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quelles actions il fit dans chacun des jours, qui furent employez. Il femble que l'Hiftorien s'eft plûtôt propofé de nous fournir une lifte des triomphes de ce Conquérant, que de les rapporter dans leur ordre naturel. Et c'eft là une fource féconde en diverfitez d'opinions, fur lesquelles il eft malaifé qu'on prenne de parti, quand on ne veut en prendre que de bien fûr.

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y avoit

DISCOURS VI

Fofué défait une Armée des Rois de Canaan.
JOSUE XI.

L

El

A partie Méridionale du païs de Canaan étoit fubjuguée. Jofué avoit répandu la terreur fur toutes celles qu'il lui reftoit à fubjuguer encore. les voulurent arrêter les progrès de ce Conquérant, & elles formérent une Ligue, qui ne fit que lui préparer de nouveaux triomphes. Jabin n'avoit pas encore éprouvé la valeur des Ifraëlites. 11 étoit Roi d'Atfor ou de Chatfor, ville fituée fur

le Lac de Sémochon, qu'il faut diftinguer d'u*Il fem- ne* autre ville du même nom, qui échut à la ble qu'il Tribu de Nephthali, & elle étoit dans la haute trois vil-Galilée, ou dans la Galilée des Gentils. Jabin enles de ce voya des Députez chez tous les Princes de Canom naan, qui n'avoient pas encore fubi le joug. dans la L'Hiftoire n'en fpécifie que trois; après en aJuda. voir commencé la lifte, elle les comprend tous dans une expreffion générale, & elle dit qu'il Jofuéxv. fit une députation aux Rois qui habitoient vers 23.25: le Septentrion, foit dans les montagnes, foit dans xv. 29. les campagnes vers le Midi de Kinnaroth, foit dans Verf.2.3.la plaine, à Naphoth - Dor vers l'Occident,

Tribu de

Voi.

12 Rois

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Cananéen à l'Orient & à l'Occident, & à l'Amor

rhéen,

rhéen, & à l'Hethien, & au Phérélien, & au Jébufien aux montagnes, & à l'Hévien fous Hermon, au païs de Mitfpa. Rien ne feroit plus contraire au defir que nous aurions de ne pas exercer la patience de ceux qui jetteront les yeux fur ces Difcours, que de fuivre ici les Interprètes dans les ftériles recherches qu'ils ont faites au fujet des noms, & de la fituation de ces lieux : nous n'en dirons que ce qui nous paroitra absolument néceffaire pour répandre quelque lumiére furla défaite des Cananéens, & fur la victoire des Ifraëlites.

Voici ce que nous avons pû découvrir de moins incertain au fujet des trois Rois fpécifiez.

Ver.1.

Le premier eft appellé Jobab, Roi de Madon. La leçon des Septante répand d'abord quelque doute fur le Texte Hébreu : ils lifent Maron au lieu de Madon, & en général il y a peu d'endroits de la Verfion de ces Interprètes, où ils fe foient plus éloignez de l'Original, que dans les premiers verfets du Chap. XI. de Jofué, dont nous cherchons l'explication. C'eft une chose toûjours affez fâcheufe dans les perquifitions, qu'on fait fur la fignification d'un terme, ou fur la pofition d'un Lieu, de fe fentir arrêté par ce fcrupule, qu'il y a peut-être quelque altération dans le Texte. Il faut reconnoitre qu'on ne peut s'empêcher de former quelque foupçon pareil, quand on compare les noms des villes du païs de Canaan, tels qu'on les trouve dans l'Original, avec la Verfion des LXX. avec la Géographie d'Eufébe, avec celle de St. Jérome, & avec quelques autres Ouvrages des Anciens. Quoi qu'il en foit, fi le Texte Hébreu eft ici préferable à celui de tous

