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Edouard III, grand guerrier et adroit politique, la dompta, mais ne put la garder. Il y eut toujours entre les Ecoffais et les Anglais une inimitié et une jaloufie pareille à celle qu'on voit aujourd'hui entre les Portugais et Maifon les Efpagnols. La maifon des Stuart régnait Stuart, la fur l'Ecoffe depuis 1370. Jamais maison n'a été fortunée plus infortunée. Jacques I, après avoir été priqui jamais fonnier en Angleterre dix-huit années, fut ait été fur affaffiné par fes fujets. Jacques II fut tué dans 1444. une expédition malheureuse, à Roxboroug, à l'âge de vingt-neuf ans. Jacques III, n'en

plus in

le trône.

ayant pas encore trente-cinq, fut tué par fes fujets, en bataille rangée. Jacques IV, gendre 1513. du roi d'Angleterre, Henri VII, périt âgé de trente-neuf ans dans une bataille contre les Anglais, après un règne très - malheureux. 1542. Jacques V mourut dans la fleur de fon âge,

trente ans.

à

Nous verrons la fille de Jacques V, plus malheureuse que tous fes prédéceffeurs, augmenter le nombre des reines mortes par la main des bourreaux. Jacques VI, fon fils, ne fut roi d'Ecoffe, d'Angleterre et d'Irlande, que pour jeter par fa faibleffe les fondemens des révolutions qui ont porté la tête de Charles I fur un échafaud, qui ont fait languir Jacques VII dans l'exil, et qui tiennent encore cette famille infortunée errante loin de fa patrie.

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Le temps le moins funefte de cette maison était celui de Charles-Quint, et de François I. C'était alors que régnait Jacques V, père de Marie Stuart; et qu'après fa mort, fa veuve Marie de Lorraine, mère de Marie Stuart, eut la régence du royaume. Les troubles ne commencèrent à naître que fous la régence de cette Marie de Lorraine; et la religion, comme on le verra, en fut le premier prétexte.

Je n'étendrai pas davantage ce recenfement des royaumes du Nord, au feizième fiècle. J'ai déjà expofé en quels termes étaient ensemble l'Allemagne, l'Angleterre, la France, l'Italie, l'Espagne. Ainfi je me fuis donné une connaisfance préliminaire des intérêts du Nord et du Midi. Il faut voir plus particulièrement ce que c'était que l'Empire.

CHAPITRE CX X.

De l'Allemagne et de l'Empire, aux quinzième et feizième fiècles.

Le nom d'empire d'Occident fubfiftait tou

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jours. Ce n'était guère depuis très-long-temps qu'un titre onéreux ; et il y parut bien, puifque l'ambitieux Edouard III, à qui les élec- 1348. teurs l'offrirent, n'en voulut point. L'empereur Charles IV, regardé comme le législateur

de l'Empire, ne put obtenir du pape Innocent VI et des barons romains la permiffion de se faire couronner empereur à Rome, qu'à condition qu'il ne coucherait pas dans la ville. Sa fameuse bulle d'or mit quelque ordre dans l'anarchie de l'Allemagne. Le nombre des électeurs fut fixé par cette loi, qu'on regarda comme fondamentale, et à laquelle on a dérogé depuis. De fon temps les villes impériales eurent voix délibérative dans les diètes. Toutes les villes de la Lombardie étaient réellement libres, et l'Empire ne conservait fur elles que des droits. Chaque feigneur continua d'être fouverain dans fes terres en Allemagne et en Lombardie pendant tous les règnes suivans.

Les temps de Venceslas, de Robert, de Joffe, de Sigifmond, furent des temps obfcurs, où l'on ne voit aucune trace de la majefté de l'Empire, excepté dans le concile de Conftance, que Sigifmond convoqua, et où il parut dans toute fa gloire ; mais dont il fortit avec la honte d'avoir violé le droit des gens en laiffant brûler Jean Hus et Jérôme de Prague.

Les empereurs n'avaient plus de domaines ; ils les avaient cédés aux évêques et aux villes, tantôt pour fe faire un appui contre les feigneurs des grands fiefs, tantôt pour avoir de l'argent. Il ne leur reftait que la fubvention des mois romains; taxe qu'on ne payait qu'en

temps

temps de guerre, et pour la vaine cérémoniedu couronnement et du voyage de Rome. Il était donc abfolument néceffaire d'élire un chef puissant par lui - même; et ce fut ce qui mit le fceptre dans la maison d'Autriche. Il fallait un prince dont les Etats puffent d'un côté communiquer à l'Italie, et de l'autre réfifter aux inondations des Turcs. L'Allemagne trouvait cet avantage avec Albert II, duc d'Autriche, roi de Bohême et de Hongrie ; et, c'eft ce qui fixa la dignité impériale dans fa maison le trône y fut héréditaire fans ceffer d'être électif. Albert et fes fucceffeurs furent choifis, parce qu'ils avaient de grands domaines; et Rodolphe de Habsbourg, tige de cette maison, avait été élu parce qu'il n'en avait point. La raison en eft palpable : Rodolphe fut choifi dans un temps où les maisons de Saxe et de Suabe avaient fait craindre le defpotifme; et Albert II, dans un temps où l'on croyait la maison d'Autriche affez puiffante pour défendre l'Empire, et non affez pour l'affervir.

Frédéric III eut l'empire à ce titre. L'Allemagne, de fon temps, fut dans la langueur et dans la tranquillité. Il ne fut pas auffi puiffant qu'il aurait pu l'être; et nous avons vu qu'il était bien loin d'être fouverain de la chrétienté, comme le porte fon épitaphe.

Effai fur les mœurs, &c. Tome IV

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Maximilien I, n'étant encore que roi des Romains, commença la carrière la plus glorieufe par la victoire de Guinegafte, en Flandre, qu'il remporta contre les Français, et par le traité 1479. de 1492, qui lui affura la Franche-Comté l'Artois et le Charolois. Mais ne tirant rien des Pays-Bas qui appartenaient à fon fils Philippe le beau, rien des peuples de l'Allemagne, et peu de chofe de fes Etats tenus en échec par la France, il n'aurait jamais eu de crédit en Italie fans la ligue de Cambrai, et fans Louis XII qui travailla pour lui.

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1508.

danari.

D'abord le pape et les Vénitiens l'empêchèMaximi- rent de venir fe faire couronner à Rome, et lien pochi il prit le titre d'empereur élu, ne pouvant être empereur couronné par le pape. On le vit, 1513. depuis la ligue de Cambrai, recevoir une folde de cent écus par jour du roi d'Angleterre, Henri VIII. Il avait dans fes Etats d'Allemagne des hommes avec lefquels on pouvait combattre des Turcs; mais il n'avait pas les tréfors avec lefquels la France, l'Angleterre et l'Italie combattaient alors.

Etat de l'Allemagne.

L'Allemagne était devenue véritablement une république de princes et de villes, quoique le chef s'expliquât dans fes édits en maître abfolu de l'univers. Elle était, dès l'an 1500, divifée en dix cercles ; et les directeurs de ces cercles étant des princes fouverains, les généraux

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