Page images
PDF
EPUB

descendre une personne qu'ils alloient incarcérer, et, qu'au son de la voix, je reêtre une femme: inhumains,

[ocr errors]

connus pour s'écrioit elle, après avoir issassiné le père, faut-il encore arracher la mère à ses enfans, non, je ne descendrai pas..... = vous me tuerez plutôt... moa Arsène... mon enfant.... c'est moi qui le nourrissoit, il mourra.... non je ne descendrai pas.... eh bien! oui, je descendrai.... j'y vais........ mais donnez-moi mon enfant!!! mon enfant !!!

> J'avois aussi un enfant qui se nommoir Arsène, c'étoit mon dernier né, celui que ma femme allaitoit ; cette scène me fit dresser les cheveux; la poitrine haletante, la tête perdue, je crois que, si ces bourreaux m'eussent reconnu m'eussent vu er arrêté dans ce moment c'étoit fait de moi, par les vérités atroces que je leur aurois dites; mais après avoir arraché cette femme de la voiture et l'avoir jetée dans la prison, ils s'éloignèrent rapidement, parce qu'une pluie froide qui tomboit en ne leur permettoit pas de res

ce moment

ter long-tems en place,

[ocr errors]

» Comme je ne savois où aller, que d'ailleurs je ne songeois plus à me rendre nulle part, je restai près de deux heures collé au même endroit, les bras croisés sur mon estomac, et les yeux fixés sur la porte du couvent où cette malheureuse femme venoit d'être traînée. Cependant le timbre d'une horloge qui sonna minuit, m'arracha du vague de mes réflexions ; mes pieds étoient engourdis par le froid, je sentis un frisson me saisir et j'essayai de marcher pour le dissiper. Mais j'avois à peine fait cent pas, qu'au débouché d'une rue, je tombai dans une patrouille qui, suivant la prophétie de mon charitable ami me tint en chartre privée, et ne consentit à me relâcher, qu'après être venue au bureau des diligences, où il y avoit du monde toute la nuit, vérifier s'il étoit vrai que j'arrivois. Le registre et mon paquet ayant attesté la vérité du fait, la patrouille me laissa dans le bureau où je priai le commis, qui sommeilloit auprès d'un poële, de vouloir bien permettre que je parrageasse sa chambre à coucher, dans laquelle je m'endormis, étendu sur des ballots,

[ocr errors]

55 Quand je me réveillai, c'étoit un autre commis qui étoit à la place du précédent ; ce changement me fit plaisir ; oubliant que j'étois venu chercher de l'argent, et n'étant plus tourmenté que du desir de sortir de Paris, je demandai quand il partoit une diligence pour le lieu d'ou je venois d'arriver; on me répondit qu'il en partoit une, tous les jours, à huit heures du matin; je ne m'en sentis pas de joie ; je retins aussi-tôt une place; on me donna ma quittance de paiement et, comme if étoit sept heures du matin, je courus déjeûner dans un café, près du bureau des voitures, et, craignant de manquer ma chère diligence, je revins me jeter dedans aussi-tôt. Les chevaux étoient mis; on alloit partir, quand un commissaire de police demande à tous les voyageurs s'ils sont en règle. Je tire ma quittance Ce n'est Quoi donc? Votre passe

pas cela.

[merged small][ocr errors]

- Descendez,

Vous

n'êtes point en règle Comment ?-Ce passe-port n'est pas visé du comité révolutionnaire de la section sur laquelle vous étiez logé. Citoyen, je n'ai logé nulle

part ; je suis arrivé hier soir, à sept heures, j'ai terminé mes affaires à huit, j'ai passé la nuit dans ce bureau, et je pars. Il n'y a point d'affaire qui tienne, on ne peut quitter Paris, sans avoir fait rafraîchir son passe-port à un comité révolutionnaire ; l'arrêté de la commune est précis à cet égard, on peut, dans ce comité, avoir des notes sur vous, et il est bon que vous montriez votre figure à ceux qui sont chargés de la décomposer.

» Il fallut descendre, ce colloque ennuyoit déjà le cocher, qui fouetta ses chevaux avec humeur, et emporta, et mes espérances, et le prix de ma place qu'on ne me rendit point, et, par dessus le marché, mon paquet que j'oubliai de retirer de la voiture, tant j'avois la tête troublée.

» Pour cette fois, comme il faisoit jour, on me reçut dans un hôtel garni où je dis que je venois m'installer jusqu'au lendemain matin, tems auquel je me promis bien de ne pas manquer la nouvelle dili gence qui devoit partir, et de suite je demandai à mon hôtesse qu'elle m'indiquât sur quelle section elle étoit logée, afin que j'allasse

j'allasse faire viser mon passe-port au comité révolutionnaire de son arrondissement. Elle m'indiqua le nom de sa section et le lieu où siégeoit le comité, me recommandant bien de ne pas rentrer sans avoir rempli cette formalité, sans laquelle il lui seroit impossible de me donner à coucher.

» Je me mets en route: le grand jour et le monde qui avoit l'air de circuler librement me rendirent un peu de hardiesse, et je marchois avec assez de courage, quand je fus frappé d'une bigarrure à laquelle je ne m'attendois point. Toutes les portes toutes les croisées étoient surmontées d'une espèce de pique, au bout de laquelle flottoit un pavillon tricolor. Quelques patriotes, plus républicains, ou voulant paroître plus républicains que leurs voisins, avoient arboré cette flamme, et, de ce moment, comme il étoit dangereux d'être moins patriote qu'un autre, chacun avoit décoré sa fenêtre d'une banderole aux trois couleurs j'apperçus également sur toutes les portes et à côté de ces banderolles, de grandes inscriptions coloriées, sur lesquelles on lisoit: Unité, indivisibilité

Q

« PreviousContinue »