M 3

les

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les autres Auteurs, comme il faut toûjours le présupposer, à moins qu'on n'ait des démonftrations pour la Théfe oppofée, la ville de Mandon n'eft connue que par ce qu'en dit l'Histoire fainte dans ce XI. Cap. du Livre de Jo*Verf. 19. fué, & dans le fuivant. Ceux qui lifent Maron trouvent plus de fecours pour s'éclaircir, que ceux qui retiennent la leçon ordinaire: ils croyent qu'il s'agit ici d'une ville de la Phénicie, placée au Nord du Mont Liban, & ils conjec turent, que c'eft la Terre de Méros, dont il Jug. v. eft parlé dans le Livre des Juges. Je ne ferai qu'une feule remarque fur ce ténébreux fujet, c'eft que quand on se détermineroit pour l'opinion de ceux qui préférent la leçon des LXX. à celle du Texte Hébreu, & qui lifent Maron au lieu de Madon, on feroit toûjours forcé de reconnoitre qu'il y avoit une ville nommée Madon, dont Jolué fit la conquête, puisqu'elle eft dans l'énumération de celles qui furent conquiConfe- fes par ce Général, & qu'elle y eft diftinguée rez Jofué de Méron, ou de Maron.

23.

XII.19.

20.

Le fecond Roi n'eft pas défigné par fon mais par celui de fa capitale, qui propre nom, eft appellée Schimron. Deux villes portent ce nom dans l'Hiftoire fainte. La premiére fut une de celles qui échurent à la Tribu de Zabulon; il en eft parlé dans le Chap. XXX. du Verf. 15. Livre de Jofué. Eufèbe & St. Jérome n'en difent rien que cela même, à favoir qu'elle é chut à cette Tribu. On prétend que c'étoit une de celles qui étoient habitées par les Samaréens, peuples

1

2

I & 2 EUSEB. & HIERON. in Onomaft. in voce Semron, pag 141.

3 PLIN. Hift. lib. V. pag. 264. Il appelle Marath, Marathos.

peuples qui ont pris leur nom d'un des fils de Canaan, dont il eft parlé dans le Livre de la Génese, & que c'est la ville de Simyra dans la Genef. Céléfyrie, qui eft jointe à Marath par 3 Pline x. 18. & par 4 Méla, & que Strabon appelle Taximyra. Il faut pourtant remarquer qu'il y a de la différence dans la manière dont eft écrit le nom de Samaréen dans la Généfe, & celui de Schimron dans le Livre de Jofué. L'autre Schimron eft Samarie cette fameufe ville d'Ifraël, qui donna fon nom à tout le Royaume, dont elle étoit la Capitale, qui fut rebatie par Hérode le Grand, & appellée Sebafte à l'honneur d'Augufte. Il feroit queftion de décider quelle eft la Schimrom, dont parle ici l'Hiftoire fainte. La pensée de ceux qui croyent, que ce ne peut être Samarie, paroit d'abord triomphante. Ils disent que non feulement elle ne portoit pas ce nom du temps de Jofué, mais même qu'elle ne fubfiftoit pas encore. Ce fut Amri, Roi d'Ifraël, qui acheta de Schemer la 1 Rois Montagne de Samarie, & qui y bâtit une ville, à laquelle il donna le nom de celui qui lui avoit vendu le lieu, où il la bâtiffoit. Cette origine du nom de Samarie ne peut être contestée : quoi que Procope le fafle dériver, contre la foi de l'Hiftoire fainte, de ce Samareus fils de Canaan, dont nous parlions tout à l'heure.

Mais il femble qu'on peut conclurre de ce même paffage des Rois, qui vient d'être cité, qu'avant qu'Amri eût fondé la ville de Samarie, la Montague, fur laquelle il la batit, portoit

19.

déjà

4 POMPONIUS MELA de Situ Orbis cap. 12. pag.

5 STRABO Geogr lib. IV. pag. 1093.
6 PROCOPIUS GASUS in Genef, X.

XVI. 24.

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