomiques, au-delà de tout ce qui s'étoit fait, dans touts les fiécles paffés. Mais je me renferme dans la loi que je me fuis preferite de ne point parler des philofophes qui ont atteint le fiécle où nous vivons.

Heureufes, dit Ovide [f[, ces ames nobles & pures, qui ont pénétré dans la connoiffance des régions céleftes: il eft vraisemblable que leur cœur s'eft autant élevé au-deffus des paffions, que leur efprit s'eft élevé audeffus de la terre. Suivant la penfée de Sénéque [g], les palais les plus magnifiques perdent leur éclat, aux yeux de celui qui eft accoutumé à parcourir les cieux. Tout l'or que la terre contient, ne peut lui paroître que vil. & méprifable.

Le philofophe Chrétien a un objet

Bb 2

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